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Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur: ‘’Le délogement des ‘’Lionnes’’ est non négociable’’
Publié le lundi 14 octobre 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DG
Cérémonie officielle de la 131e édition du pèlerinage marial de Popenguine
Popenguine, le 10 juin 2019 - Le ministre de l`Intérieur a conduit la délégation officielle du gouvernement du Sénégal à la cérémonie officielle de la 131e édition du pèlerinage marial de Popenguine. Photo: Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l`Intérieur
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Les immeubles des Lionnes du basket aux Maristes menacent de tomber ruine. Il faut agir. Pour raisons de sécurité. L’Etat a donc ordonné l’évacuation desdits immeubles. Les critiques fusent de partout. Mais, selon le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, il n’a nullement été question de procéder avec indélicatesse. D’ailleurs, déclare-t-il dans cet entretien, toutes les mesures nécessaires seront prises pour reloger les anciens occupants dans les conditions idoines. Dans cet entretien également, plusieurs sujets se sont invités : des dernières nominations qui font grincer des dents au sein de la Police nationale et que le ministre ‘’assume pleinement’’, à la succession de Macky Sall en passant par le retour des visas et des mesures d’accompagnements qui vont avec…

M. le ministre, les habitants des immeubles des Lionnes aux Maristes vous reprochent la méthode musclée de leur délogement sous le prétexte que ces immeubles menacent ruine. Pourquoi n’avoir pas privilégié la concertation, le relogement ou l’indemnisation des victimes ?

Cela ne s’est pas passé comme cela. D’abord mon implication est due à des problèmes de sécurité parce que la commission de la protection civile avait, suite à une visite en mai 2019, ordonné l’évacuation immédiate des immeubles pour raison de sécurité. Après avoir pris connaissance du rapport, j’ai d’abord saisi les Directeurs généraux de la SN-HLM, de la BHS et de la Caisse de Dépôts et de Consignation (CDC) pour les mesures d’accompagnement à prendre afin de faciliter l’évacuation des immeubles. J’ai rencontré le collectif au mois de mai 2019 pour les rassurer quant aux mesures d’accompagnement tout en leur précisant que l’évacuation n’est pas négociable. J’ai rencontré une deuxième fois le collectif le vendredi 4 octobre et les Lionnes le mercredi 10 octobre pour les rassurer quant aux mesures à prendre pour leur permettre de retrouver leurs logements.

Quelles seront les mesures d’accompagnement de l’Etat à même d’atténuer le désarroi des pères de familles ?

Les aspects relatifs à l’accompagnement sont gérés par la SN-HLM. Cette dernière a proposé plusieurs choses dont les facilités de déménagement pour les locataires, les compensations sur une durée de douze mois de location pour les propriétaires avec des montants arrêtés en fonction du type de logement, avec un paiement au départ des six premiers mois, le paiement intégral de l’ensemble des montants des loyers dus aux premiers déguerpis. Il a été pris, depuis des années, l’engagement de leur restituer sans aucun paiement un appartement ou magasin à la fin des travaux du nouveau projet à réaliser sur le site.

Je pense qu’il est important de dire que ce projet avait rapporté à la SN-HLM moins de 500 millions pour un investissement de 5,150 milliards. Depuis les premiers déguerpissements des sept (7) premiers immeubles en 2005, la SN-HLM a supporté près de 2,16 milliards en locations, remboursé ou dédommagé les déguerpis pour 1,1 milliard. Il faudra à ces montants ajouter au moins 1 milliard supplémentaire pour les 12 mois à venir ; ce qui amènerait le total à 4 milliards. Malgré ces pertes, la SN-HLM est tenue d’accompagner ses clients durant cette période difficile et l’Etat veillera à ce que les engagements pris soient respectés.

Vous venez de confirmer que le Sénégal va réinstaurer le visa d’entrée pour les étrangers hors zone Cedeao et Uemoa. Qu’est ce qui explique ce retour au visa ?

Nous travaillons depuis quelques temps sur ce dossier pour des raisons sécuritaires. Dans le contexte sécuritaire mondial, nous devons avoir une bonne connaissance de ceux qui sont dans notre territoire, les activités qu’ils y mènent, les conditions de séjour, etc. Beaucoup de mesures sont prises dans les principales portes d’entrées du pays ; il faudra renforcer ces mesures par l’identification des Sénégalais avec la biométrie déjà en place, l’identification des étrangers qui ont choisi de s’établir au Sénégal, et enfin l’autorisation préalable d’entrée matérialisée par un visa pour les ressortissants des pays hors CEDEAO. Avec le retour du visa, nous saurons précisément ceux qui sont rentrés dans le pays et leur temps normal de séjour, ceux qui séjournent au Sénégal au-delà de leur période autorisée, etc. Le projet est presque à terme et sera soumis au gouvernement très prochainement.

Et que faites-vous donc des réserves émises sur l’impact négatif que la mesure aura sur l’industrie touristique par exemple ?

Si vous regardez les pays les plus visités au monde, par ordre les Etats-Unis, la Chine, l’Italie, etc. l’essentiel des touristes y vont avec visas sauf s’il y a des accords particuliers entre pays. Je n’ai pas vu d’étude sur l’impact de cette mesure sur le tourisme. J’avais quand même compris les préoccupations des Tours Opérators. Aujourd’hui en dehors des pays de la CEDEAO, de la Mauritanie, du Maroc, de l’Europe, des Etats Unis, du Canada, du Brésil, tous les autres visiteurs sont soumis à visas. Les flux en provenance des pays soumis à visas augmentent chaque année.

Cependant, pour cette fois, nous ne ferons pas comme lors de la première expérience où les visas étaient délivrés dans les Consulats. Nous travaillons sur une solution qui permettra la demande de visa à partir du lieu où se trouve le voyageur potentiel, la réponse dans des délais normaux via les moyens électroniques, la réception du visa sans déplacement dans les Consulats et avant de voyager. Il sera également mis aux portes d’entrées (aéroports, ports et autres frontières) un dispositif pour ceux qui n’ont pas pu procéder à ces formalités avant d’embarquer, leur permettant de solliciter le visa à l’arrivée.

M. le ministre, il est fait état, depuis quelques temps, de frustrations liées aux dernières nominations dans la Police. On accuse précisément le Directeur général de la Police nationale de faire dans le copinage en lieu et place du mérite.

Vous savez, les nominations dans tous les corps ne peuvent plaire à tout le monde. Et pour plusieurs raisons. Le Directeur général actuel, c’est moi-même qui l’ai proposé à la tête de la Police. Cela fait plus de deux ans que je suis à la tête du ministère de l’Intérieur, c’est suffisant pour que moi-même je me fasse une idée des fonctionnaires de police, surtout des commissaires.

Mais pourquoi la nomination de Bara Sangharé à la tête de la Sûreté urbaine, lui qui vient juste d’être titularisé Commissaire ? Quelle pertinence à le nommer à ce niveau de responsabilité ?

Le Commissaire Bara Sangharé est entré dans la police en 2006 comme officier de police, chef de brigade de lutte contre la criminalité à la Sureté urbaine. Il a effectué ses services dans différents bureaux, le dernier en date étant commissaire urbain des Parcelles assainies après sa sortie d’école. A ce poste, il avait fait du bon travail, apprécié des autorités administratives, des politiques et des populations. Il a malheureusement eu un comportement anormal il y a quelques temps. Il avait été relevé de ses fonctions après avoir fourni des explications à sa hiérarchie et la police avait présenté ses excuses à la pharmacie.

Dans le cadre de ce mouvement, j’ai apprécié le fait qu’il avait le profil et ma confiance pour être à ce poste. Il n’aura pas à commander des commissaires plus âgés que lui à la Sûreté Urbaine. Ces personnes dont vous parlez seront promues à d’autres postes de responsabilités.

En parlant de profil, que répondez-vous aux personnes qui fustigent ceux mis en avant lors des dernières nominations ?

Que ces profils bénéficient de ma confiance pour les missions qui leur sont confiées d’une part, et qu’ils ont tous le profil du poste d’autre part. Ceux qui n’ont pas été choisis auront d’autres opportunités pour prouver la confiance qui sera placée en eux le cas échéant.

Le dialogue national lancé par le Président Macky Sall semble marcher au ralenti, et certains pensent que c’est plus de la poudre aux yeux qu’une réelle volonté de trouver des consensus sur les sujets brûlants comme le processus électoral, la gestion de nos ressources naturelles, etc.

Déjà la partie du dialogue national relative aux aspects politiques se passe très bien sous la conduite du Général Mamadou Niang. Beaucoup de points de consensus sont obtenus parmi lesquels le report des prochaines élections locales, l’audit du fichier et du processus électoral, l’élection du maire ou du président du conseil départemental au suffrage universel direct, etc.

Le Président Famara Ibrahima Sagna sera installé très prochainement pour faire marcher toutes les commissions dans les délais impartis par le décret qui a créé la Commission.

Le débat qui anime le pays, c’est celui de la succession du Président Macky Sall. Et votre nom est cité parmi les partants.

Il n y a pas de débat sur la succession du Président qui démarre à peine son deuxième mandat. De toutes les façons, je pense qu’il est très prématuré d’en parler. Nous avons l’obligation de faire bloc derrière lui pour qu’il réalise son projet de société pour lequel les Sénégalais l’ont brillamment élu au premier tour le 24 fèvrier 2019.
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