Le rappeur Faada Freddy a laissé entendre que "Gospel Journey", son prochain album solo, qui sortira en septembre prochain, correspond à sa volonté renouvelée de se libérer des "dogmes" de la musique, plaidant pour que la pratique musicale demeure un moyen de partage entre l'artiste et son public.
"La musique devient aujourd'hui de plus en plus expérimentale, avec des musiciens en laboratoire. Moi je me définirai un peu comme un alchimiste, parce qu'on est (dans ce cas) tout le temps à la quête de quelque chose, on essaie de juste faire parler l'essence de la musique et non être instrumentalisé par l'industrie musicale qui aujourd'hui impose quelques dogmes", a-t-il déclaré, dans un entretien accordé à RFI.
"Moi, je cherche toujours à me libérer des dogmes de la musique", a-t-il dit, en évoquant l'esprit de "Gospel Journey", son album solo annoncé pour septembre et dont un maxi de trois titres devant être disponible à partir de ce mardi, en avant-première.
"Gospel Journey" est un album de style gospel (chants religieux des chrétiens noirs, dans la lignée des negro spirituals), totalement à base vocale, de percussions corporelles et de voix.
"C'est le défi que je me suis imposé pour une fois, parce que je suis un fan de tout ce qui est musique organique et je crois que les meilleurs instruments, ce sont les instruments naturels, notamment la voix et les percussions du corps", a-t-il indiqué.
"Le défi, c'était de faire à partir des percussions corporelles, parce que pour moi, la grosse caisse résonne comme le bruit de la poitrine (..) tout le corps se transforme en instrument", a souligné l'artiste qui forme avec son compère Ndongo D le Daara J Family, un groupe lancé, après leur séparation avec Alaji Man, troisième membre de leur groupe originel, le Daara J.
Faada Freddy a expliqué que les percussions corporelles le font revenir au monde de l'enfance lorsque, petit, il jouait de son corps comme d'un instrument, dans un esprit selon lequel "tout est musique", de sorte qu'on "peut faire de la musique avec n'importe quoi".
"On peut très vite se perdre, quand on veut faire une carrière internationale'', a fait valoir l'artiste. "C'est le fait de voir par exemple que l'égo grandit, quand tout le monde te dit : +ah ce que tu fais est bien+".
"Parfois, on en vient à oublier que la musique est un partage et à se rappeler que sans le public, sans ceux qui lui donnent de la force, le musicien n'existe pas", a-t-il poursuivi.
"Donc pour moi, les vraies stars, c'est le public et c'est avec eux que je fais toujours mes shows. Ils me permettent de garder les pieds sur terre et surtout ils partagent ma musique, parfois ils sont un peu la chorale gospel et sans eux, il n'y a pas de Fada Freddy", a-t-il insisté.
"Quand tu viens d'Afrique et que tu souhaites faire une carrière internationale, il y a des compromis à faire qui ne sont pas toujours avantageux pour les artistes africains", déclarait Faada Freddy, dans une interview publiée en décembre 2013, dans le quotidien Le Soleil.
"J'ai encaissé (des désillusions) dans le business, j'ai traîné avec des gens qui n'étaient pas compatibles avec mes ambitions. Nous avons vu des +requins+ et des gens qui vivent autour du business", ajoutait le rappeur.
"Ils (les +requins+ et les gens vivant autour du business de la musique) ont causé pas mal de blessures et de contraintes qui ont fait que les choses n’ont pas décollé comme nous le voulions. C’est valable aussi bien au Sénégal qu’en Europe", déclarait-il.
"En tant qu'artiste, tu subis et l'on peut croire que cela t'affaiblit, mais intérieurement, tu es plus fort pour te battre pour un idéal à toi. Dans le business, certains pensent parce que tu es, je ne dirai pas naïf, mais gentil, et donc tu n'es pas au courant de ce qui se passe réellement", relevait-il.