Les charrettes, habituellement privilégiées par les populations de Kaffrine pour leurs déplacements, gagnent davantage en importance pendant le ramadan en s’imposant comme le moyen incontournable par lequel les villages environnants de la capitale du Ndoucoumane s’approvisionnement en glace et autres produits de consommation.
Les fins de journées de jeûne offrent toujours ainsi un spectacle incontournable dans la capitale du Ndoucoumane, avec des rues, dès 17 heures, envahies par un nombre impressionnant de charrettes en provenance des villages environnants.
Elles sont principalement utilisées pour convoyer de la ville toutes sortes de produits de consommation prisés des populations pendant le ramadan, dont des quantités importantes de glace.
"Durant ce mois béni, avoir de la glace est un véritable casse-tête pour les populations du village de Affé Mouride. Pour espérer boire de l’eau fraîche après la coupure du jeûne, nous sommes obligés de prendre des charrettes qui nous servent de transport en commun pour nous approvisionner en glace à Kaffrine", explique Mouhameth Sy, le directeur de l’école de ce village situé à 7 Km de la commune de Kaffrine.
Ces charrettes servent en même temps à convoyer plusieurs autres produits de consommation et de la boisson, ajoute cet enseignant, selon qui ce moyen de transport devient particulièrement utile en cette période de jeûne.
"Nous quittons tous les jours nos villages pour Kaffrine dans l’objectif d’acheter des denrées, de la nourriture ou de la glace. Ces charrettes sont très utiles pour nous", note le jeune Babacar Wilane, habitant Toune Mosquée, à 3 kilomètres de Kaffrine, précisant que les prix appliqués vont de 100 à 200 francs CFA selon les situations.
"Nous n’avons pas d’électricité à Toune Mosquée. C’est pourquoi nous vivons parfois un ramadan difficile faute de la glace. Le sachet de glace qui nous est vendu à Kaffrine à 200 francs CFA ou à 175 francs devient parfois rare. Et souvent nous rentrons bredouille", a déploré le natif de Toune Mosquée.
Les charrettes, habituellement un moyen de transport privilégié dans ces contrées, deviennent "beaucoup plus utiles pendant le mois de ramadan. Grâce à ces charrettes, nous pouvons aller à Kaffrine et revenir avant la coupure du jeûne", souligne Modou Wilane, un conducteur de charrettes de 50 ans, habitant le village de Sikilo.
"Les charrettes ont des solutions à tout. Des sacs de riz, du foin, de la nourriture, elles transportent tout", au grand bonheur des villageois, observe Saliou Ndiaye, 30 ans, originaire de Affé Mouride. "La charrette fait le bus", résume Abdou Khadre Wilane, autre un usager habitant Toune Mosquée.
Venue de Ngouye en charrette pour acheter de la glace mais originaire de Toune Mosquée, Fatou Ndao, 60 ans, affirme n’avoir d’autre choix de celui de recourir à ce moyen de transport pour faire ses courses pendant le ramadan.
Pendant le ramadan, "chaque jour à cette pareille heure (17 h), nous sommes à Kaffrine à bord d’une charrette pour acheter de la glace. C’est dur mais nous n’avons pas de choix", dit-elle.
Et d’ajouter : "En tant que femme, ce trajet Toune Mosquée-Kaffrine nous fatigue. Nous venons à Kaffrine et retournons au village pour continuer les travaux ménagers. Si nous avions de l’électricité, on n’aurait pas faire un tel trajet".
C’est dire que d’une manière générale, la vente de glace est devenue, avec le ramadan, un business dans les villages environnants de la ville de Kaffrine.
"Depuis des années, en période de ramadan, ce commerce m’a permis d’améliorer ma situation et de subvenir à mes besoins", explique Mor Wilane, 42 ans et habitant Cassas, un village situé à quelques kilomètres de Kaffrine.
"Pendant ce mois, tous les jours, à partir de 17 heures, je viens à Kaffrine pour acheter beaucoup de sachets de glace que je revends une fois au village". Chaque sachet acheté à "100 ou 125 francs CFA à Kaffrine" est revendu "à 300 francs ou au minimum à 200 francs CFA. C’est un business qui marche bien", reconnait Mor Wilane, assis à bord d’une charrette.
Moustapha Ndao, un charretier habitant le village de Ngodiba, a le sourire aux lèvres en parlant de cette activité qui confirme-t-il est florissante pendant le ramadan, "un bon business dans les villages".
"Si la glace ne manque pas à Kaffrine, une fois au village, il m’arrive de vendre jusqu’à 6000 francs CFA de glace par jour. Grace à ma charrette, je suis à Kaffrine tous les jours à partir de 17 heures. Je fais à mon retour le tour des villages environnants. J’arrive à tout écouler car il fait chaud dans le Saloum", affirme Moustapha Ndao.