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Violences basées sur le genre: Le Cese diagnostic le fléau
Publié le jeudi 1 aout 2019  |  Enquête Plus
Ouverture
© aDakar.com par DG
Ouverture de la première session extraordinaire du Conseil économique, social et environnemental
Dakar, le 30 juillet 2019 - Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a ouvert, ce mardi à Dakar, sa première session extraordinaire. L`institution a démarré ses auditions des ministres du gouvernement. Photo: Aminata Touré, présidente du CESE
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Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a débuté, hier, les travaux de sa première session extraordinaire sur une réalité qui prend de l’ampleur au Sénégal : les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal. Il compte proposer des solutions au gouvernement, après les échanges avec les acteurs.

En tant que conseiller de l’Etat, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) s’est penché sur la problématique de la violence basée sur le genre, en vue d’y apporter sa contribution.

En effet, selon une étude réalisée par le laboratoire Genre et société de l’université Gaston Berger, aujourd’hui, le taux de prévalence de ce phénomène dans les ménages sénégalais s’élève à 60 % et touche en majorité les femmes âgées de 25 à 40 ans. La région de Dakar enregistre 52,5 % et dans douze régions, le taux est à 50 %. Les femmes du 3e âge sont, quant à elles, touchées par des violences psychologiques.

Considérant la réaction du gouvernement par des mesures pénales, la présidente du Conseil économique, social et environnemental pense que ‘’la répression seule ne suffit pas pour endiguer le phénomène. Pour Aminata Touré, il faudra aussi, outre l’amélioration du système d’assistance aux victimes, porter le combat de la prévention’’.

Par ailleurs, durant l’année 2018-2019, l’enquête nationale judiciaire fait état de 603 cas de viol et d’attentats à la pudeur avec violence et un total de 3 251 procès-verbaux pour coups et blessures volontaires, d’homicides et violences conjugales. Selon la présidente du Cese, l’objet de la rencontre du jour n’est autre qu’une contribution de son institution pour juguler le mal. Il s’agit d’écouter les acteurs, de proposer des solutions, des stratégies, voir les expériences qui ont marché chez les acteurs pour les proposer au gouvernement. ‘’Nous comptons également sur les médias que vous êtes pour que la prévention soit érigée en stratégie. Chacun d’entre nous s’érige en protecteur des filles et des femmes’’, déclare-t-elle.

Présent à la table de discussion, le collectif Dafadoye (ça suffit !) plaide pour une plus grande fermeté dans les mesures judiciaires. ‘’L’heure est grave. Ces violences ne peuvent plus rester impunies. L’Etat doit s’assurer du respect des droits fondamentaux’’, estime le coordonnateur. Né en mai dernier, après le meurtre de Bineta Camara (Tamba) et Coumba Yade (Thiès), le collectif appelle à plus de vigilance au sein des ménages. ‘’Que chacun s’érige en protecteur de la fille et de la femme. Nous sommes convaincus que le changement est possible. Mais, pour cela, il faut se donner la main. Que chaque Sénégalais apporte sa pierre à l’édifice’’, plaide-t-il.

Des échanges, il ressort que les viols sont le plus souvent perpétrés au sein des familles (50 %). Toutefois, la rue, l’école et le milieu professionnel en sont aussi témoins. Pour le ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, le statut de la femme sénégalaise et l’inégalité notée dans les rapports homme-femme en sont les causes principales.

Un phénomène croissant

Coups et blessures volontaires, meurtres, assassinats, violences verbales, violences physiques et économiques, morales et psychologiques sont autant d’actes subis par les femmes, quel que soit le niveau social, nommés par l’Onu ‘’violences basées sur le genre’’. Les violences sexuelles occupent la plus grande part du phénomène.

En effet, 24 % de ces violences se déroulent en milieu scolaire et le silence des victimes s’explique par la peur d’être jugé. ‘’Sur les trois dernières années, on a noté 31 meurtres de femmes, 332 cas de viol et 706 femmes ont été agressées sexuellement. Ce sont, au total, 3 652 cas de violences faites aux femmes dont 666 cas de violences sexuelles sur mineures. De novembre 2018 à juin 2019, 11 femmes ont été violées et 7 parmi elles ont perdu la vie’’, relève Penda Seck Diouf, Présidente du Comité pour la lutte contre les violences faites aux femmes.

Face à l’augmentation des cas de viol, aucune région n’est épargnée. Selon le ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Ndèye Saly Diop, 27 % des femmes de 15 à 49 ans subissent des violences sexuelles depuis l’âge de 15 ans. La région de Diourbel porte un taux de 112,3 %, Fatick 67,5 %, Ziguinchor 106 %, Tamba 60,1 %, Sédhiou 100 %, Kédougou 55 %, Kaolack et Kolda 54 %, Thiès 53,8 %, Kaffrine 53 %, Dakar 52,3 %, Saint-Louis 41,1 %, Louga 36 % et Matam 36,3 %. Et il se trouve que, le plus souvent, les auteurs sont dans la famille, dans la communauté, en milieu professionnel et scolaire… Bref, des hommes connus de la victime.

Fort de ce constat, les organisations de la société civile présentes ont opté pour une campagne de sensibilisation impliquant les concernées, les élus locaux et les chefs religieux. Elles ont proposé un programme national multisectoriel et multidimensionnel impliquant la société civile, les communautés de base et les familles, et demandent l’application effective des lois.

‘’C’est un thème d’intérêt national qu’il faut prendre très au sérieux. Les statistiques sont inquiétantes. C’est une atteinte aux droits fondamentaux. Il nous faut dépasser certaines de nos habitudes culturelles où on préfère cacher la vérité et tout ce qui va de travers. Il est temps que cette question soit traitée de manière publique, pour préserver les filles et les femmes’’, a déclaré la présidente du Cese.

Selon Aminata Touré, c’est un blocage au développement du Sénégal, puisque plus de la moitié du pays est constituée de femmes.

Toutefois, la présidente du Cese reconnait que ces violences font aussi des victimes chez les hommes.

Au-delà des violences sexuelles, les acteurs ont tenu à rappeler d’autres formes de violence souvent oubliées. La femme à qui on a retiré ses terres, la jeune fille retirée de l’école et donnée en mariage, l’épouse abandonnée par son mari, seule face aux charges économiques, entre autres.
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