On ne peut pas avoir une justice indépendante, sans une justice moderne et performante. C’est fort de ce constat que l’Union des magistrats sénégalais (Ums) organise, depuis hier, un atelier de deux jours. Différentes recommandations sont préconisées et seront soumises aux autorités.
« La justice face aux défis de la modernisation et de la performance » ! C’est le thème de l’atelier organisé par l’Union des magistrats sénégalais (Ums) en partenariat avec l’Ong Afrikajom center dirigée par Alioune Tine. La rencontre a enregistré la présence d’acteurs judiciaires sénégalais, de la société civile mais surtout d’un magistrat togolais. ‘’Il y’a certains parmi les magistrats sénégalais qui considèrent que certains aspects de l’indépendance de la justice ne peuvent pas être mis en œuvre correctement. Il s’agit du principe d’inamovibilité et la mise à l’écart de l’Exécutif. C’est pour donc leur montrer qu’il est possible d’arriver à ces changements que des magistrats venus du Togo et du Maroc ont été invités à la rencontre’’, a fait savoir le président de l’Ums qui, une fois encore, a relevé les dysfonctionnements de la justice sénégalaise.
En fait, selon Souleymane Téliko, malgré les efforts des autorités étatiques pour améliorer le service de la justice, les complaintes restent récurrentes. Lesquelles sont, dit-il, les lenteurs dans le traitement des affaires et complexité des procédures. Poursuivant, il relève pour le regretter, que ‘’les conditions dans lesquelles travaille l’écrasante majorité des magistrats ne militent guère pour une performance optimale du service public de la justice.’’ Selon lui, ‘’ l’insuffisance du personnel judiciaire dans les juridictions, le manque d’équipements informatiques, la modicité des moyens financiers rendus aléatoires par des arbitrages budgétaires pas toujours favorables, sont autant de contraintes qui plombent les performances des juridictions.’’
Le magistrat estime qu’au-delà de la nécessité de renforcer, de manière substantielle, les moyens humains et financiers de la Justice, les difficultés posent la problématique du financement de l’institution judiciaire. Ainsi, il plaide l’instauration d’un minimum d’autonomie budgétaire. Ce qui constitue, à son avis, la voie à suivre pour assurer plus d’indépendance et d’efficience à la justice.
Dans le même ordre d’idées, Souleymane Téliko milite pour la transparence dans la gestion des ressources humaines. Car, argue-t-il, ‘’il est unanimement admis que le niveau de performance tient, pour beaucoup, à la qualité de la gestion des ressources humaines et que le culte du mérite et de l’excellence est le meilleur des gages de performance.’’ C’est pourquoi, le président l’Ums considère qu’il faut ‘’doter le Conseil supérieur de la magistrature des prérogatives et de moyens nécessaires pour garantir des nominations fondées sur le mérite et mettre fin aux sentiments de frustration et d’injustice difficilement compatibles avec une logique de performance.’’
A ce propos, le magistrat a rappelé que, lors de la réunion du CSM du 26 décembre 2018, le président de la République avait exprimé son accord pour l’introduction de la pratique de l’appel à candidatures pour les postes de chefs de juridiction. ‘’Cette mesure, dit-il, si elle devait être appliquée, devrait consacrer l’instauration d’une véritable transparence dans la gestion de la carrière des magistrats et un début d’autonomisation du CSM.’’
Ayant présidé la rencontre, le Garde des Sceaux, Me Malick Sall, a réitéré l’ambition du Chef de l’Etat de doter les juridictions de ‘’Palais de justice dignes de ce nom.’’ Pour ce qui est du renforcement de l’indépendance de la Justice, il rappelle que le Comité de concertation sur la modernisation de la Justice a fait d’intéressantes propositions sur le CSM, sur le statut des magistrats et sur la carte judiciaire. Lesquelles ne manqueront pas d’être prises en compte.