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Saisies de drogue au Sénégal [2/3] : ‘’Dakar est un bon marché pour la drogue’’ (Colonel à la retraite)
Publié le mercredi 3 juillet 2019  |  Seneweb.com
Colonel
© Autre presse par DR
Colonel Alioune Ndiaye
Le colonel Alioune Ndiaye, ancien porte-parole de la police à la retraite
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En moins d’une semaine, la Douane sénégalaise a effectué une saisie record de plus d’une tonne de cocaïne. Joint par Seneweb, le colonel Alioune Ndiaye, ancien porte-parole de la police, aujourd’hui à la retraite, explique ce qui fait de Dakar un bon marché pour la drogue.

Deux saisies records de cocaïne ont été enregistrées en moins d’une semaine. Faut-il s’inquiéter de la présence de la drogue au Sénégal ?

L’histoire de la drogue dans le monde est connue de tous. La drogue est présente partout dans le monde. Il n’y a pas un continent qui est épargné, ni un pays. Le Sénégal est dans une position carrefour entre les Amériques, l’Europe, l’Asie. Donc, un bateau qui quitte l’Amérique, qui va vers l’Angola ou quelque part en Afrique centrale ou en Afrique du Sud, c’est tout à fait normal qu’il transite à Dakar.

Moi, je ne suis pas d’accord avec les gens qui disent que Dakar est devenue une plaque tournante. Une plaque tournante a ses normes, c’est un pays où la drogue arrive et que les gens marchandent. Ce n’est pas le cas du Sénégal. Le Sénégal est un pays de transit ; la drogue passe par le Sénégal. Evidemment, c’est toujours dangereux.

Pourquoi le Sénégal est devenu un pays de transit ?

C’est par rapport à sa position géographique, mais ensuite par rapport à sa situation d’Etat sous-développé. On est ouvert au monde parce qu’on ne peut pas se renfermer sur nous-mêmes. Mais également par rapport aux moyens de transport vers Dakar. Il y a certains pays où vous ne pouvez pas trouver très vite un bateau. Ici à Dakar, le port est ouvert, l’aéroport est ouvert. Donc, quand il y a un bateau qui quitte Brésil et qui vient vers Dakar, les convoyeurs peuvent ne pas emprunter le même bateau. Vous voyez que tout est facile pour quitter Dakar et revenir. A partir de là, le Sénégal devient un pays de transit.

"Depuis que la drogue entre à Dakar, combien de fois les forces de défense et de sécurité ont effectué des saisies, et les gens continuent à venir ? C’est parce qu’ils sont obligés de venir."

Est-ce lié à des moyens de défense assez limités ?

Non, les Etats-Unis sont beaucoup plus outillés que nous et la drogue entre là-bas. La France, la même chose, ils ont de grandes firmes de lutte contre la drogue. Pour autant, la drogue entre et le narcotrafic existe dans ces pays. Il y a des lobbies de grandes organisations mafieuses. Donc, ce n’est pas un problème de déconsidération par rapport aux forces de l’ordre. C’est simplement que les trafiquants ont besoin d’un pays où ils peuvent avoir une certaine liberté d’action.

Dakar étant une capitale de liberté, de démocratie : il y a les hôtels, les aéroports, les ports, etc. On a les moyens de communication téléphonique et autres. Raisons pour lesquelles Dakar est vraiment un bon marché pour la drogue.

Depuis que la drogue entre ici, combien de fois les forces de défense et de sécurité ont effectué des saisies et les gens continuent à venir ? C’est parce qu’ils sont obligés de venir.

On parle de saisie record. Est-ce la première fois qu’une telle quantité est saisie ?

A ma connaissance oui, on peut saisir 90 mille fois 100 kilos et ça fait plusieurs tonnes, mais ce n’est pas en une seule fois. Par contre, en une seule prise, une tonne de cocaïne avec ce que cela veut dire, à ma connaissance, c’est un record et une première pour la douane. Par contre, les services de police ou la gendarmerie ont eu beaucoup de prises records, mais pas la cocaïne. Parce que la drogue, ce n’est pas que la cocaïne, il y a l’héroïne, la morphine, etc.

Une fois la marchandise saisie, quelle est la procédure à suivre ?

La marchandise est prohibée, impropre à la consommation. Donc, une fois saisie, elle est mise à la disposition du procureur de la République, puis gardée soigneusement. À l’occasion de la Journée internationale de la drogue ou même sur instruction simplement du procureur, la drogue est incinérée ou dissoute en mer. Elle peut être même enfouie, ça dépend de la nature de la drogue. Mais on ne peut pas la revendre. Il y en a qui disent qu’une saisie peut avoir une valeur de 200 milliards, mais ce n’est pas une somme que le Sénégal va gagner. C’est un poison et ça ne se revend pas.

Est-ce qu’il y a possibilité qu’une quantité de la drogue saisie passe entre les mailles du filet ?

(Rire) Vous savez, ici au Sénégal, on parle de tout. Il est très bon de se taire, quand on ne sait pas. Il y a peut-être des gens qui cherchent à puiser de la drogue pour en faire autre chose. Je ne peux pas le confirmer, ni le nier. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il y a une tonne de drogue et des poussières. Cette quantité est consignée dans les papiers, le procureur le sait, le président le sait. Si on y prend un kilo, ça va se savoir.
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