C'est une journée chargée durant laquelle les différents protagonistes ont voulu tirer les ficelles chacun de son côté. A l'arrivée de ce jeu de dupes, la démocratie en a pris un sacré coup. Retour sur une journée de ping-pong.
Une véritable guerre des nerfs, c'est ce à quoi on a assisté hier. Les premières salves ont été lancées tôt le matin par Abdoulaye Wade lui-même. Depuis l'aéroport d’Orly, l'ancien chef de l’État déclare tout de go, au micro du correspondant de la RFM à Paris, que personne ne peut l'empêcher de tenir son meeting. Mieux, il demande à tous les Sénégalais de venir l'accueillir à l’aéroport.
Alors qu'on n'avait pas fini de commenter ces déclarations, la nouvelle tombe nette comme un couperet : l'avion de Wade est bloqué sur le tarmac de l’aéroport Mohamed 5 de Casablanca car l’État sénégalais aurait rechigné à accorder une autorisation d’atterrissage au jet privé du chantre du Sopi.
Faux ! rétorque Mame Mbaye Niang, tout nouveau PCA de AIBD. ''L'avion de Wade a reçu l'aval des autorités aéroportuaires sénégalaises de se poser sur le tarmac de l'aéroport Léopold Sedar Senghor. D'ailleurs, Abdoulaye Wade a obtenu l'autorisation depuis huit jours, sous le numéro 860.''
Au même moment, des rumeurs sont distillées sur l’état de santé du leader du Pds. Suffisant pour que ce dernier monte à nouveau au créneau. Sur les ondes de la radio Zik Fm, Wade dit ne souffrir de rien.
«Je me porte très bien»
''Je suis en bonne santé, je viens d'ailleurs de faire mon dernier bilan médical et tout est OK'', affirme-t-il. Mais l'objet de son intervention sur la «première radio urbaine du Sénégal», c'est surtout de déverser sa bile sur le gouvernement de Macky Sall, coupable à ses yeux d'avoir bloqué son avion à Casablanca. ''Au moment de décoller, le commandant de bord m'a fait savoir que nous n'avions pas l'autorisation d’atterrir à Dakar.
Les autorités aéroportuaires nous demandent la liste des passagers, alors que je l'ai déjà fournie depuis Paris. Ça fait six heures de temps que je suis injustement bloqué à Casa'', révèle Abdoulaye Wade pour qui la volonté du pouvoir de saboter son accueil est manifeste. Et les flèches de pleuvoir : ''Le Sénégal a violé mon droit d'aller et de venir. Je me demande toujours pourquoi l’État du Sénégal m'a retenu au Maroc.''
«Wade cherchait le buzz»
La réponse des autorités n'a pas tardé. Et c'est le Premier ministre qui se charge de porter la contradiction à l'ancien chef de l’État. Pour Aminata Touré, ''Abdoulaye Wade peut venir et repartir du Sénégal quand il veut. Tous ses avantages en tant que chef de l’État sont respectés et l’État est aussi respectueux de son statut d'ancien président de la République''. Mais pour Samuel Ameth Sarr, ''le gouvernement a délibérément bloqué le leader du Pds au royaume chérifien''.
A son tour, Abdou Latif Coulibaly s'est invité dans le débat. De l'avis du ministre de la Bonne gouvernance et Porte-parole du gouvernement, c'est Abdoulaye Wade qui a créé tout ce bruit pour faire le buzz sur son retour. ''Dans le premier manifeste qu'il a envoyé, il se fait accompagner de trois Marocains dont un certain Abdel Fatah.
Mais une fois au Maroc, il a demandé à ce que le manifeste soit changé. Désormais, il désire voyager avec les nommés Adama Sène, Abdoulaye Diène et Baye Moussé Ba. Normalement, les autorités aéroportuaires ont un délai de 48 heures pour étudier le changement de manifeste, mais elles ont tout fait pour lui délivrer l'autorisation portant le numéro 869 dans les heures qui ont suivi. Donc si Abdoulaye Wade est retenu à Casablanca, c'est de son propre gré''. Comprenne qui pourra...