De nombreux commerçants, surfant sur l’engouement populaire suscité par la Coupe d’Afrique des Nations, se sont lancés dans la vente des maillots et gadgets à l’effigie de l’équipe nationale de football du Sénégal. Une opération commerciale dont la réussite est, comme d’habitude, fortement tributaire du parcours des Lions dans la grand-messe du foot continental.
Au centre-ville de Dakar, dans le célèbre marché de Sandaga, un soleil matinal darde ses rayons. Comme presque tous les jours, l’ambiance est carnavalesque : les gens vont et viennent sur fond du timbre assourdissant des automobilistes cherchant à se frayer un chemin.
Sur le trottoir longeant les deux voies de l’avenue Faidherbe, des vendeurs ont fini d’exposer à la vue des clients les maillots et accessoires des Lions et de plusieurs autres équipes participant à la phase finale de la Can 2019. Certains produits sont étalés à même le sol mais cet agressif marketing tarde à faire son effet.
« Les gens viennent pour simplement demander les prix mais ils n’achètent pas. Selon eux, les coûts sont un peu élevés. Nous ne pouvons pas commercialiser un maillot en deçà de 4000 ou 5000 F CFA au risque de vendre à perte », explique Youssou Cissé.
Plus que la cherté des produits, ce sont les résultats des Lions qui devrait surtout inquiéter Younouss. Une victoire de la bande à Sadio Mané suffit pour booster les ventes comme une défaite peut provoquer une terrible mévente. C’est ce qui s’est produit lors de l’inattendu revers (0-1) face à l’Algérie, en match de phase de groupes.
« Nos ventes ont drastiquement chuté après le revers du Sénégal. Des passants nous raillaient même en nous conseillant de diminuer les prix des maillots pour éviter d’avoir des invendus », renseigne ce jeune commerçant originaire de Kaolack (centre).
De fait, la sortie des Lions ce vendredi en début de soirée face aux Cranes de l’Ouganda en huitièmes de finale, sera vivement scrutée par les vendeurs d’articles de l’équipe nationale. Ces derniers prient pour une victoire qui en appellera d’autres afin que le séjour des poulains d’Aliou Cissé en terre égyptienne dure jusqu’au soir de la finale, prévue le 19 juillet. Quelles bonnes affaires, alors !
Debout devant son étal, Djiby Dièye sirote son «café Touba». L’esprit tendu vers le match de ce soir, il n’est pas perturbé par les décibels de son haut-parleur passant en boucle une réclame sur les maillots et shorts pour enfants, cédés entre 1000 et 1500 F CFA. « Si le Sénégal parvient à battre l’Ouganda, cela va arranger tout le monde. Pas seulement les vendeurs de maillots mais tous les acteurs de ce business », précise-t-il.
De l’avis d’Ismaïla Ndiaye, l’enjeu est de taille. En effet, ce grossiste a subi une perte conséquente après l’élimination du Sénégal en quarts de finale de la Can 2017 disputée au Gabon (défaite aux tirs au but contre le Cameroun). « Il faut que les Lions gagnent pour que les choses marchent comme on le souhaite », fait-il savoir.
La commercialisation des maillots et gadgets à l’effigie des sélections africaines n’est pas la chasse gardée des Sénégalais. Flairant le bon coup, le Béninois Obé s’y est lancé et ainsi a pu vendre une quinzaine de maillots des Ecureuils.
« Je vends le maillot à 25.000 FCFA. Il ne m’en reste qu’un seul dans le premier lot arrivé de Cotonou. Avec notre qualification pour les huitièmes de finale, j’envisage d’effectuer une nouvelle commande », informe la Sénégalaise Thérèse, gérante de la boutique d’Obé.
Pour la première fois de son histoire, le Bénin a accédé en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, après trois matchs nuls obtenus contre le Ghana (2-2), la Guinée Bissau et le Cameroun (0-0).
A un niveau plus officiel, la Fédération sénégalaise de football (FSF) s’est lancée dans le business et pour que nul n’en ignore elle informe, dans un communiqué dont APA a reçue copie, qu’elle met en vente, 30.000 FCFA l’unité, « des maillots originaux » de l’équipe nationale.
« Rien que ce matin, une dizaine de personnes sont venues se procurer ces maillots. Les partenaires de la fédération en font également de même. Néanmoins, le prix doit être revu à la baisse pour qu’il soit accessible à tous les supporters », conseille une source fédérale sous le couvert de l’anonymat.