L’article 80 du Code Pénal sénégalais qui réprime les offenses faites aux institutions de la République refait surface. Doit-il être adapté aux réalités démocratiques ou supprimé? En tout cas, toutes les démocraties modernes ont purement et simplement rayé de leur corpus juridique de telles dispositions dérogatoires du droit commun. Au Sénégal, d’aucuns estiment que ce fameux article est incompatible avec la démocratie et doit disparaitre de notre Code Pénal.
Mais, ce n’est pas demain la veille. Puisque, cet article très controversé, est très souvent utilisé à mauvais escient pour des buts purement politiques. Dans l’opinion publique, il est même assimilé à une sorte d’épée de Damoclès qui plane sur la tête des opposants ou activistes, quelque soit le régime en place. Or, en principe, dans un pays qui se veut démocratique, comme le nôtre, personne ne devrait être inquiété pour avoir exprimé son opinion. Malheureusement, tel n’est pas le cas, étant donné qu’un tel dispositif sert pratiquement, et le plus souvent, à museler des opposants récalcitrants.
Ce n’est pas Jean-Paul Dias du BCG, Bara Gaye et Maître Amadou Sall du PDS, l’ancien ministre libéral Samuel Sarr dans une moindre mesure ou encore des confrères comme Madiambal Diagne et El Malick Seck, sans oublier les cas les plus récents d’activistes comme Assane Diouf, Guy Marius Sagna et Adama Gaye, qui diront le contraire. Toutes ces « victimes » de l’article 80 du Code Pénal, auraient dû, pour éviter de tomber sous le coup de cette loi qui peut être aussi considérée sous un autre angle, comme une sorte de garde fou, comprendre qu’en démocratie, la liberté des uns doit s’arrêter, là où commence celle des autres. C’est la raison pour laquelle, nul ne devrait se réfugier derrière le principe sacro-saint de la liberté d’expression ou d’opinion, quelque soit son statut, pour injurier les institutions de la République, ou encore des personnes physiques, en toute impunité.
Tant que de tels comportements persisteront dans notre vécu quotidien, l’article 80 a encore de beaux jours devant lui. Et, ce pour que la banalisation ou l’affaiblissement de nos institutions, n’ouvre la voie à l’anarchie, voir à la déstabilisation de notre pays.
C’est pourquoi, dans notre commun vouloir de vivre ensemble dans le respect mutuel, tâchons de respecter les lois et règlements que nous nous sommes édictés, en toute liberté, mais une liberté dans la responsabilité, afin de préverser l’harmonie, la paix sociale et les vertus cardinales que nos ancêtres nous ont légué. C’est la solution sinequanone, pour que disparaisse à jamais dans notre Code Pénal, l’article 80 qualifié de « liberticide », par beaucoup de juristes et de défenseurs des droits de l’homme. A bon entendeur, salut !
Par Siaka NDONG