L’agriculture conventionnelle pratiquée au Sénégal est le premier secteur émetteur de gaz carbonique. La révélation a été faite hier par le chargé de projet agriculture durable à l’Ong Innovation environnement développement (Ied) Afrique, Birame Faye, qui estime que 49% de gaz carbonique émis au Sénégal proviennent de l’agriculture.
49% de gaz carbonique émis au Sénégal proviennent de l’agriculture conventionnelle. L’alerte est du chargé de projet agriculture durable à l’Ong Innovation environnement développement (Ied) Afrique.
C’était en marge du premier atelier de consultations dans les six zones agro-écologiques organisé dans la zone des Niayes, plus précisément à Bayakh dans le Diender. Birame Faye explique : «Si on prend l’agriculture au sens large, c’est un secteur qui émet beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre. Elle émet à hauteur de 49% de gaz carbonique au Sénégal. C’est le premier secteur émetteur de gaz carbonique au Sénégal. C’est assez surprenant», s’émeut-il. Surtout que fera-t-il noter : «L’agriculture devance les industries et les hydrocarbures.» Il remarque : «Si on fait le cumul de tous les gaz à effet de serre émis au Sénégal, l’agriculture vient en deuxième position.»
Il détaille : «Les industries et les hydrocarbures émettent à hauteur de 47% au Sénégal et l’agriculture vient en deuxième position en émettant à hauteur de 37%.» Pour simplement dire, selon le chargé de projet agriculture durable à l’Ong Ied Afrique, «plus du tiers des gaz à effet de serre au Sénégal est émis par le secteur agricole».
D’où la nécessité, selon Birame Faye, pour l’Etat du Sénégal, qui a investi «en 2017 dans le secteur agricole 175 milliards de francs Cfa, soit 7% du budget» national de «changer de modèle agricole en s’orientant vers l’agro-écologie». Et pour lui, «c’est inévitable», ce d’autant que «l’Etat du Sénégal s’est engagé à lutter contre les changements climatiques sur le plan international en signant l’accord de Paris».
Aussi poursuit-il, «si l’Etat du Sénégal veut vraiment réduire les émissions de gaz à effet de serre, il doit s’orienter vers l’agriculture écologique». Laquelle, dit-il, «permet d’éliminer carrément l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques». Egalement, l’agro-écologie valorise-t-elle «une autre méthode de valorisation des sols». Pour dire, selon lui, «elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et dans le secteur agricole ce sont les pesticides et les engrais chimiques qui contribuent pour beaucoup à ces émissions».
A la question de savoir ce qu’il pense de la politique définie par l’Etat dans son programme dit : « Plan Sénégal émergent vert » ? Un plan qui doit impérativement passer par une transition écologique pour déboucher sur une agriculture biologique, Birame Faye de laisser entendre : «Le président de la République en parle, mais il parle beaucoup de reforestation. Ici, il s’agit de pratique agricole qui valorise les ressources des écosystèmes. On fait de l’agriculture et en même temps on préserve la biodiversité. C’est différent de venir à Bayakh de planter et de reboiser.
Et au Sénégal tous les programmes de reboisement depuis 1960 ont pratiquement échoué.» Donc, «s’orienter une nouvelle fois vers le reboisement systématique peut mener à l’échec», a-t-il dit, en marge de la rencontre organisée par la Fédération des agropasteurs de Diender, Woodin et Enda Pronat avec le soutien financier de Heks Eper dans le cadre d’une initiative portée par des plateformes des acteurs de l’agro-écologie pour l’élaboration d’un document de contribution aux politiques nationales pour une transition agro-écologique au Sénégal.
Il s’agit surtout d’établir une stratégie d’accompagnement de l’Etat pour la réussite de la transition agro-écologique, mais aussi d’améliorer la prise de conscience de l’ensemble des acteurs de l’agriculture au Sénégal sur la nécessaire transition agro-écologique.