Les associations de lutte contre la centrale à charbon de Bargny ne baissent toujours pas les bras. Leur conviction est renforcée par le constat fait des préjudices que l’usine est en train de causer.
‘’La centrale à charbon de Bargny est en train de causer énormément de dégâts’’. C’est l’alerte lancée par les membres du Réseau des associations pour la protection de l’environnement et la nature (Rapen) qui ont organisé une journée de sensibilisation sur la plage de Bargny Guedj contre les projets de combustibles fossiles.
Selon Daouda Larry Guèye, l’administrateur du réseau, ‘’aujourd’hui, la réalité des méfaits dépasse les calculs que nous avons faits. La centrale est en train de polluer de manière extrêmement dangereuse, sans même respecter les normes’’. Donnant des indications, l’environnementaliste précise que les cendres, qui cumulent à plus de 159 000 t, ‘’devaient être versées à la Sococim. Mais, actuellement, ils sont en train de les déverser à même le sol. De l’ordre de 2.5 microns, ces cendres sont tellement fines et avec le vent, elles se déversent dans tout Bargny Minam et le village de Sendou’’, alerte-t-il.
A cela, l’administrateur du Rapen ajoute : ‘’La centrale lave son charbon et ses machines. Et tous ces éléments sont constitués d’hydrocarbures et de métaux lourds. Ils sont versés en dehors de la centrale et en partie sur le site de Khelcom (site de transformation des produits halieutiques par les femmes) où on fait des produits alimentaires qui peuvent être infectés’’.
D’ailleurs, à ce propos, il renseigne que le Rapen a fait des examens au laboratoire d’analyses et d’essais de l’Ecole supérieure polytechnique. Ce qui permis de constater, selon toujours lui, que ‘’le taux d’hydrocarbure est à 1 440 microgrammes/litre, alors que la norme, au Sénégal, c’est 50 microgrammes’’. Ce qui lui fait dire que ‘’la centrale est en train de faire plus de pollution que ce qu’on attendait’’.
Dans le même sillage, il cite le mode de stockage du charbon qui ne respecte pas les normes. ‘’Le stockage du charbon est normé. On devait le mettre dans des zones imperméables, pour que la nappe phréatique ne soit pas infectée. Nous avons aussi analysé les eaux des puits et de mer, et on a constaté qu’elles contiennent des métaux lourds’’.
Du côté des femmes transformatrices de produits halieutiques regroupées sur le site de Khelcom voisin de la centrale, les préjudices commencent à se faire sentir. La présidente Fatou Samba : ‘’Nous commençons à subir les dégâts. Les eaux refoulées par la centrale ont commencé à envahir le site de Khelcom, occasionnant des pertes de centaines de milliers de francs Cfa. Comme vous le savez, l’économie locale à Bargny est adossée à la pêche et à la transformation des produits à 70 %’’. Pis, poursuit-elle, ‘’les gens commencent à tomber malades. On constate des irritations au niveau des yeux et des saignements du nez, chez les populations. Les maladies pulmonaires s’amplifient aussi. On craint pour les lendemains. On a toujours décrié cette cohabitation impossible et nous continuerons pour que la centrale disparaisse’’.
La réponse des autorités de la centrale à charbon
Pendant ce temps, les responsables de la centrale font toujours des pieds et des mains pour faire accepter le projet à la population. Les cérémonies de bienfaisance se multiplient en faveur des Bargnois et des Sendois. Ce week-end encore, l’usine a organisé une cérémonie de rupture du jeûne en faveur des femmes du site de transformation de produits halieutiques de Khelcom. Une occasion saisie par Mor Sèye Fall, le chargé des relations avec les communautés, pour apporter une réplique aux protestataires.
‘’Même s’ils ne sont pas assez représentatifs, dit-il, ces gens persistent à parler au nom de la communauté, encore que, parfois, les motifs du rejet ne sont pas compris. Ils sont minoritaires, mais continuent de manifester leur désapprobation au projet’’.
Mor Sèye Fall de dire que ces derniers vivent de la peur des populations. ‘’Ces Ong faisaient croire à la population que la centrale va fonctionner avec ce bruit émis lors de la phase test. Aujourd’hui, elle est opérationnelle et elle ne fait pas de bruit. La fumée est à peine visible. Les populations se sont rendues compte que la centrale est en train d’opérer sans que la fumée ne fasse peur’’.
Il faut aussi noter que la centrale a lancé les travaux de ‘’modernisation’’ du site de transformation de produits halieutiques de Khelcom. Elle promet la construction prochaine d’une école de 12 classes et d’un poste de santé.