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Retrouvailles Wade-Macky Sall: vers un chamboulement de la scène politique ?
Publié le mardi 15 octobre 2019  |  Agence de Presse Africaine
Abdoulaye
© Présidence par LM
Abdoulaye Wade reçu au palais de la République par le Président Macky Sall
Samedi 12 octobre 2019. Dakar. L`ancien président Abdoulaye Wade a été reçu, ce samedi, avec tous les honneurs, au palais de la République par le chef de l`État Macky Sall. Les deux hommes ont eu un long entretien.
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Après plus de sept ans de brouille, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012) a été reçu en audience samedi dernier par son successeur Macky Sall au palais de la République.

Les deux hommes ont discuté à huis clos pendant plus de trois heures. Ces retrouvailles scellées sous l’égide du Khalife général de la puissante confrérie musulmane des Mourides, pourrait provoquer une nouvelle reconfiguration du jeu politique incarné, outre le chef de l’état actuel, par Idrissa Seck, Ousmane Sonko ou Khalifa Sall, les principaux opposants.

« Le grand perdant » de cette « réconciliation » entre les deux présidents « risque d’être Ousmane Sonko », 45 ans, benjamin de la dernière présidentielle de février 2019 à laquelle il est arrivé troisième avec plus de 15%, analyse le professeur Moussa Diaw, ancien chef du département de Sciences politiques de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord).

Ce scénario politique semblait pourtant peu évident. Il y a quelques mois lorsque, le 9 février dernier, en pleine campagne présidentielle, Sonko, la figure montante de la politique sénégalaise, était parti répondre à l’invitation de l’ancien président.

Abdoulaye Wade, 93 ans, qui alors multipliait les réceptions dans son hôtel quelques jours après son retour au pays.

Si le jeune leader politique espérait le soutien de celui qu’il prenait pour « exemple » dans l’espoir de remporter la présidentielle de février dernier, l’ancien président entendait, lui, « empêcher la tenue de l’élection », appelant même ses militants à « brûler » leurs cartes d’électeur.

Cette rencontre entre ces deux générations de politiques avait fait réagir de nombreux observateurs, estimant qu’un appel à voter de Wade serait fatal à Macky Sall dans son objectif de deuxième mandat.

Vu comme « l’arbitre » de ce moment décisif, son parti, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), dont le candidat était écarté par la justice, est devenu la principale formation de l’opposition après son fort score acquis aux législatives de 2017 derrière la vaste coalition présidentielle.

Le parti de Wade était naturellement courtisé sans pour autant céder aux avances de Sonko ni à celles des autres candidats.

En dépit de toutes ces manœuvres, le président sortant Macky Sall a été réélu pour un second mandat de 5 ans, avec plus de 58 pourcent des voix.

Si Seck, arrivé deuxième avec +20% des voix lors de la présidentielle de 2019 est presque « muet », le jeune Sonko, lui, affiche une position de moins en moins sereine.

Il multiplie en effet les sorties, redoutant surtout une attaque judiciaire depuis que la commission d’enquête parlementaire l’a épinglé dans son rapport sur « l’affaire des 94 milliards » qu’il avait lui-même soulevée contre l’ancien directeur général des Domaines, Mamour Diallo.

Quant aux « retrouvailles » entre Wade et Sall, le jeune leader opposant affirme dans un post sur sa page Facebook en ignorer « les tenants et aboutissants » et appelle ses partisans très actifs sur les réseaux sociaux, « à s'abstenir de toutes conjectures, commentaires ou jugements ».

Selon Moussa Diaw, ce « rapprochement » entre Wade et son successeur, qui risque d’ailleurs de sonner une « recomposition de la famille libérale » ; celle dont sont issus historiquement les deux hommes, pourrait aussi contribuer à pacifier le climat entre le pouvoir et l’opposition.

Dans ce sens, le camp de l’ancien président Wade attend surtout des concessions de la part du pouvoir sur deux dossiers majeurs. Le premier est celui de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, condamné par la justice, notamment, à 5 ans de prison pour « faux et usage de faux « et « escroquerie portant sur les deniers publics ».

Gracié par décret présidentiel dimanche 29 septembre, l’ancien maire de Dakar a retrouvé la liberté.

Le second est celui de Karim Wade. Fils et ancien proche collaborateur d’Abdoulaye Wade, a été condamné à six ans de prison pour « enrichissement illicite » durant la période où son père était au pouvoir.

Vivant aujourd’hui en exil au Qatar, celui que les Sénégalais appellent tout simplement Karim, a été libéré en 2016 après 38 mois de prison suite une grâce partielle obtenue à la faveur d’interventions de plusieurs personnalités influentes dont l’Emir du Qatar.

Karim Wade qui nourrirait l’ambition de briguer le fauteuil du chef de l’État en a jusqu’ici été empêché par plusieurs obstacles juridiques que seule une amnistie totale pourrait éventuellement lever.

Selon plusieurs analystes, l’obtention de cette amnistie au profit de Karim Wade serait justement une des principales motivations qui a conduit l’ancien président à accepter ces « retrouvailles » avec son successeur. La suite immédiate pourrait en être la participation du Pds, au « dialogue national » récemment lancé par le pouvoir et que les partisans de Wade avaient jusqu’ici boudé.

Hier dimanche 13 octobre, lors d’une rencontre avec des membres de sa coalition, le président Macky Sall a déclaré à l’encontre d’une « certaine opposition » qu’il ne voulait pas « ces temps-ci (…) être agressif » encore moins « combatif ».


ODL/Dng/APA
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