L’affaire Pétro-Tim est en constante relance dans les médias, au rythme des sorties des uns et des autres dans cette affaire en passe de devenir le serpent de l’actualité depuis début juin.
Le Témoin quotidien, dans son édition de vendredi, rapporte que le leader du parti d’opposition PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), Ousmane Sonko, par ailleurs ancien candidat malheureux à la présidentielle de février dernier, "a brisé le silence", jeudi, lors d’une conférence de presse.
Une première selon le journal "depuis les révélations de la BBC sur le scandale des contrats pétro-gaziers impliquant l’Etat, l’entreprise Pétro-Tim de l’homme d’affaires Frank Timis, Aliou Sall, frère du président (Macky Sall), mais aussi le géant britannique BP".
Le Témoin quotidien rapporte que selon Ousmane Sonko, "dans cette nébuleuse aux relents de +crimes financiers et économiques+, il s’agit entre autres d’infractions au code pétrolier, à la Constitution sénégalaise, au statut général de la fonction publique, corruption et trafic d’influence, prise illégale d’intérêts et délits d’initié".
Il charge davantage le président de la République et son frère, les désignant, dans des propos rapportés par le quotidien L’As, ce qui fait dire Vox Populi que "Sonko balance ses missiles sur le...Macky".
"Le leader de PASTEF pour la négociation des contrats", indique le même journal, selon lequel ce faisant, Ousmane Sonko "a remis (...) au goût du jour, une promesse de campagne de Macky Sall".
Ousmane Sonko "a ainsi invité les Sénégalais à participer massivement au rassemblement pacifique de la plateforme citoyenne +Aar Li nu Bokk+ pour mettre la pression sur Macky Sall et l’amener à livrer à la justice, le maire de Guédiawaye", en l’occurrence son frère Aliou Sall, ainsi que "tous ceux qui sont trempés dans cette affaire", souligne Sud Quotidien.
"Le gouvernement dans les cordes, dans l’affaire Pétro-Tim, Ousmane Sonko tente d’instaurer un rapport de force pour que la révélation de ce scandale par la BBC aboutisse à une judiciarisation. Il appelle les Sénégalais, les jeunes notamment, à se mobiliser pour que cette affaire ne passe pas par pertes et profits", analyse le quotidien Enquête.
"Après la sortie du ministre-conseiller El Hadj Kassé dans l’affaire Pétro-Tim, la République est dans tous ses états", estime Walfquotidien, en allusion à l’entretien du chargé de la communication de la présidence de la République avec TV5 Monde, au cours duquel il a confirmé que de l’argent a été viré dans les comptes d’une société qui aurait appartenu à Aliou Sall, en contrepartie des services de consultance de ce dernier en matière agricole. Or, M. Sall a jusque-là démenti avoir reçu un quelconque virement.
Dans un documentaire publié le 3 juin dernier par la chaîne BBC et intitulé "Sénégal : Scandale à 10 milliards", le média public britannique fait état d’un paiement de 250.000 dollars, soit 146 millions de l’homme d’affaires Frank Timis à Aliou Sall, un point crucial de ses allégations de corruption dans l’attribution de contrats pétroliers au Sénégal.
La BBC affirme notamment démontrer comment la société de Frank Timis s’était vu retirer puis réattribuer une autorisation d’exploration après l’accession au pouvoir du président actuel Macky Sall, en mars 2012.
Le gouvernement a battu en brèche ces allégations, parlant notamment du reportage de la BBC comme d’un "tissu de contrevérités […] destinées volontairement à manipuler l’opinion et jeter le discrédit sur le gouvernement et l’État du Sénégal".
Mais le patron de PASTEF "vient d’en rajouter une autre couche", avec sa sortie, égratignant au passage la communication gouvernementale sur cette question. "C’est difficile de garder une cohérence dans le mensonge", dit-il dans les colonnes du journal Le Quotidien.
Enquête parle de son côté de "communication bancale" et affiche : "Dissonance troublante", après le "carton rouge" donné à El Hadj Kassé par Yakham Mbaye, le directeur général du quotidien Le Soleil, reprochant au premier sa sortie sur TV5 Monde.
"El Hadj Kassé, dont l’œuvre est apparemment commanditée, a usé de ruse pour tenter de poignarder Aliou Sall dans le dos", déclare Yakham Mbaye cité à la Une du quotidien Enquête.
"Cela a tout l’air d’une guerre fratricide au sommet de l’Etat. Alors qu’on n’avait pas fini de parler de la cacophonie dans la communication gouvernementale, El Hadj Kassé, Yakham Mbaye et Mahawa Diouf en rajoutent à la confusion déjà grande", relève ce journal.
Le Soleil s’intéresse, pour sa part, à la visite d’Etat du président Macky Sall en Côte d’Ivoire, soulignant que 5 accords de coopération ont été signés par les deux parties à l’occasion de ce déplacement.