Mon frère est inspecteur des douanes, directeur de trésor, mon cousin est magistrat banquier, mon oncle est chef de service, mon beau frère est ministre, il est homme de confiance du président de la République, pourtant il n’aide aucun parent, encore moins moi.
Combien de fois n’a-t-on pas entendu ces plaintes. Et le frère, le neveu, le cousin ou même le voisin, de pester contre l’autorité, le parent insensible à la douloureuse situation que le supplicié vit.
Une autre complainte qui retracerait le parcours cahoteux de l’actuel cadre à qui l’on reproche d’avoir été un assidu aux interminables séances de thé et de jeu de cartes mais qui, aujourd’hui, dans sa nouvelle fonction, est introuvable.
Comme qui dirait que c’est un traitre qui a abandonné la fratrie. Ce transfert d’agressivité, de responsabilité, semble être le jeu favori des Sénégalais qui trouvent un exutoire pour calmer leur incohérence sociale, et mieux, leur incapacité à se construire.
Ce qui semble manquer le plus au Sénégalais, surtout à sa frange la plus jeune, c’est son absence d’introspection, son incapacité à se poser des questions qui peuvent fâcher.
Qu’est-ce qui a fait que mon ami, mon parent, mon voisin, soit devenu un haut cadre parmi les cadres ?
Qu’est-ce que je faisais au moment où la terre tremblait sous mes pieds, au moment où c’était très dur où les autres étudiaient, se formaient ?
Autant de questions qu’il ne faut esquiver et qui, malheureusement, ne germent jamais dans la tête d’une bonne partie de notre population toujours prompte à la vitupération.
Aller dans la bonne gouvernance, la bonne citoyenneté, c’est d’abord se poser les bonnes questions en vue de sa propre construction.
Acceptons donc de nous parler intérieurement et tout ira pour le meilleur des mondes.