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Victor Sadio Diouf, président MFA: ‘‘Khalifa n’a qu’à s’asseoir et discuter comme Karim’’
Publié le samedi 31 aout 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Les maires des villes de Dakar et Montréal signent une convention
Dakar, le 11 Octobre 2015 - La ville de Dakar et la ville de Montréal signent une convention. Cet accord de partenariat vise à bâtir des relations étroites, à poursuivre des objectifs de croissance et développement mutuels. Photo: Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar
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Le président du Mouvement de Forces d’Avenir (Mfa), membre de la mouvance présidentielle Bby, Victor Sadio Diouf se signale, depuis sa démission du Pds en novembre dernier. L’ancien secrétaire général des élèves et étudiants libéraux (Meel) se prononce avec EnQuête sur l’actualité nationale et la situation dans son ancien parti.

Vous avez disparu du champ politique, depuis votre démission du Pds. Pourquoi ?

Après la campagne pour la Présidentielle et le scrutin, il fallait prendre un peu de recul. On a été sur le terrain pendant 21 jours, à Ouakam où je me m’étais déjà impliqué durant les Législatives. La Coalition Bby avait glané 6000 voix dans cette commune, mais avec notre venue, nous sommes passés à 11.700 voix. Ce sont des progrès considérables. Le Président en est conscient et nous tenons d’ailleurs à le féliciter. A la Patte-d’oie aussi où habite mon adjoint, Alioune Badara Sène, et dans beaucoup de communes du département. Actuellement, on doit redéfinir la position des uns et des autres dans la coalition. La donne a été reconfigurée par la dernière élection, des forces ont émergé entretemps. Quand le Président devait venir à la Place de l’Obélisque, où la jeunesse de la majorité présidentielle devait l’accueillir, le Mfa a réussi la plus grosse mobilisation après Bby devant Modou Diagne Fada ou l’Afp. Pour la frange jeune, en tout cas, nous sommes plus représentatifs que tous ces partis ici à Dakar et au niveau national.

De quelle fonction officielle êtes-vous investi ?

Actuellement pour être concret disons qu’on travaille avec la première dame. Nous espérons que le Président de la République va nous gratifier de poste de responsabilités. Jusque-là, il a tenu les engagements qu’il avait pris quand on le rejoignait, et on n’a pas de raison de penser ça va se passer autrement. Nous assistons la première dame dans son cabinet, dans tout ce qu’elle entreprend. J’ose dire que sans elle, on n’aurait pas gagné Dakar. On a vu le travail colossal qu’elle a fait dans le département et il faut consolider ces acquis. Mme Marième Faye Sall a réussi à rallier beaucoup de personnalités influentes, des libéraux, des socialistes et des ‘‘khalifistes’’ qui n’étaient pas avec le régime. Ce qu’il faut conserver en direction des prochaines échéances.

A propos de ‘‘khalifistes’’, leur leader Khalifa Ababacar Sall vient de boucler 900 jours de détention. Vous-même avez été emprisonné aux premières heures de la 2eAlternance. Que pensez-vous de cette série de privations de liberté contre les politiques et membres de la société civile ?

Les combats et les contextes diffèrent. Ceux qui me connaissent savent que je ne souhaite la prison à personne, car ayant déjà été victime de cela. Nous souhaitons que Khalifa Sall recouvre la liberté au plus vite. Mais d’autre part, on ne peut pas forcer le président de la République à faire quelque chose. Les procès politiques finissent toujours par des négociations politiques. Khalifa est un procès politique ; il n’a qu’à s’asseoir et discuter comme l’avait fait Karim Wade, à l’époque. Pour dire vrai, avec Karim je ne dirai pas qu’il y a deal, mais il y a eu des négociations. Si on vous enferme en matière politique, l’issue doit être politique. Ce n’est pas par la manipulation des médias ou des intoxications qu’on va utiliser pour faire changer d’avis le président. Lui aussi fait de la politique. Il ne peut pas se lever un beau jour et le libérer. Les gens vont dire : ‘‘voilà, on l’a libéré, alors qu’il n’a rien fait’’. Les gens qui sont avec lui doivent avoir la courtoisie et l’intelligence de savoir comment s’adresser au Président, car la grâce est une prérogative qui lui est conférée. Il n’y a que lui qui peut le faire. Sans pression ni contrainte.

Il y a également le retour raté de Karim Wade, qui a été annoncé récemment au Rwanda. Que vous inspire la situation actuelle au Pds ?

J’ai démissionné ouvertement du Pds, le 22 novembre 2018. J’étais le secrétaire général des élèves et étudiants libéraux (Meel) et le secrétaire général national adjoint de l’Union des jeunesses travaillistes libérale (Ujtl), et membre du comité directeur. C’est dire que je connais bien ce parti. Je voyais venir tout ça. A un moment, on savait tous que Karim ne reviendrait pas. Tout le monde le pensait, malheureusement la plupart des gens n’osaient pas le dire. Juste après sa condamnation, Karim était éligible. Mais quand on fait passer la loi disant que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut être électeur, son sort a été scellé. D’ailleurs la plupart des députés du Pds avaient boycotté l’Assemblée, excepté Marie Sow Ndiaye. Même le président du groupe parlementaire de l’époque, Me Madické Niang, avait déserté. Après, le Conseil constitutionnel avait les mains liées et ne pouvait qu’appliquer la loi, en déclarant sa candidature irrecevable. Tout ça on le savait. Mais personne n’osait dire la vérité. Il y a d’autres raisons à mon départ, mais cet épisode m’a vraiment éclairé.

On parle beaucoup d’ententes secrètes entre les deux anciens présidents dont une entrevue le jour de la Tabaski.

J’ai récemment lu les déclarations du Dr Cheikh Tidiane Seck, le responsable des cadres du parti, que Macky Sall avait rendu visite à Wade le jour de la Tabaski. Même si ce n’est pas confirmé, ce n’est pas totalement faux. J’ose même penser que ça peut être la vérité. J’en veux pour preuve le fait que la plupart des cadres du Pds ont parlé avec Macky, pendant la Présidentielle. En dehors de Tafsir Thioye, dont je peux jurer qu’il n’a pas parlé au président sortant, tous ceux qui s’agitent, qu’ils soient dans le front d’Oumar Sarr ou dans le Pds, ont parlé à M. Sall. Certains ont même été reçus. Nous le savons tous, et eux aussi le savent très bien. Donc, ce qu’a dit le Dr Seck peut bien être vrai. Je ne peux pas accepter aujourd’hui de jugements venant d’Oumar Sarr ou de Karim Wade, car c’est une situation que tout le monde voyait venir. Tout ça, c’est un problème de contrôle du parti. Après tout, Oumar Sarr a peut-être raison aussi de dire que c’est le décès de M. Tanor Dieng qui a précipité cette urgence de réformer le parti. D’ailleurs, j’en profite pour prier pour le repos de son âme, ainsi que celle d’Amath Dansokho.

Certains ont pensé que le frère secrétaire général du parti pourrait ne plus être là et que sa succession aller être problématique. C’est un débat qu’on longtemps tenu. Les ‘‘karimistes’’ pensaient que c’est Karim qui devait gérer le parti, alors que nous les militants libéraux pensions que cette succession devait se faire via un congrès. En ce temps, j’avais dit que Modou Diagne Fada était un bon profil. Mais les premiers ne pouvaient accepter cela. On connait tous la suite avec cette vague de départs. Certains ont été exclus comme Fada, Farba Senghor, Pape Samba Mboup, d’autres ont été laissés dans une situation où ils ont été obligés de s’auto-exclure comme Aida Mbodji ou Madické. Quant à moi, on peut dire que je suis le seul qui a démissionné ouvertement. Quand j’ai su que je ne pouvais plus être en phase avec Karim qui détenait de fait la plupart des pouvoirs, je savais très bien que j’étais exposé. J’ai donc décidé de prendre mes responsabilités, en démissionnant de toutes les instances du Pds. J’ai été reçu par le Président Sall, une semaine après.

Est-ce que vous avez été approché, pendant que vous étiez au Pds ?

Nous connaissons Macky, avant son élection. En 2012 puis en 2014, on m’avait approché pour m’enrôler dans l’Apr. J’ai refusé. Mais avec la superpuissance de Karim, j’ai préféré quitter. Je n’étais pas en désaccord avec Macky Sall sur tout, mais sur des questions de principe, comme la perception de la liberté ou la démocratie. C’est un libéral comme moi et je n’ai jamais dit que tout ce qu’il faisait été mauvais. Si j’étais resté me battre à l’intérieur du Pds, on m’aurait soupçonné de connivence et taxer de tous les noms d’oiseaux. Pour être bonne foi, j’ai jugé plus cohérent de prendre mon propre chemin.

Pensez-vous que le Pds va se relever de ce passage critique ?

Ce sera très difficile. Si l’on prend le camp d’Oumar Sarr, El Hadji Amadou Sall, Babacar Gaye, ce sont des identités remarquables qui ont marqué le parti, en y évoluant plus de 30 ans. Un parti ne s’implante pas durablement, du jour au lendemain. Pour dire vrai, j’ai peur pour l’avenir de ce parti. Ceux qui sont mis au-devant de la scène n’y connaissent rien. Des qui gens qui, jusqu’en 2009, nous désignaient par ‘‘camarade’’, alors qu’entre libéraux, on s’appelle ‘‘frère’’. Ils ne savent rien du libéralisme, ni du parti. Si un gars comme Babacar Gaye qui était une école pour nous les jeunes, un monument, se sent à l’étroit au point de décliner un poste, j’ai peur. Au-delà de ces divergences, nous sommes toutefois des fils de Wade et j’en profite pour appeler ces frères à soutenir Macky Sall, car il a été numéro 2 du Pds et c’est un libéral comme nous. Il est entré à l’Internationale libérale, nous devons le soutenir. Il a les mêmes visions que Wade. Récemment, quand j’ai discuté avec lui, il m’a avoué que ‘‘Wade est notre père à tous. Nous l’aimons et nous préservons son œuvre’’.

Vous avez de l’ambition en tant que jeune politicien. L’attelage gouvernemental n’est pas ce qu’on peut qualifier de jeune ?

Je ne dirai pas vieux, non plus. Il y a un peu d’efforts qui ont été faits par rapport à la politique de la jeunesse. On a vu avec les espaces numériques ouverts, les domaines agricoles communautaires...

On parle plutôt de la responsabilisation des jeunes.

Par rapport au précédent gouvernement, des efforts ont été faits. La moyenne d’âge a rajeuni, quoique je sois d’accord qu’il y a des efforts à faire. Nous attendons le Président sur d’autres domaines, de confier des responsabilités à la jeunesse qui a les compétences pour occuper n’importe quel poste. Nous avons dépassé l’ère où on pouvait dire que les jeunes n’ont pas d’expérience. Si on ne leur donne rien, comment vont-ils acquérir de l’expérience. De toute façon, il faut la jeunesse pour réussir le pari du fast-track et du Sénégal émergent.

En parlant de jeune, il y a également Ousmane Sonko qui a fait une percée fulgurante sur le champ politique avec 15% des voix à la Présidentielle. Pour vous l’avez précédé dans le champ politique, c’est plutôt un camouflet non ?

Oui c’est peut-être vrai. Mais il faut noter que c’est surtout dû à l’absence des grands partis qui n’ont pas présenté de candidats, le Ps et le Pds en l’occurrence. En politique, c’est le terrain qui dicte sa loi. Il y a eu un vide et la nature a horreur du vide. Beaucoup de jeunes se sont naturellement identifiés à lui, à, sa vision. Mais à mesure qu’on avance, les Sénégalais découvrent le véritable homme. On voit que ce n’est pas l’homme qu’il faut, bien qu’il essaie d’incarner un renouveau de Thomas Sankara. Si l’on prend les allégations sur les 94 milliards Fcfa, c’est problématique. J’accepte qu’on critique le gouvernement ou qu’on lui mette la pression, car je suis dans la conviction que s’il n’y a pas d’opposition, les gouvernants font ce qu’ils veulent. Pour l’intérêt du pays, on doit avoir une opposition forte. Mais partant, on doit avoir une opposition responsable, patriotique qui dit la vérité et propose des alternatives de politiques publiques. On ne veut pas d’une opposition qui œuvre dans la diffamation, car c’est inculquer un mauvais exemple aux jeunes.
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