Le Sénégal doit avoir un nouveau système national de planification budgétaire qui prend en compte la budgétisation et le suivi-évaluation, estime le ministre du Plan, Abdoulaye Baldé. Une planification pertinente peut assurer le succès du Plan Sénégal émergent, ajoute-t-il.
Le ministre du Plan, Abdoulaye Baldé, a insisté hier, à Saly, sur la nécessité d’avoir une nouvelle chaîne de planification budgétaire prenant en compte la planification, la programmation, la budgétisation et le suivi-évaluation. Cela permettra de disposer d’un nouveau Système national de planification qui va favoriser le succès de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse). L’objectif de cette rencontre qui a réuni près de 120 participants de l’administration, des universités, des collectivités locales, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique, social et environnemental est d’amener les différents acteurs à échanger sur les instruments de planification, leurs fonctions et leurs interrelations pour améliorer le Système national de planification. Le ministre a ainsi attiré l’attention sur le contexte favorable, marqué par la tenue de la réunion du Groupe consultatif pour le financement complémentaire du Plan Sénégal émergent (Pse). « Ce document est devenu la référence de notre politique économique et sociale à moyen terme dont la mise en œuvre appelle à la modernisation de l’administration publique, conformément aux ambitions du président de la République, Macky Sall », a dit le ministre.
Il a rappelé l’ambition du Sénégal de réaliser une croissance économique accélérée et soutenue. Cela, à son avis, ne pourra se faire que sur la base de documents de planification, de programmation et de budgétisation bien conçus et bien articulés. D’où l’importance, selon le ministre, d’avoir une nouvelle chaîne de planification budgétaire qui prenne en compte la planification, la programmation, la budgétisation et le suivi-évaluation. « L’articulation de cette chaîne aux dimensions spatio-temporelles ainsi que l’identification des services de l’administration responsables de la mise en œuvre de chacune des étapes permet de disposer d’un nouveau système national de planification pertinent et favorisant le succès de la mise en œuvre du Pse, a dit le ministre. Les conclusions de ce séminaire seront traduites en recommandations dans le cadre d’un Conseil supérieur du plan prévu prochainement. Ce Conseil, en liaison avec le département ministériel chargé du Plan, aura, entre autres missions, de donner son avis sur les orientations générales et les objectifs conduisant à l’élaboration des instruments relatifs au développement économique et social, de veiller à la mise en œuvre de la territorialisation des politiques publiques, etc.
Pour le ministre, la réalisation des objectifs de développement se fera par la somme de contributions des secteurs d’activité et des différentes régions du pays. Aussi, a-t-il rappelé, la création, dans tous les ministères, de cellules d’études et de planification pour appuyer la fonction « planification sectorielle ». En outre, le ministre du Plan a ajouté que le chef de l’État, pour accompagner l’Acte 3 de la décentralisation, a instruit l’élaboration de Programmes d’actions stratégiques de l’État dans les régions (Paser) et dans les départements (Pased). « La qualité des Plans est fortement tributaire d’un système d’information performant. L’option du gouvernement consistant à rattacher l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) au ministère du Plan contribue à faciliter une synergie des actions entre les structures chargées de la planification et de la statistique », a dit le ministre de Plan.
Samba Oumar FALL
POUR PLUS DE VISIBILITÉ DU PLAN
Le Plan doit avoir plus de force et de responsabilité, mais aussi les moyens et les instruments qu’il faut, estime El Hadji Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan. A son avis, il faut nécessairement un ministère du Plan très puissant, disposant de structures très fortes. « Tant que la vision de Plan n’est pas claire dans la tête du chef de l’État et du chef du gouvernement, le Sénégal aura des problèmes », ajoute-t-il.
Selon M. Sall, le Sénégal dispose d’un système de planification qui est malheureusement, obstrué par « une absence de volonté politique et une compréhension, au plus haut niveau, des responsabilités sur le rôle du Plan ». « On fait de la planification en assumant ce qu’on a envie de faire », a souligné l’économiste. « Quand aujourd’hui, on fait un plan comme le Pse et qu’on sait que toute l’évaluation des politiques publiques et économiques dépend du Plan, il est tout à fait naturel que le suivi appartienne et revienne au Plan d’autant plus que la Constitution dit clairement que le président de la République définit la politique économique et le gouvernement la met en œuvre», a fait savoir M. Sall.
A son avis, cela parait naturel pour corriger la trajectoire, mais aussi le portefeuille d’investissement. « Le Plan a besoin de moyens, de visibilité, d’autorité au sein du gouvernement. Nous avons besoin d’un ministère du Plan qui est très fort, avec les structures qu’il faut, avec la visibilité qu’il faut, avec des processus de décisions au sein du gouvernement», a-t-il soutenu. Pour le docteur Rokhaya Sène, le Sénégal n’a jamais rompu avec le Plan. Cependant, a souligné l’ancienne directrice du Plan, « le Sénégal, en planification, est actuellement en marge de la légalité constitutionnelle ».
A son avis, « l’Exécutif ne doit pas, à lui tout seul, accaparer la définition des stratégies de développement, c’est une décision collective qui est au carrefour de l’action des institutions de la République ». Pour le docteur Rokhaya Sène, « il faut donner au Plan l’autorité et la centralité que lui confère la Constitution, mais aussi lui donner la primauté dans la hiérarchie des instruments de conception du développement ».