La concession faite par la majorité pour le choix d’une personnalité devant diriger le débat politique, peut être un cadeau empoisonné.
La sortie de la Ministre de la Microfinance, Zahra Iyane Thiam, sur le plateau de Grand Jury de la Rfm hier, récusant deux personnalités dont les noms ont été avancés par la Société civile, rend compte, encore une fois, de la difficulté de la tâche.
Le Pr Babacar Guèye du Cosce et Mazide Ndiaye de Pacte, ne seraient pas, aux yeux de la majorité, suffisamment ‘’neutres’’ pour devoir piloter le débat. La majorité considérant que l’on ne peut pas être juge et partie.
Ce qui se passe, c’est que c’est le concept même de ‘’neutralité’’ qui pose problème de nos jours. Nombre de personnalités dont le charisme et le nationalisme ne souffrent d’aucune contestation, ont cependant un passé d’engagement, un parcours qui fait qu’il est difficile de dire d’eux qu’ils sont ‘’neutres’’ au sens de quelqu’un qui serait à équidistance des chapelles politiques.
Néanmoins, il est important de faire remarquer que tout dépend de la confiance que les deux camps (pouvoir et opposition) leur accordent.
Quelle que soit la personne choisie, elle devra bénéficier de la confiance de tous pour pouvoir travailler correctement comme coordonnateur. Or, c’est cette confiance qui peut faire défaut si chaque camp se mettait à scruter le moindre indice d’appartenance ou de sympathie de la personne choisie envers l’autre camp.
En clair, nous pensons qu’il n’y a pas de personne parfaitement irréprochable et que de nombreuses personnalités, au Sénégal, feraient correctement le travail demandé. Il n’est pas difficile de trouver un profil convainquant.
A ce propos d’ailleurs, certains observateurs portent leur choix sur les Généraux à la retraite de l’Armée qui, naturellement, ne sont pas portés sur la chose politique.
Tout pour dire que beaucoup de Sénégalais en ont le profil et que cette question ne doit nullement être un prétexte à retarder la tenue des concertations.
Les deux différents camps politiques et la Société civile peuvent désigner chacun, en ce qui le concerne, un délégué dans une commission restreinte chargée de désigner cette personnalité. Et c’est loin d’être la mer à boire.
S’il est difficile de trouver quelqu’un de vraiment ‘’neutre’’, il est possible de mettre la main sur un Sénégalais qui va faire un travail neutre.
Car, même si cette question est importante, elle est loin d’être la plus utile pour le Sénégal. Ce qui importe, c’est la tenue de concertations inclusives, avec des solutions idoines à même de régler, à jamais, les questions récurrentes liées au fichier électoral et aux accusations de fraude liées aux élections. Bien sûr, d’autres questions d’intérêt national peuvent également être débattues en vue de solutions définitives. C’est cela l’essentiel et les questions de procédure pour arriver au consensus ne doivent pas retarder les débats.
Qui plus est, après la tenue des concertations, il sera tout aussi essentiel de la mise ne place d’un Comité de suivi, à moins que la Commission de pilotage ne s’en charge. Car, le gros souci que nous avons dans ce pays, c’est moins la réflexion, la planification que l’exécution. Nous avons un problème de mise en pratique de résolution. Et cela s’observe à tous les niveaux.
On agit souvent sous le coup de l’émotion, avec passion pour, quelques jours après, tourner la page et classer les conclusions dans les tiroirs pour les oublier.
Sur l’assainissement des rues, les déguerpissements, la question de la mendicité des enfants, de la traque des biens mal acquis, de la lutte contre les accidents routiers, un fléau national, des grèves dans l’enseignement public et autres questions non-politiques, les mêmes habitudes subsistent. Il n’y a point de solution définitive et les résolutions prises aujourd’hui sont oubliées le lendemain.
Alors, vivement que 2019 soit le début d’un changement de mentalité et de comportement d’abord au niveau de la classe dirigeante, ensuite au niveau des administrés qui attendent souvent que le bon exemple leur soit donné.