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‘’Des forces étrangères n’ont pas intérêt à ce que l’école sénégalaise émerge’’
Publié le mardi 30 juillet 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Coopération: le Président Macky Sall reçu en audience par son homologue ivoirien
Abidjan le 20 Juin 2019. En visite officielle en Côte d`Ivoire pour 72 heures, le Président de la République du Sénégal, SEM. Macky Sall a été reçu en audience par son homologue le Président Alassane Ouattara au Palais de la Présidence.
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Pour Dame Mbodj, Secrétaire général national du Cusems authentique, le président Macky Sall feint d’être étonné de la dégradation du système éducatif. En réalité, soutient-il, l’Etat a créée et accentué les conditions de la ‘’mort’’ de l’école.

Le président Macky Sall, présidant la cérémonie de remise des prix du Concours général, s’est ému de la baisse du niveau des élèves. Son émotion vous surprend-il ou non ?

Cela ne me surprend pas, parce que nous avons l’habitude de cette indignation de façade qui n’est qu’une forme de communication fréquemment usitée par le président Macky Sall. Sur beaucoup de questions, il feint de ne s’apercevoir de la réalité des choses que quand il est devant les journalistes. Pour rappel, Monsieur Sall a été ministre, Premier Ministre, président de l’Assemblée nationale dans ce pays, avant de le diriger depuis huit ans.

Donc, il fait objectivement partie, et au plus haut niveau ; des prévaricateurs du système. La réalité est qu’on a planifié la mort de l’école publique sénégalaise au plus haut sommet, depuis plus d’une décennie. Le système éducatif est plongé dans le gouffre depuis très longtemps. Nous avons un système extraverti. Le curriculum en vigueur est conçu par la France pour perpétuer sa mainmise sur notre élite intellectuelle, parachever son programme d’acculturation et assouvir ses intérêts. Le Paquet (Programme d’amélioration de la qualité de l’équité et de la transparence, Ndlr) remplaçant le Pdef (Programme décennal de l’éducation et de la formation, Ndlr) n’est rien d’autre qu’une tribune pour valider les intérêts de la France, ceux des partenaires techniques financiers avec leur agenda propre, de connivence avec beaucoup d’Ong véreuses actives dans le secteur de l’éducation et de la formation.

Beaucoup pointent aussi la responsabilité des syndicats d’enseignants qui, selon les eux, sont plus préoccupés par les questions pécuniaires. Que leur répondez-vous ?

C’est faire un mauvais procès aux enseignants que de leur imputer la responsabilité de l’échec de notre école publique. Au contraire, les Sénégalais doivent, à l’unisson, rendre un hommage mérité à tous les enseignants pour leur abnégation, leur culte du travail et leur patriotisme, malgré le mépris des autorités étatiques et les conditions de travail exécrables à tout point de vue. C’est également une façon de les stigmatiser que de considérer que les enseignants ne sont préoccupés que par les questions pécuniaires.

Certes, nos grèves sont récurrentes, mais nous ne faisons que réclamer nos droits. Comment pouvez-vous comprendre que les enseignants soient plus de 2/3 des effectifs de la Fonction publique et perçoivent moins d’un tiers de la masse salariale ? C’est inacceptable et c’est aux antipodes des dispositions de la loi 61-33 portant statut général de la Fonction publique. Les enseignants veulent tout simplement qu’il y ait plus de justice distributive et plus d’équité dans le traitement des agents de l’Etat.

Il reste que les revendications d’ordre salarial et matériel sont les plus régulièrement et bruyamment mises en évidence dans vos plateformes revendicatives…

Ceci est peut-être dû au fait que l’argent est le nerf de la guerre, surtout dans une société fortement matérialiste comme la nôtre. Mais je puis vous assurer que nous agitons d’autres problématiques tout aussi importantes, parmi lesquelles on peut citer : la formation, l’absorption des abris provisoires, l’allocation de ressources adéquates aux établissements, la maitrise des effectifs, la réforme des programmes, l’équilibre des filières, la révision des méthodes d’évaluation, entre autres. N’empêche, nous continuons à exiger la matérialisation des accords signés le 17 février 2014, la remise à plat du système de rémunération des agents de la Fonction publique et l’ouverture de négociations sérieuses et inclusives entre le gouvernement et tous les syndicats légalement constitués, afin de sortir du cycle de perturbations qui mine notre système d’enseignement .

Si vous deviez formuler des propositions de réforme du système, autour de quels paradigmes les articuleriez-vous ?

Le Cusems authentique est en train de travailler sur un projet de réforme qui sera bientôt bouclé. A la vérité, le Sénégal a hérité d’un système éducatif orienté sur les besoins de l’ancien colonisateur. Notre intime conviction est que le Paquet, qui est le programme phare de la gouvernance actuelle, ne fera que nous enfoncer davantage dans la culture de l’échec, avec des taux de réussite au Bac avoisinant 35 %

Pour des solutions durables, nous pensons qu’il faut un changement de paradigme qui passera inéluctablement par une réorientation du système avec un ancrage sur nos valeurs culturelles et religieuses, sur nos impératifs en tant que pays à la périphérie du système monde. Il faut une revalorisation de la fonction enseignante pour que les enseignants, qui constituent le premier intrant de qualité d’un système éducatif performant, aient envie d’enseigner.

Que le ministère de l’Education mette fin à l’application du curriculum qui est un désastre pédagogique. Ceux qui sont aux responsabilités doivent comprendre que le premier acte de souveraineté pour un Etat, c’est de disposer d’un système éducatif propre arrimé sur ses valeurs nationales. Nous devons, par conséquent, mettre en place un dispositif d’apprentissage dans nos langues nationales pour que les enfants du Sénégal puissent assimiler plus rapidement les connaissances à la première étape. Nous devons nous départir de cette école de Jules Ferry et refuser de nous enfermer dans ce faux débat de la laïcité qui exclut la religion à l’école. Pour l’intérêt de notre communauté, le Coran et le Catéchisme doivent être enseignés dans notre école publique.

Au-delà de tout cela, le comportement de la plupart des enseignants qui sont en relation de copinage avec les élèves est décrié. Que faire pour faire respecter l’éthique et les règles déontologiques de votre profession ?

Il ne faut pas se faire le héros des slogans des Ong étrangères qui ont d’autres objectifs. Cela dit, il y a des brebis galeuses dans l’enseignement, comme partout ailleurs. L’enseignant est un être humain qui ne peut échapper à la déliquescence généralisée des mœurs dans la société sénégalaise. Pour en sortir, il nous faut revenir à nos valeurs, rééduquer les gens dans notre substrat culturel et religieux légué par nos ancêtres.

Il y a aussi la problématique de la formation des enseignants que beaucoup trouvent défaillante…

Avant la formation pédagogique, le niveau académique de la plupart des enseignants pose problème. Il s’y ajoute que la formation pédagogique est elle-même tronquée. A titre d’exemple, là où on formait les instituteurs en 4 ans dans les écoles normales, aujourd’hui, soit ils sont directement balancés dans le système, soit ils bénéficient d’une formation bâclée de 9 mois pour les plus chanceux, parce que le gouvernement a décidé de faire des économies d’échelle sur l’éducation.

Pensez-vous que le travail du professeur Iba Der Thiam et son équipe puisse contribuer à redorer le blason de l’école ?

Nous n’avons pas encore lu le travail produit par la commission dirigée par le professeur Iba Der Thiam. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur son contenu. Cependant, ce que nous attendons, c’est que ce travail aide à remettre l’histoire du Sénégal à l’endroit, en disant la vérité sur, d’abord, l’émergence du Sénégal actuel en tant qu’entité territoriale et sur les grandes dates qui ont jalonné son évolution.

C’est à ce prix seulement que ce travail pourra être d’un apport bénéfique pour les générations de sénégalais à venir.
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