Deuxième opérateur de télécoms au Sénégal, Tigo est passé entre les mains de nouveaux actionnaires. Le trio d’hommes d’affaires prospères et d’horizons divers Yérim Sow (Sénégal) - Xavier Niel (France) - Hassanein Hiridjee (Madagascar), qui a racheté Tigo Sénégal l’année dernière, au groupe luxembourgeois Milicom, va très bientôt entrer en action.
Selon nos informations, pendant que les travailleurs de la boite, qui navigue dans l’instabilité depuis le rachat raté par le Sénégalais Kabirou Mbodj (Wari), engagent un combat sur le front social, la nouvelle direction générale va lancer une opération de relooking qui vise à donner une image toute aussi nouvelle à Tigo. Un changement de branding est ainsi à l’ordre du jour et devrait intervenir dans les plus brefs délais. C’est avec de nouvelles couleurs, en rouge et blanc comme Free d’un certain Xavier Niel, et probablement sous un nouveau nom que l’entreprise de Telecom va se proposer à son public, avec l’ambition de bousculer le leader du secteur, Orange, confortablement installé à la première place. Cette opération cosmétique a d’ailleurs déjà commencé depuis plusieurs jours dans les rues de la capitale sénégalaise, où un teasing est déployé sur plusieurs panneaux publicitaires et autres abris-bus.
Le 2 mai 2018, à l’annonce de leurs ambitions pour leur nouvelle acquisition, les nouveaux propriétaires de la marque évoquaient un investissement de 70 milliards F CFA, dans le but de « renforcer la qualité et l’étendue de la couverture du réseau, ainsi que les services qui lui sont associés (data, forfaits sans engagement, mobile banking…) sur l’ensemble du territoire sénégalais ». C’était moins d’une semaine après que Milicom avait rendu publique la cession de sa filiale sénégalaise au consortium composé de Teyliom du milliardaire sénégalais Yérim Sow, mais aussi de NJJ, la holding du magnat français du secteur de la téléphonie mobile et des FAI, Xavier Niel, propriétaire de Free, ainsi que de Sofia, filiale du groupe Axian, appartenant à la famille du richissime malgache, Hassanein Hiridjee. La transaction avait alors été approuvée par l’Etat du Sénégal, à travers un décret présidentiel signé le 16 avril, mettant ainsi un terme à la longue procédure de vente.
Il reste désormais à voir si cette entrée en action va impulser un nouveau souffle à une entreprise dont les travailleurs semblent en avoir assez de ne pas savoir à quel saint se vouer pour gérer leurs amertumes. Le mouvement d’humeur du syndicat annoncé à partir de ce mardi, 1er octobre 2019 après deux semaines d’ultimatum, pourrait être noyé dans l’oeuf par l’opération marketing et stratégique annoncé plus haut. Les travailleurs, qui prévoyaient, dans leur plan d’actions, le port de brassards rouges, pourraient dès aujourd’hui, être noyés dans la masse de la vague rouge qui va prendre la place du bleu de Tigo. Quelle partie a calqué son plan sur celui de l’autre pour arriver à cette coïncidence troublante ? Le jeu de poker ne fait que commencer...