La Cour d'assises de Ziguinchor (Sud) a prononcé, mercredi, l'acquittement des accusés Aboubacar Keïta et Amadou Sidibé, de nationalité gambienne et bissau-guinéenne, qui comparaissaient pour les délits de contrebande, détention et trafic international de cocaïne, a constaté l'APS.
La Cour a néanmoins ordonné la confiscation et la destruction de la drogue saisie.
Des éléments de de la douane du poste frontalier de Mpack, lors d'une opération contrôle de routine, le 25 avril 2010, ont découvert une sacoche noire scotchée avec deux sachets contenant de la poudre blanche dans la malle arrière d'un véhicule en provenance de Bissau.
Les analyses effectuées dans un laboratoire ont confirmé que c'était de la cocaïne d'un poids de 2.035 grammes. La valeur marchande de la drogue saisie était estimée à 101.750.000 francs CFA par la douane locale
Interrogés par les agents de la douane, les passagers n'ont reconnu être le propriétaires du sac incriminé. Le chauffeur du véhicule joint sur place Jean-Bernard, le rabatteur bissau-guinéen, qui avait procédé au chargement du véhicule.
Il a décrit le propriétaire de la sacoche contenant la drogue comme un homme mince, de taille moyenne et de nationalité gambienne.
Le témoin bissau-guinéen, joint au téléphone, ajoute qu'il était accompagné d'une autre personne de petite taille,en précisant que les deux étaient assis l'un à côté de l'autre.
Le chauffeur Boubacar Gassama, de nationalité bissau-guinéenne, ainsi que son compatriote Amadou Sidibé et le Gambien Aboubacar Keita ont été arrêtés et inculpés de contrebande, détention et trafic de contrebande.
A la barre, Aboubacar Keita, qui s'active dans le commerce du bois et de la friperie, a catégoriquement nié être le propriétaire de la sacoche contenant la cocaïne.
Il déclare ne connaître le rabatteur ni d’Adam ni d’Ève, affirmant qu'il s'était rendu en Guinée-Bissau pour prospecteur le marché du bois.
L'autre accusé Amadou Sidibé, commerçant à Bissau, a lui aussi maintenu ses dénégations tenues lors des enquêtes préliminaires et à l’instruction. Le bissau-guinéen a dit qu'il voulait se rendre en Gambie pour les besoins des funérailles de son oncle.
Selon lui, son voyage avec Aboubacar Keita qu'il connaissait à peine est une pure coïncidence.
L'avocat général Djibril Bâ estime que la cour a en face d'elle ''deux experts dans l'art de mentir'' en raison des propos contradictoires qu'ils ont tenus à la barre.
Déplorant l'absence de confrontations entre les accusés et les témoins, il estime néanmoins que les informations fournies par le rabatteur bissau-guinéen sont très importantes dans le procédure.
Selon lui, si Jean Bernard n'a pas fait le déplacement à Ziguinchor, c'est pour des raisons de sécurité.
Le magistrat a désigné Aboubacar Keita comme étant le véritable propriétaire de la sacoche contenant de la cocaïne. C’est pourquoi il a requis contre lui une peine de 10 ans de travaux forcés et l’acquittement de Amadou Sidibé.
La défense estime que les procédures du droit pénal ont été foulées au pied avec la non identification des témoins.
''Une personne nommée Jean Bernard avait procédé au chargement du véhicule. Personne ne le connait. C’est un fantôme qui s'appelle Jean Bernard qui a déclaré que le sac appartiendrait a Aboubacar Keita et Amadou Sidibé'', a dit Me Cheikh Amadou Ndiaye.
''Comment peut-on envoyer quelqu'un en prison sur la base d'un simple coup de téléphone? C’est trop léger. Tout le monde sait l'ampleur du trafic de drogue en Guinée-Bissau'', a ajouté l'avocat.
''En l'absence de preuves d'imputabilité, vous ne pouvez pas prendre pour argent comptant les déclarations de Jean-Bernard. Vous ne pouvez pas entrer en condamnation sur des bases aussi candides et légères'', a-t-il lancé au président de la cour, Daouda Carbonaté.
Me Ndiaye a demandé à la cour de prononcer l'acquittement pur et simple de ses clients en l'absence de preuves. La cour l'a suivi en prononçant l’acquittement.
