Pour avoir violé et assassiné sa petite amie, Awa Diop, en 2013, Mamadou Sakho alias Mouhamed Diop risque de passer le reste de sa vie en prison. C’est en tout cas la peine requise par le procureur de la République à son encontre. C’était hier, lors de la session de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) de Dakar. Selon lui, Mamadou Diop qui est accusé pour «assassinat suivi d’actes de barbarie, viol», a été placé sous mandat de dépôt le 11 août 2014. «Le 15 juillet 2013, la découverte du corps sans vie de Awa Diop a été faite au deuxième étage d’une maison en construction, à côté de son domicile. Les éléments des forces de l’ordre ont constaté que le corps a été trainé sur une dizaine de mètres. Ils ont pu relever sur place des traces de sang sur les parties intimes du corps de la victime et des cicatrices. Le certificat de genre de mort du médecin légiste a montré qu’elle est décédée suite à des strangulations traumatiques et de violence sexuelle», a-t-il tenté de rétablir les faits.
Revenant toujours sur lesdits faits, le maître des poursuites signale que tout est parti d’une dispute entre Mamadou Sakho et sa petite amie, Awa Diop sur une question d’infidélité, déclenchée dans la nuit de la veille du meurtre. Celui-ci l’accusait de le tromper avec un autre jeune garçon. Le lendemain, la fille s’est présentée chez Mamadou Sakho, vigile de profession, pour récupérer comme d’habitude, sa ration journalière. «La fille était venue prendre le lendemain son petit déjeuner. On n’a pas besoin d’argumenter sur le meurtre. Il a toujours reconnu les faits. Il l’a étranglé avant de l’assommer par une pierre. Il avait une haine contre cette fille. Pour déverser sa colère, il a fracassé la tête de celle-ci par une pierre pour s’assurer de sa mort», explique-t-il. A l’en croire, tous les témoignages des personnes trouvées sur place avaient convergé vers celui-ci, vigile dans ladite maison en construction, qui avait pris la tangente tout juste après «son acte criminel». Un an après les faits, soutient-il, il a été arrêté à Thiès. Et avant qu’il ne soit alpagué, l’accusé a eu à séjourner à Kaolack, à Gambie, à Ziguinchor, à Kolda, etc.
Pour sa part, l’accusé a avoué le cas de meurtre et récuse le «viol suivi d’actes de barbarie et de violence». Pour se dédouaner, il déclare avoir agi sous l’emprise de la colère. «Elle était ma copine. Nous sommes allés ensemble n’importe où. La violer ne m’a jamais traversé à l’esprit. Pour le meurtre, j’assume avoir été dominé par la colère. J’ai été dégouté», justifie-t-il, avant de revenir sur la scène. «L’affaire s’est déroulée devant la porte du garage, au rez-de-chaussée. Quand je lui ai remis l’argent pour son petit déjeuner, elle m’a montré le dos. C’est en ce moment que je me suis précipité pour l’étrangler. J’ai cogné sa tête contre un mur. Un instant, elle est tombée en syncope», narre-t-il. A l’en croire, il l’a acheminée vers les escaliers pour éloigner la scène aux yeux des passants. «Je doutais de sa survie parce qu’elle était tombée en syncope. Je ne voulais pas que les gens me retrouvent avec elle. Je l’ai trainée sur les escaliers pour la faire entrer dans une chambre. Je n’avais pas l’intention de la violer. Je ne savais même pas que des préservatifs se trouver dans la chambre. Au niveau du deuxième étage, je l’ai assommée des coups de pierres sur la tête. Elle a versé trop de sang jusqu’à tacheter mes habits. Après l’acte, j’ai pris un bain et changer d’habits avant de fuir», conte-t-il.
Quant à ses avocats qui assurent sa défense, ils ont plaidé l’acquittement. Pour Me Fama Dieng, le certificat de genre de mort attestant que la victime a été violée, n’est pas scellé dans le dossier. Il reste invisible. «A son absence, on ne peut pas dire qu’elle a été violée. Il a reconnu avoir la volonté de tuer. La veille des faits, il s’est rendu compte que la fille sortait avec un autre copain. Cela n’a pas empêché à la fille de venir réclamer le petit déjeuner. Il a dépensé tout son argent dans cette famille. Il a agi sous la déception. C’est un crime passionnel», défend- t-elle. L’affaire est mise en délibéré jusqu’au 25 juin prochain.