Le Sénégal est un pays dit de la «Téranga’’ qui, dans la langue Ouolof, sans doute la plus parlée, signifie la capacité d’accueil, d’intégration et d’hospitalité envers autrui, surtout l’étranger.
Une donne culturelle qui se greffe à la réalité socio-politique et économique. Ce pays considéré comme une exception démocratique en Afrique avec deux alternances et jamais de coup d’Etat militaire, subit de plein fouet la rivalité des pays riches sur son sol, notamment les pays occidentaux en plus de la Chine, la Turquie, l’Inde, etc.
Le Sénégal a longtemps fait partie du pré-carré français avant que le Président Macron ne décrète la fin de la ‘’Françafrique’’.
Malgré tout, la réalité est têtue : La France est le premier partenaire du pays avec 40% des investissements, suivie de l’Union européenne et de la Chine qui grignote des points chaque année, ainsi que beaucoup d’investissements venant d’autres pays.
Car, à n’en pas douter, le Sénégal est ouvert aux capitaux étrangers et se positionne comme une porte d’entrée sur les marchés dynamiques de la sous-région, grâce notamment aux progrès réalisés ces dernières années en matière d’intégration régionale au sein de l’UEMOA (réglementation des changes, ouverture commerciale, etc.).
Le nouveau Plan Sénégal Emergent (PSE) accorde aussi une large place à l’investissement privé, dont l’investissement international.
Conséquence, il y a une nette domination étrangère, notamment occidentale, sur l’économie sénégalaise. Des secteurs stratégiques comme les télécommunications, les banques, les assurances, le tourisme et le transport aérien, l’agriculture et aujourd’hui l’exploration et l’exploitation du pétrole, du gaz, du fer, sont dominés par des pays étrangers.
Le quart du PIB du pays et des recettes fiscales viennent des investissements français.
Le second investisseur, c’est l’Union européenne tandis que des pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Maroc et la Malaisie, y développement de plus en plus des affaires.
Ce dynamisme est à saluer si le secteur privé national n’était pas négligé par des autorités qui privilégient l’étranger. Il y a presque une préférence étrangère au Sénégal à propos des investissements.
La preuve, la dette intérieure dépasse les 400 milliards de nos francs alors que pour les seules écoles supérieures privées, la dette est de 18 milliards.
Les terres sont spoliées en faveur de sociétés étrangères qui dominent l’agriculture, le commerce, l’industrie, la pêche avec l’Union européenne qui a arraché un nouveau contrat, etc.
Pendant ce temps, la polémique sur les contrats d’exploration du pétrole, avec ce contrat signé avec Pétro-Tim, la société de Frank Timis, la complicité du frère du président Aliou Sall et toute la polémique subséquente, est symptomatique d’un malaise politique et social lancinant dans le pays.
Le dossier a atterri à la justice avec la saisine du juge d’instruction pour y voir clair. Et rien n’est sûr que les personnalités indexées vont devoir rendre compte un jour.
Pendant ce temps, la polémique sur le maintien ou non du Franc CFA gagne du terrain. Et aux dernières nouvelles, les pays africains vont convenir, à partir de 2020, de mettre graduellement sur pied une nouvelle monnaie, l’Eco, suite à la pression de nombreux politiques et intellectuels africains et des amis de l’Afrique.
Car, il n’est pas admissible que les réserves africaines en France soient estimées à près de 10 milliards d’euros – 4,6 Milliards pour La CEMAC en janvier 2016 et 5,1 milliards pour l’UEMOA en décembre 2015.
Pour les détracteurs du franc CFA, l’utilisation de ces réserves pourrait financer une partie du développement des pays africains concernés. Des réserves qui peuvent, à tout moment, être bloqués comme cela a été vu au Venezuela et en Libye.
Et ce n’est pas pour rien que certains l’appellent ‘’l’impôt colonial’’. En conséquence, le développement du Sénégal et de l’Afrique, l’épanouissement de leurs populations, ne peuvent passer que par des politiques courageuses de ‘’Africa first’’ (l’Afrique d’abord) avec la préférence nationale, le fait de battre monnaie, de signer des accords gagnant-gagnant avec nos partenaires et de traiter d’égal à égal à tous les niveaux, notamment politique et diplomatique.
Sans cela, on ne peut pas parler d’indépendance, encore moins de développement économique et social.