L'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, dont le retour à Dakar a été reporté de 48 heures et qui se trouve au Maroc, a déploré jeudi des "manoeuvres" de son successeur Macky Sall, dans un entretien à l'AFP.
M. Wade doit effectuer vendredi son retour au Sénégal après deux ans d'absence, pour y soutenir son fils incarcéré. Il devait arriver mercredi, en provenance de Paris, mais le transit effectué à Casablanca s'est prolongé, dans l'attente d'une autorisation des autorités aéroportuaires à Dakar, ses partisans et le gouvernement se rejetant la responsabilité de ce contre-temps.
"J'ai compris depuis longtemps que Macky Sall ne veut pas que j'arrive de jour", a affirmé l'ex-chef de l'Etat dénonçant "des manoeuvres", depuis un hôtel de la capitale économique marocaine.
Abdoulaye Wade, 87 ans, a ainsi expliqué avoir "attendu une heure, deux heures, trois heures" le feu vert pour décoller.
Des "services officiels à Dakar", a-t-il poursuivi, "ont dit avoir appris la présence dans l'avion de trois Marocains dont ils n'avaient pas les identités. Ils ont raconté n'importe quoi, il n'y avait aucun Marocain autres que le pilote et l'hôtesse de l'air".
"Ils ont essayé de retarder pour que les gens (souhaitant l'accueillir à Dakar, ndlr) se dispersent. Mais les responsables la-bas ont renvoyé la réunion à demain (vendredi). A 16h00, je serai à Dakar (...). Il y a simplement encore quelques petits problèmes à régler pour que demain je puisse partir d'ici", a-t-il ajouté.
L'avion privé loué par M. Wade avait quitté Paris mercredi matin et aurait dû atterrir le même jour à Dakar, où devait se tenir un grand meeting, maintenu en dépit de son interdiction par les autorités.
Ce scénario a été bouleversé pour des raisons dont les partisans de l'ex-président et ceux de Macky Sall, donnent des versions opposées.
Les premiers, à l'image de l'ancien chef de l'Etat, affirment que le régime a peur de ce retour. Les seconds dénoncent "un coup politique", la liste des passagers de l'avion ayant été selon eux volontairement modifiée à la dernière minute, ce qui nécessitait une nouvelle autorisation d'atterrissage.
De très nombreux partisans de l'ex-président, encadrés de près par d'imposantes forces de l'ordre, ont vainement attendu mercredi le retour de l'homme.
Abdoulaye Wade a décidé de rentrer de France pour soutenir son fils Karim, en détention préventive depuis plus d'un an. Il y a une semaine, une cour spéciale sénégalaise a décidé de le juger à partir de juin pour "enrichissement illicite" pendant les 12 ans de présidence de son père, dont il fut un proche conseiller, puis un ministre aux larges pouvoirs. Karim Wade, 45 ans, nie ces accusations.