Les journaux sénégalais reçus, jeudi à APA, traitent essentiellement de l’affaire Petro-Tim, avec notamment la mise au point du gouvernement faisant suite à la récente publication d’une enquête de la British Broadcasting Corporation (BBC) portant sur la gestion des ressources en hydrocarbures.
Sud Quotidien indique que « l’Etat brouille la BBC ». A en croire le gouvernement du Sénégal dont le porte-parole Ndèye Tické Ndiaye Diop (par ailleurs ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications) s’est exprimé, hier en conférence de presse, l’enquête de la BBC « est un tissu de contrevérités destinées volontairement à manipuler l’opinion et à jeter le discrédit sur le gouvernement et l’Etat du Sénégal ».
En effet, dans son enquête intitulée « Le scandale énergétique de 10 milliards de dollars (5855 milliards F CFA) », la BBC révèle qu’Aliou Sall (frère du président de la République) aurait permis à Frank Timis, un homme d’affaires roumano-australien, de décrocher des contrats pétro-gaziers au Sénégal moyennant des rémunérations indues, c’est-à-dire 25.000 dollars (14,6 millions F CFA) par mois et pendant cinq ans. Ce qui fait un pactole de 1,5 million de dollars (878 millions F CFA) versé à Aliou Sall.
Pour sa part, L’Observateur fait savoir que la prise de position du gouvernement consiste à « laver le linge sall », non sans ajouter que l’exécutif est « en communication de crise ». Dans les colonnes de ce journal, le chef de l’Etat Macky Sall soutient que « c’est une tentative de déstabilisation de notre pays ».
Poursuivant dans ce journal, le chef de l’Etat déclare : « Nous avons encadré tout le processus (d’exploitation du pétrole et du gaz) en procédant par anticipation dans l’impulsion des lois qui vont déterminer le mode de gouvernance des ressources ». Par conséquent, martèle Macky Sall, « dire que le Sénégal a perdu des milliards de dollars, du fait de prétendues transactions entre des sociétés pétrolières privées, relève d’une contrevérité ahurissante ».
Le chef de file de la mouvance présidentielle fait noter, dans Vox Populi, une volonté de la BBC « de soulever la colère des populations », avant d’affirmer qu’il n’est pas « un dirigeant qu’on peut soumettre ».
Sous le titre « le gouvernement contre-attaque », Le Soleil informe qu’Amadou Bâ, « le ministre des Affaires étrangères reçoit aujourd’hui l’Ambassadeur du Royaume-Uni à Dakar ». Selon le quotidien national, il ne s’agit pas d’ « une convocation qui indiquerait une tension diplomatique entre les deux pays (mais) Amadou Bâ mettra à profit ce tête-à-tête pour expliciter davantage les appréciations de l’Etat du Sénégal quant aux actes posés par la BBC ».
Dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur, Mayeni Jones, la journaliste de la BBC ayant mené l’enquête, a renseigné avoir travaillé sur ce dossier « pendant un an ». Répondant à ceux qui pensent que son enquête est déséquilibrée puisqu’il n’y a aucune interview des mis en cause, elle a fait remarquer que « la BBC a offert, à plusieurs reprises, l’occasion à Aliou Sall et Franck Timis de s’exprimer, mais ils ont refusé ».
En tout cas, faisant allusion aux différentes sorties médiatiques du camp présidentiel, Walf Quotidien estime qu’il y a une « grosse frayeur à bord ». Et selon ce journal, « le gouvernement (est) à la peine (puisqu’il) explique sans convaincre ».