Ce samedi, notre confrère Jean-Meissa Diop a reçu la visite inopinée des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC), à 6 heures du matin. C’était, semble-t-il, pour appréhender le journaliste mêlé à une affaire de diffamation suite à une plainte de Farba Ngom.
La Police se serait trompée car, le journaliste en question, travaille ailleurs et n’a aucun lien avec le mis en cause. C’était une erreur, selon les dires même des forces de l’ordre qui, par ailleurs, ont fait leur mea culpa.
L’excuse sera sans doute acceptée par l’intéressé, mais les organisations professionnelles de presse réclament plus. Elles veulent des excuses publiques du Ministre de l’Intérieur.
Car, la démarche est inhabituelle. Supposons qu’il s’agisse de la bonne personne, nous ne pensons pas que ce type de descente à pareille heure soit indiquée juste pour interpeller un journaliste.
Le fait d’aller chez quelqu’un à 6h du matin, même si c’est permis par la loi, rappelle les situations délicates où sont mêlées des terroristes ou ceux qui cherchent à porter atteinte à la sécurité de l’Etat.
Il aurait fallu simplement le convoquer même si, parait-il, il aurait lui-même donné la fausse adresse induisant en erreur les Policiers.
Pis, ce serait un pseudonyme, c’est-à-dire que la personne ne porte pas le nom qui figure sur la signature. Dans ce cas de figure, la loi qui autorise pareil procédé, exige du Directeur de l’organe de décliner la vraie identité de la personne, notamment devant le juge.
C’est pourquoi, nous ne comprenons pas cet excès de zèle. Une plainte de Farba Ngom, aussi influent qu’il soit, ne le justifie pas. D’autant plus que l’intimité de Jean-Meissa a été violée, son épouse violentée devant ses enfants d’après le communiqué des associations de presse.
Un précédent dangereux qui ressemble fort à une intimidation. Et inutile de dire que cela ne passera pas.
Les journalistes connaissent assez bien la loi et leurs droits pour savoir ce qui est permis aux autorités judiciaires et ce qui ne leur est pas permis.
On ne le dira jamais assez, l’exercice de la force publique de coercition doit se faire avec parcimonie. Pendant que nous dénonçons la trop grande propension à mettre les gens sous mandat de dépôt, voilà qu’un journaliste, sous le coup d’une plainte, devrait subir, n’eut été l’erreur de la Police, une arrestation musclée.
En effet, dans un contexte de haute tension suscité par la polémique sur le pétrole et le gaz, nous comprenons que les nerfs soient surchauffés, mais cela ne doit pas se traduire par une chasse aux sorcières. D’autant plus que la personne qui a subi les dommages est un exemple de compétence, de pondération, d’humilité et de discrétion dans la profession.
Il ne rate jamais l’occasion, à travers sa page Facebook, de donner des conseils aux confrères, surtout les plus jeunes, ceux qui ont besoin d’encadrement et de référence.
C’est pourquoi, il est important, de la part des cadres de la Police et de la gendarmerie, d’user du système de la baïonnette intelligente (les heureux comprendront) face à la frilosité des autorités.
Les ordres manifestement erronés ne sauraient être appliqués sans des erreurs du genre de celle à laquelle nous avons assisté ce samedi.
Assane Samb