A 36 ans, celui qui partage sa vie entre Abidjan et New York est l'un des artistes représentés par cette galerie qui promeut l’art contemporain africain.
Après Nouchi City en 2014 et Mogo Dynasty en 2016, Masquerade-La parade des masques est la troisième exposition d'Aboudia présentée jusqu'au 22 novembre 2019 au Sénégal, à la galerie Cécile Fakhoury de Dakar. Voici 12 des tableaux exposés.
Le travail d'Abdoulaye Diarrassouba, alias Aboudia, est internationalement reconnu depuis 2011 grâce à son témoignage pictural sur les affrontements post-électoraux en Côte d'Ivoire. Et notamment la bataille d'Abidjan, qui a fait des milliers de morts. En plein conflit, il peint dans son atelier les civils, les combats, les armes…
Les débuts du jeune peintre n'ont pas été faciles. Il raconte à "First Magazine" : "On me disait: qu’est-ce que tu fais ? C’est nul, on ne peut pas te vendre, on ne peut pas t’exposer." A l'AFP en 2016, il se souvient : "Certains disaient que j'avais raté ma vie, qu'il fallait faire docteur, faire autre chose.", car en Afrique, il "faut vraiment se battre, faire comprendre aux gens."
"Aux Beaux-Arts de Cocody, je n’étais pas le bienvenu compte tenu de mon parcours qui me renvoyait toujours à la rue ! (…) J’étais un peu hors-la-loi, car je ne voulais pas être comme les autres, je ne voulais pas que l’on me canalise ; je voulais être moi-même. Pour moi, l’art ne se dirige pas et c’est ce qui vient du plus profond de soi qui est important", précise-t-il sur le site du Centre national des arts plastiques.
Les enfants des rues dont il se réclame sont l'un des thèmes principaux de sa peinture. Il déclare dans un entretien à "L'intelligent d'Abidjan" : "Dans mes tableaux, les messages portent constamment sur les enfants de la rue, la formation, l’éducation, la drogue, la sexualité. Je peins tout ce qui est assez négatif. (…) Est-ce les enfants qui vont dans les rues ? Est-ce les parents qui laissent leurs enfants aller dans les rues ? Ce sont ces questions que je me pose."
"Petit à petit, à force de chercher, j’ai commencé à trouver mon style. J’aime peindre avec le pinceau, mais aussi à mains nues ou avec le manche du pinceau." Aujourd'hui célèbre, il précise à l'AFP : "Je reste de culture nouchi, l'argot des quartiers populaires ivoiriens." D'ailleurs au sujet de sa série "Mogo Dynasty", il ajoute : "C'est aussi ça l'Afrique, il y a la tradition, les gens qui luttent pour vivre. J'ai voulu raconter ça, les Mogos. (…) Mogo en nouchi, veut dire le gars, les gens."
Aboudia se revendique "artiste" et non "peintre africain". Il se souhaite inclassable, n’apprécie guère d’être rangé dans une catégorie, même si son art rend hommage à son Afrique natale son propos est autre. "Moi, ma définition de l’art, c’est la recherche de nouvelles sensations. (…) Je me considère comme un artiste. Un artiste qui vient de l’Afrique. Les gens classent, il y a les artistes africains, artistes européens… Mais si vous voyez mon travail en Chine ou au Japon, vous ne saurez pas si (l’auteur est ou non) un Africain", conclut-il.