L’appel à témoins lancé par le procureur de la République sur l’affaire Petro-Tim à la suite des allégations de corruption contenues dans un reportage de la BBC et les fuites d’un rapport de l’Inspection général d’Etat (IGE) sur le même sujet est largement commenté par les quotidiens reçus jeudi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye a annoncé mercredi l’ouverture d’une "enquête complète et approfondie" sur l’affaire Petro-Tim à la suite des allégations de corruption contenues dans un reportage de la BBC et visant Aliou Sall, frère du chef de l’Etat Macky Sall, dans le cadre des contrats pour l’exploitation du pétrole et du gaz découverts sur la Grande Côte.
Lors d’une conférence de presse, il a appelé toute personne détentrice d’une quelque information se rapportant à ce dossier à aider à la manifestation de la vérité.
"Allégations de BBC sur le gaz, le procureur lance les investigations", affiche à sa Une Le Soleil, soulignant que "tous les détenteurs de preuves (sont) invités à les mettre à la disposition de la Division des investigations criminelles (DIC)" tandis que la Section de recherche de la gendarmerie nationale est "aux trousses des diffuseurs" du rapport de l’IGE, officiellement non encore transmis au chef de l’Etat.
"Bass, à la traque !", s’’exclame Sud Quotidien à sa Une, notant que le procureur de la République "a lancé un appel à témoins afin que toutes les personnalités concernées par le dossier puissent comparaitre. Par la même occasion, il a assuré qu’aucun traitement de faveur ne sera fait dans cette affaire qu’il diligentera avec équité".
"Accusateurs, rendez-vous à la DIC", lance le quotidien Kritik qui écrit : "A ceux qui disaient que la balle est dans le camp du procureur, Serigne Bassirou Guèye a été on ne peut plus clair. (…) avec l’ouverture de cette information judicaire, l’initiative revient à ceux -là qui disent détenir des éléments de preuve compromettants".
"L’appel à témoins du procureur", affiche à sa Une Vox Populi qui précise que "le parquet confie l’affaire du pétrole à la DIC et le dossier du rapport de l’IGE à la Section de recherches".
Selon Enquête, "le procureur envoie du gaz". "Le procureur de la République lance un appel à témoins et déclenche la traque des divulgateurs du rapport de l’IGE. Ousmane Sonko, Aliou Sall, Mayeni Jones, Abdoul Mbaye, Frank Timis sont attendus à la DIC", écrit le journal.
Le quotidien Le Témoin qui voit Serigne Bassirou Guèye comme "un procureur en service commandé" évoque "un enterrement de première classe de l’affaire Aliou Sall". "C’est bien connu que quand on veut noyer un problème, on créée une commission d’enquête. Dans le cas d’espère, on saisit une justice tellement aux ordres qu’elle est en permanence au garde à vous (…)", écrit le journal.
"L’on est d’autant plus fondés à être sceptiques quant aux résultats de cette enquête à décharge pour Aliou Sall et son frère de président que la méthode d’investigation est sujette à caution (…). Cette saisine de la justice (…) est une pure comédie, une volonté de noyer le poisson dans la marée noire", ajoute la publication.
"Place aux funérailles du rapport de l’IGE si on applique la jurisprudence du rapport de l’ONFAC", estime Le quotidien Source A. "Tout comme Cheikh Oumar Hann (ancien DG du COUD) qui a constamment dit n’avoir jamais vu un rapport ni un pré-rapport de l’OFNAC, Aly Ngouille (ministre de l’Energie au moment de la signature des contrats pétroliers) a toujours clamé depuis 2017 n’avoir jamais vu de rapport ou de pré-rapport", explique Source A.
Dans un billet Le Quotidien prédit "une noyade de première classe" à cette affaire Aliou Sall. "On dit que pour noyer une affaire, il faut créer une commission d’enquête. A entendre le procureur parler de son enquête sur la gestion des contrats pétroliers du Sénégal, on peut penser que Serigne Bassirou Guèye est en train de de préparer un enterrement de première classe à cette affaire", écrit le journal.
"On imagine difficilement les Sénégalais se présenter spontanément pour apporter leur contribution à son enquête. Encore moins les opposants qui n’ont pas confiance en la justice. Le feuilleton du pétrole est donc bien parti pour être un gros sparadrap sur les doigts des frères Sall. Car insoluble", ajoute la publication.
Walfadjri parle de "cirque" et écrit : "Certains s’attendaient (…) à un réquisitoire de feu procureur de la République. D’autres à des révélations explosives et à l’annonce d’une vague d’arrestations. A l’arrivée, le pétard de Serigne Bassirou Guèye s’est mouillé et les Sénégalais ont eu droit à un accès direct au cirque".