Le maire de Guédiawaye a été entendu, hier, près de 10 tours d’horloge par les enquêteurs de la Division des investigations criminelles dans l’affaire Petrotim. A sa sortie, il a soutenu avoir donné tout ce qu’il avait à la police pour prouver son innocence.
Après avoir été accusé dans un reportage de la BBC sur la gestion du pétrole et du gaz au Sénégal, le frère de Macky Sall avait démissionné de la Caisse des dépôts et consignations pour être à la disposition de la justice de son pays. Hier, Aliou Sall a été cuisiné près de 10 tours d’horloge par les enquêteurs de la Brigade des affaires générales (Bag) de la Division des investigations criminelles. Pendant ce temps, il y avait une forte mobilisation des populations de Guédiawaye, des gens de l’Apr, de la Caisse des Dépôts et Consignations, entre autres personnes qui étaient venues lui apporter leur soutien. Ces derniers restent convaincus que le frère du président Sall est innocent dans cette affaire. A sa sortie un peu après 19 heures, Aliou Sall a remercié toutes ces populations qui le soutiennent dans cette affaire, plus particulièrement ceux qui ont fait le déplacement, hier, au palais de justice de Dakar. ”
« Pour rien au monde, je ne lâcherai… »
Je suis là depuis 9 heures 30 minutes, il est bientôt 20 heures et ces hommes, femmes et jeunes sont restés et ça m’émeut beaucoup et ça me confirme dans ma conviction que je n’ai pas le droit de laisser. Pour rien au monde je ne lâcherai Guédiawaye et je ne lâcherai ces Sénégalais qui m’ont exprimé leur solidarité. Ils ont accepté même de ne pas suivre le match du Sénégal contre le Bénin, juste pour m’attendre et voir si j’allais bien. Je leur confirme que je vais très bien”, a dit le frère du Président Macky Sall. Avant de poursuivre : “je suis très soulagé d’avoir eu l’opportunité de parler de ce dossier et je suis désolé pour mes confrères de la presse parce que tout ce que j’avais, je l’ai donné à la police”. C’est sur ces mots que le maire de Guédiawaye est monté dans son véhicule pour partir. Pour mémoire, aussitôt après la publication de l’enquête de la BBC, il y avait la pression de la rue et de l’opposition sénégalaise, et Aliou Sall avait donc fini par céder. « Il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens », explique Aliou Sall. Selon lui, c’est pour protéger ses intérêts et ceux du Sénégal qu’il a démissionné de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) qu’il dirigeait depuis septembre 2017. «C’est une campagne visant à me “déshumaniser” (…), à me présenter comme un « personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue», écrit-il.
« Je n’ai jamais touché 250 000 dollars de Frank Timis »
En juin 2012, peu après sa première élection, le président Macky Sall avait confirmé la décision de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, d’attribuer l’exploitation des deux champs pétroliers et gaziers off-shore à Petrotim, une société détenue par l’homme d’affaires Frank Timis. Dans un reportage diffusé le 3 juin dernier, la BBC affirmait notamment qu’Aliou Sall avait reçu en 2014 un pot-de-vin de 250 000 dollars de la part du groupe Timis, où il avait en outre été engagé après l’arrivée de son frère au pouvoir. Aliou Sall a toujours affirmé n’avoir jamais touché 250 000 dollars de Frank Timis. Le frère du Chef de l’État a donc fait le choix de démissionner, de prendre les devants, mais il réaffirme qu’il n’a rien à se reprocher : «Toute cette malheureuse controverse n’est entretenue qu’autour d’un tissu d’amalgames et de contrevérités ».
Et Aliou Sall est d’ailleurs visiblement prêt à répondre à la justice puisqu’il indique être en phase avec la décision de l’Etat d’ouvrir une information judiciaire : « Fort de la conviction profonde que demain il fera jour et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici, devant vous, la décision de donner ma démission », conclut-il. Il faut dire qu’après les auditions d’Abdoul Mbaye et autres, Ousmane Sonko, Thierno Amadou Sall et d’autres seront entendus prochainement par les enquêteurs.