Le choix du chef de l’opposition doit être déterminée par les forces en présence à l’Assemblée nationale, perspective qui souligne la nécessité d’une "plus grande démocratisation de l’accès" à cette institution parlementaire par l’instauration du scrutin proportionnel, estime Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (PIT).
"Qui choisir entre Idrissa ayant le plus grand suffrage à l’élection présidentielle que le PDS a boycottée, et Wade qui seul dispose de groupe parlementaire parmi les partis d’opposition. Cette arlésienne résulte du fait que la trajectoire politique de l’opposition au Sénégal est unique en Afrique et s’est structurée autour de partis politiques qui ont produit des hommes d’envergure nationale et internationale, et qui se sont toujours affrontés dans l’opposition", écrit-il dans une contribution parvenue à l’APS.
"Cela rend impossible de dégager en leur sein, un chef de façon consensuelle. Tandis qu’ailleurs en Afrique, la trajectoire de l’opposition a produit un +homme fort+ face au pouvoir. Donc il est utopique de vouloir recopier au Sénégal cette forme de cohabitation entre le pouvoir et l’opposition en dehors de l’Assemblée nationale, qui est le +chef de l’opposition+", avance Ibrahima Sène.
Il ajoute qu’au Sénégal, ’’cette cohabitation entre le pouvoir et l’opposition se fera, ou bien au sein de l’Assemblée nationale autour de groupes parlementaires, on bien ne se fera pas".
D’où selon lui "la nécessité d’une plus grande démocratisation de l’accès à l’Assemblée nationale par l’instauration d’un scrutin proportionnel supérieur au scrutin majoritaire, à l’image du Conseil départemental où ces deux scrutins sont respectivement 55% et 45%".
Il rappelle que c’est avec l’ancien président Abdoulaye Wade, au pouvoir de 2000 à 2012, que le statut de chef de l’opposition avait été institué.
Mais ajoute-t-il le choix "fut impossible" entre Ousmane Tanor Dieng, défunt secrétaire général du Parti socialiste, "qui avait plus de suffrage aux législatives, et (Moustapha) Niass", actuel président de l’Assemblée nationale, "qui avait plus de députés".
"Il n’a pas été possible d’avoir un consensus dans l’opposition d’alors, pour décider du choix de l’un d’entre eux. Le président Wade ne pouvant pas constitutionnellement choisir l’un d’entre eux, la fonction de +chef de l’opposition+ n’a jamais été occupée", relève-t-il.
L’expert électoral Ndiaga Sylla, sur les critères devant présider au choix du chef de l’opposition, a invoqué la nature du régime politique sénégalais, qui est selon lui à ranger dans la catégorie des régimes présidentiels, depuis la suppression du poste de Premier ministre actée par voie législative le 14 mai dernier.
Cela fait que selon Ndiaga Sylla, le chef de l’opposition "revient au second choix des Sénégalais à l’élection présidentielle. Sur la base de ce critère, c’est le président du parti Rewmi et candidat de la coalition Idy2019 (Idrissa Seck), qui doit être le chef de l’opposition", avait-il déclaré dans des médias.