Quatre athlètes sénégalais devant prendre part aux championnats du monde de taekwondo, qui ont déjà démarré le 15 mai à Manchester (Angleterre), sont toujours bloqués à Dakar, faute de visas. Il s’agit de Matar Diao (-63 kg), Ababacar Sadikh Soumaré (-80 kg), Warkha Ngom (-67 kg) et Coumba Niang Ndoye (-53 kg). Dans un entretien avec EnQuête, hier, le président de la Fédération sénégalaise de taekwondo, Balla Dièye a expliqué les raisons de ce blocage et informé que les passeports des combattants avec la réponse des autorités anglaises seront reçus ce matin, à 11 h.
Il y a des combattants sénégalais qui sont bloqués à Dakar pour des soucis administratifs. Pouvez-vous revenir sur les détails de cette affaire ?
En fait, le problème c’est qu’on n’a pas encore reçu nos passeports avec les visas pour participer aux championnats du monde à Manchester (Angleterre). C’est la raison pour laquelle on est bloqué à Dakar. Malheureusement, c’est très difficile parce qu’on avait tout planifié depuis très longtemps pour obtenir les visas et partir le 10 mai pour arriver le 11. Il s’est avéré que cela a pris plus de temps qu’on l’imaginait. Ce n’est pas seulement le Sénégal qui est dans cette situation. Il y a le Mali, le Cap-Vert, le Niger, la Lybie, l’Algérie et beaucoup de pays africains.
Qui devait délivrer les documents en question ?
C’est l’ambassade de la Grande Bretagne au Sénégal. Mais, il s’est trouvé que celle-ci ne livre plus les visas. C’est une société de la place qui collecte les documents. Après la collecte, les documents sont envoyés en Grande Bretagne. Auparavant c’était à partir d’Accra, mais maintenant, c’est directement là-bas que les demandes sont traitées puis renvoyées au Sénégal. C’est la raison pour laquelle nous avons fait les applications ‘online’, depuis le 11 avril, et on a eu le rendez-vous le 26 avril pour déposer les passeports et tout. Ce qu’on a fait et on a même tout préfinancé. C’est ça qui explique que c’est long et qu’on n’a pas encore reçu nos passeports pour rallier Manchester.
Compte tenu de la longueur de la procédure de traitement de la demande de visa en Grande Bretagne, avez-vous réellement pris les dispositions pour être dans les délais, avant le démarrage de la compétition ?
J’ai vu dans la presse quelqu’un dire que le délai c’est six semaines. Cette personne est anti-fédérale. Elle ne connait même pas les tenants et aboutissants par rapport aux démarches administratives qu’on est en train de faire, depuis le mois de janvier. Imaginez que le Mali est dans la même situation que le Sénégal, de même que le Niger, la Lybie, l’Algérie, le Bénin, le Tchad, et de nombreux pays africains. Le vice-champion du monde, l’Ivoirien Firmin Zokou (+87 kg), sa demande de visa a été refusée. Comment tous ces pays peuvent avoir des demandes refusées et que quelqu’un se permette de dire que la fédération n’a pas respecté le délai de six semaines. Alors que, depuis le 11 avril, on était online.
Maintenant qu’est-ce que vous envisagez de faire ?
Depuis lundi passé, on est en train de courir de gauche à droite avec le ministère des Sports, celui des Affaires étrangères, en l’occurrence M. Diallo du service protocole qui nous a vraiment aidés, parce qu’il a saisi l’ambassadeur de la Grande Bretagne pour lui expliquer la situation. Ce dernier, même s’il nous a fait comprendre que les demandes de visas se traitent désormais directement en Angleterre, a appelé ses autorités pour les sensibiliser. C’est après le coup de fil de l’ambassadeur qu’on a reçu un mail nous informant que les documents sont traités et qu’ils sont en train de les acheminer à Dakar.
Vous êtes donc dans l’attente…
On est dans l’attente. On nous avait dit que c’était parti, depuis avant-hier (mardi). Normalement, on devait les recevoir aujourd’hui (jeudi) pour pouvoir partir ce soir. Je suis parti au centre des visas, ce matin, mais ils ne les ont pas encore reçus, parce que les passeports arrivent via DHL. On nous dit qu’ils arrivent demain à 11h (aujourd’hui). Si c’est le cas, il faudra encore vérifier si les visas ont été accordés. Le plus difficile, c’est que la compétition a commencé depuis le 15 mai jusqu’au 19. Les derniers athlètes qui sont là doivent combattre le 18 mai. Ce qui est juste pour eux, parce qu’il faut effectuer le voyage, faire la pesée avant de combattre. C’est un peu difficile. Mais c’est des athlètes de très haut niveau. Ils sont capables de s’adapter à n’importe quel type de situation, malgré que cela joue sur leur performance. Mais c’est les championnats du monde et ils y vont pour la gagne et prendre des points.
Nous avons deux athlètes là-bas qui combattent. Il s’agit de Moustapha Kama et Binta Diédhiou (-57 kg). Kama est N°1 mondial dans sa catégorie (-54 kg). Mais aux championnats du monde, c’est très difficile. Tout le monde est capable de battre tout le monde. Il faut qu’il se maintienne en cherchant à gagner des points dans cette compétition et d’autres à venir, comme les Jeux africains et les qualifications zone Afrique. C’est sur cette lancée qu’on va continuer.
Mais cette situation risque quand même de réduire vos chances d’atteindre vos objectifs ?
Comme vous le savez, les compétitions devraient permettre aux athlètes de gagner des points. Et c’est 120 points pour les championnats du monde. Si les athlètes font de bons résultats, c’est sûr et certains qu’ils vont participer aux Jeux olympiques. Nos combattants devaient partir dans l’optique de gagner des médailles et glaner des points. Il y a également les Jeux africains d’Agadir où il y a 40 points à prendre. A partir de ce moment, ils pourront prétendre être dans le top 6 mondial ou passer par les qualifications de la zone Afrique pour se qualifier aux JO.
Matar Diao, Ababacar Sadikh Soumaré, Warkha Ngom et Coumba Niang Ndoye sont les combattants qui restent à Dakar. C’est vraiment dommage, parce qu’ils se sont bien préparer ici au Sénégal, avec le coach Alioune Diovol. Ils pouvaient faire quelque chose aux championnats du monde en gagnant des médailles ou des points. Mais, on va essayer d’y croire, parce que ce sont des athlètes de très haut niveau avec un mental d’acier. Ils vont continuer à faire le travail.