L'État du Sénégal n'est pas encore dans une dynamique de révision du procès de Karim Wade ou de "réhabilitation" du fils de l'ancien président de la République. C'est en effet le sens des derniers actes posés par le président de la République.
Samba Ndiaye Seck, Directeur de Cabinet du Secrétariat d'État chargé de la promotion des droits humains et de la bonne gouvernance et Moustapha Kâ, Directeur des droits humains ont été démis de leur fonction, indique un communiqué du ministère de la Justice.
Il leur est reproché d'avoir tenu "des déclarations" devant le Comité des droits de l'Homme "qui ne sont pas conformes à la position officielle de l'État du Sénégal".
En effet, lors de l'examen du rapport soumis par le Sénégal au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, à Genève, le 15 octobre 2019, la délégation sénégalaise a clairement laissé entendre que le Sénégal est disposé à allouer une réparation financière à Karim Wade pour compenser un préjudice qu'il aurait subi. Mais pour cela, avait indiqué la délégation sénégalaise, il fallait qu'une procédure judiciaire actionnée par Karim Wade en décide.
"L'Etat du Sénégal s’engage à réhabiliter Karim Wade après son procès devant la Cours de répression de l’enrichissement illicite (Crei)", avait déclaré Moustapha Kâ, devant le Comité des droits humains.
Après le tollé que ces déclarations avaient suscité, le directeur des droits humains, de retour au Sénégal, a expliqué son propos sur e-media. "Nous avons répondu en disant que le Sénégal est prêt à allouer la réparation, mais comme dans la décision du comité, il n'y avait pas un montant quantifié pour réparer, il fallait actionner quand même une procédure afin de pouvoir déterminer le préjudice subi, entendre la personne concernée pour pouvoir avoir une juste vision du montant de la réparation. Malheureusement, l’intéressé (Karim Wade qui séjourne au Qatar après avoir bénéficié d'une grâce en 2015), depuis sa libération, n’est pas revenu au Sénégal et ne s'est pas rapproché des juridictions compétentes. C'est la raison pour laquelle la réparation n'a pas été allouée par les juridictions", a-t-il déclaré.
D'ailleurs, après cette déclaration, les avocats de Karim Wade ont saisi la balle au rebond. Ainsi, dans un communiqué, ils ont indiqué "prendre acte" de l'engagement de l'État du Sénégal" devant le Comité des droits de l'homme de respecter les décisions de cette institution des Nations Unies relatives aux violations des droits fondamentaux de leur client par les autorités politiques et la justice sénégalaises".
Assurément, la position des hauts-fonctionnaires devant le Comité des droits de l'Homme n'est pas celle de l'État du Sénégal. Après avoir été convoqués par la hiérarchie, les deux membres de la Délégation sénégalaise ont donc reçu notification de leur limogeage.
La délégation sénégalaise à la session du Comité des droits de l'Homme de Nations Unies avait été conduite par le Directeur de Cabinet du Secrétariat d'État chargé de la promotion des droits humains et de la bonne gouvernance, par ailleurs chef de la délégation et le Directeur des droits humains.