Près de 90% des accidents par mines enregistrés ces trois dernières années ont eu lieu à Sindian et à Kataba 1, dans le département de Bignona (Sud), selon Luc Sambou, coordonnateur du programme anti-mines de l’organisation humanitaire Handicap international.
‘’Les statistiques montrent que 90% des accidents qui ont eu lieu ces trois dernières années ont été enregistrés à Sindian et à Kataba 1’’, a-t-il déclaré, vendredi.
M. Sambou a confié à des responsables d'organismes des Nations unies, en visite à l’école primaire de Sindian, que cette ‘’situation s’expliquerait par le fait qu’il n’y a pas encore de déminage humanitaire dans la zone’’.
Les écoliers de Sindian ont bénéficié des projets d'éducation aux risques des mines, mais aussi des cantines scolaires financées par le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Au total 808 victimes civiles et militaires ont été enregistrées en Casamance, de 1988 à 2013, renseigne un document de l’UNICEF remis à la presse.
Parmi ces victimes, il y a 179 tués (143 civils et 36 militaires) et 628 blessés (431 civils et 198 militaires), note le texte qui relève que les populations civiles sont les plus touchées par les accidents des mines.
‘’Les zones les plus affectées sont le Nord Sindian et le Sud des régions de Ziguinchor et de Sédhiou, mais 80% des accidents ont eu lieu (dans la région) Ziguinchor’’, précise le document de l’UNICEF.
La Casamance, constituée des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, est en proie à une crise armée déclenchée en 1982 par le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC, rébellion) qui réclame l’indépendance de la partie méridionale du Sénégal.
Le coordonnateur du programme anti-mines de l’ONG Handicap international a précisé que depuis le démarrage du déminage humanitaire en Casamance, fin 2007, des enquêtes n’avaient pas été faites à Sindian et à Kataba 1 pour identifier les zones susceptibles d’être minées.
‘’C’est la première étape avant le déminage humanitaire. Aujourd’hui, c’est vraiment dommage que le déminage n’ait pas encore démarré dans la zone pour préserver la vie des populations’’, a-t-il déploré.
Le responsable de l’organisation humanitaire a aussi fait état du retour des populations déplacées dans leurs villages.
Luc Sambou a préconisé une sensibilisation accrue envers ces ex-réfugiés, par le biais d’une éducation aux risques des mines.
Pour y arriver, l’ONG Handicap international a développé un partenariat avec l’Association des victimes de mines (ASVM) pour mener des séances de sensibilisation sur le terrain, a-t-il signalé.
M. Sambou a précisé que les réfugiés et les professionnels des transports seraient les principales cibles de la prochaine campagne de sensibilisation pour réduire les accidents par mines.
‘’Une étude menée en 2012, intitulée +Capacités, aptitudes et pratiques+, a montré que les populations qui ont été sensibilisées développent des réflexes qui leur permettent d’éviter les accidents par mines’’, a-t-il relevé.
Le nombre d’accidents a considérablement diminué ces deux dernières années dans les zones où les populations ont été sensibilisées aux risques des mines, a souligné M. Sambou.
La coordonnatrice au Sénégal du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Bintou Djibo, la directrice du bureau pays du PAM, Ingeborg Maria Breuer, la représentante de l’UNICEF, Giovanna Barberis, et le représentant-résident de la FAO, Vincent Martin, ont pris part à la mission conjointe de deux jours.
L’objectif de la mission dirigée par le Coordonnateur régional humanitaire pour le Sahel, Robert Pipper, est d’évaluer les projets en cours et d’apporter une réponse à la crise humanitaire dans le Sud du pays.