Dans cette interview, le président de séance de la Coordination des étudiants de Saint-Louis, Daouda Sagna, revient sur les problèmes que rencontrent les étudiants de Saint-Louis et leur lutte pour que justice soit faite sur l’affaire Fallou Sène, leur camarade tué lors d’une grève, le 15 mai 2018.
Ce 15 mai 2019 marque l’anniversaire de la mort de l’étudiant Fallou Sène, tué lors d’une grève. Qu’est-ce qui est prévu ?
Pour l’anniversaire de la mort du camarade Mouhamadou Fallou Sène, la Coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl) a rédigé une plateforme d’action. Le mardi 14 mai, elle va organiser une marche pacifique qui aura lieu sur la Rn2, de la porte de l’université à la cité Boudiouck, dans le seul but de réclamer justice pour le camarade Mouhamadou Fallou Sène, qui est tombé sur le champ de bataille à l’intérieur du campus. Nous convions toutes les universités du Sénégal. Pour la journée du 15, la Cesl compte faire un récital de Coran à l’université suivi d’un point de presse. La Cesl a décidé de tenir toutes ces manifestations dans le seul but de pousser les autorités à diligenter le dossier sur l’assassinat de Fallou Sène. Réclamer justice pour lui est un sacerdoce pour nous. La Cesl continue de réclamer justice, un an après sa mort.
Où en est le dossier ?
Nous avons fait des points de presse pour réclamer justice. On collabore avec Amnesty International qui a mis à notre disposition un avocat. On est en train de suivre de près le dossier. Nous ne cesserons d’utiliser tous les voies et moyens pour que justice soit faite. Il faut qu’il y ait justice, dans les plus brefs délais. Nous ne voulons pas dévoiler tout, parce qu’il y a l’ennemi qui est à côté. Si on dévoile tous nos secrets, on sera faible devant lui. Et notre premier et seul ennemi sur ce dossier, c’est l’Etat.
Bénéficiez-vous toujours du soutien des autres universités ?
Oui, nous bénéficions du soutien de tous nos camarades. D’ailleurs, je tiens à préciser que, pour la marche de ce mardi, toutes les universités seront représentées et elles nous ont toutes donné leur accord. Nous bénéficions toujours de leur soutien, dans la mesure où elles ont compris que c’est dans l’union qu’on pourra régler beaucoup de choses. Il est même prévu la première réunion, aujourd’hui, pour ficeler la Coordination nationale des étudiants du Sénégal.
A part les exigences de justice sur l’affaire Fallou Sène, quelle sont les autres revendications ?
Il y a la question cruciale concernant l’assainissement. Au campus social, l’eau des fosses septiques, en plus de se déverser dans les rues, se déverse actuellement devant les portes de nos chambres. Nous sommes en train de vivre un calvaire sans précédent, inédit, et les autorités internes et externes sont insensibles à nos revendications. Il y a également le problème du wifi dont les autorités internes, le recteur et le directeur du Crous, nous avaient dit qu’ils allaient le livrer en fin avril. Jusqu’ici, il n’y a pas d’explication plausible sur la raison pour laquelle ce n’est pas fait.
Il y a la voirie interne dont 8 km de routes ont été octroyés à l’Ugb. Mais, actuellement, les allées menant vers les bureaux du recteur et du directeur du Crous ont toutes été réfectionnées. Alors qu’au campus social, les étudiants continuent à marcher sur le sable. Nous réclamons les 2,4 km de routes qui restent pour le campus social. Il y a le problème de la bourse.
Actuellement, à l’Ufr Agronomie, les étudiants en Master n’ont pas perçu leurs subventions et une partie de l’Ufr Lettres et sciences humaines, de même que l’Ufr Droit. Alors que dans toutes les autres universités du Sénégal, les étudiants ont perçu leurs subventions. Pour les nouveaux bacheliers de l’Institut polytechnique, ils n’ont pas perçu. Et il y a une insuffisance dans ce paiement. Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités sur cette question, parce qu’elle revient chaque année. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. On ne peut pas comprendre, à peine quelque mois après la mort de Fallou Sène à cause de la bourse, que les autorités aient l’audace de leur faire revivre ces mêmes problèmes. Alors qu’au mois de mai durant lequel est mort Fallou, la bourse a été payée deux fois pour le même mois. Le 15 et le 28 mai.
Nous sommes également confrontés à une promiscuité au niveau du logement. Les autorités, à travers le ministre sortant, avaient promis de livrer une partie des logements, au plus tard en fin février et jusqu’à présent, rien n’a été fait. Nous les appelons à tenir leur engagement sur le logement et de nous livrer les mille lits. Actuellement, les étudiants logent dans des conditions déplorables, à la limite inacceptables.
Le recteur avait annoncé une plainte et accusé les étudiants d’avoir saccagé ses locaux pendant des manifestations. Qu’en est-il ?
La coordination n’a jamais reçu de plainte venant du recteur. Nous profitons de cette occasion pour informer l’opinion nationale et internationale, contrairement aux allégations de certains médias, nous ne sommes pas violents. Nous posons des actes très responsables allant dans le sens de réclamer ce qui nous revient de droit, sans pour autant utiliser la violence. Lorsque nous faisons des sorties à la Rn2, c’est parce que la Cesl est dos au mur.
Des médias ont annoncé une grève illimitée à l’Ugb. Pourquoi ce mot d’ordre ?
Je précise que c’est une fausse information donnée par des médias. Ce sont ces deux médias qui avaient dit que la Cesl avait usé de violence sur le recteur et que lui-même avait démenti. Ils avaient dit aussi que la Cesl avait violenté un professeur dans l’exercice de ses fonctions et le professeur lui-même avait démenti. Ces deux médias, de connivence avec les autorités internes, ne veulent que le chaos dans cette université. Je tenais à clarifier que c’est une fausse information. La Cesl n’a jamais décrété de grève illimitée. C’est une fausse information.