''Croire en la démocratie implique que l'on croie à des choses plus hautes que la démocratie'' (Ludwig VonMises).
Si l'adolescence est considérée comme une phase complexe pour les jeunes des deux sexes, si elle est vécue par les parents comme un vrai cauchemar, c'est parce qu'elle est lourde de tous les dangers.
Certains ne s'en sortent malheureusement jamais et traînent les séquelles d'une mauvaise négociation de cette phase-là, leur vie durant. Cela ne concerne pas que les humains mais aussi la démocratie, un système politique imparfait, si beau et si fragile à la fois...
Le Sénégal est sans doute un cas d'école car nous avons encore du mal à bien grandir avec notre... si chère démocratie chantée sur tous les tons. A bien traquer le discours politique et même celui produit par le citoyen lambda (wax sa xalaat), nous avons l'impression d'être encore au Moyen-âge de la politique, au sens noble du terme. L'espace public tout entier semble s'engluer dans la bave et l'invective. Le consensus se négocie aux forceps.
Un responsable politique a-t-il besoin de marquer son territoire, surtout dans le contexte actuel de compétitions locales, qu'il s'en va puiser son inspiration dans le lexique le plus ordurier possible. Le niveau de discours, les ''mots clefs'' de cette quête assoiffée d'influence et de pouvoir, sont bien souvent des injures, des dénigrements et même des ''fables'' créées de toutes pièces pour flinguer un adversaire gênant.
En plein dans le mile, l'effet est souvent désastreux. Lorsqu'on l'atteint, les ravages sont visibles. Ainsi, les partis politiques qui étaient jadis des creusets d'éducation, au point de formater idéologiquement des générations de citoyens, tendent de plus en plus à devenir des espaces plutôt influencés par la culture de l'arène : la ''lamb formula'' !
Les médias en rajoute
On avait pensé qu'avec la chute de Wade, la page allait être tournée, mais que non... Moustapha Niasse a d'ailleurs été un des derniers cobayes de cette ''expérimentation'' qu'il avait été rudoyé par...
un certain Moustapha Cissé Lô dont le nom sonne aussi...El Pistolero. Il n'est pas le seul, car pour liquider Abdoul Mbaye, il a fallu chercher l'inspiration jusque dans le désert... tchadien. Abdoul Mbaye lâche-t-il la barre si glissante de la Primature qu'on ne parle même plus de lui.
Les faits gravissimes qu'on lui a opposés pendant des mois n'existent subitement plus. Dans la guerre pour le pouvoir, tous les moyens semblent bons pour liquider un adversaire gênant. Les médias ne viennent malheureusement pas tamiser ; ils en rajoutent, avec l'effet grossissant de certaines revues de presse qui nous confortent aussi dans l'idée que nous sommes en plein dans l'ère de la ''démocratie du bruit'', de la ''Fitna'' et de la mise en scène.
Certains diront que le ver est dans le fruit, que c'est notre culture. C'est vrai qu'hier, Zoss a cassé le doigt de Gouy Gui. Il n'y a pas eu de combat mais le public n'a pas semblé trop mécontent ! Des fumigènes et pétards ont même été allumés pour savourer la ''victoire'' de Zoss.
Mais plus sérieusement, il faut soupçonner le président Me Wade d'avoir inauguré cette séquence historique en chauffant la rue chaque fois qu'il l'a voulu. Cette politique du turbo est d'ailleurs la véritable génitrice des différents gouvernements d'union nationale d'avant 2000.
Diouf qui avait une peur bleue du feu et du bruit, avait fermé les yeux sur tout, y compris l'assassinat de Me Babacar Sèye. L'arrogance peut aller jusque dans le fait d'imposer de nouvelles règles électorales, en jouant sur sa majorité mécanique qui obéit au claquement de doigt...Mais c'est un bien autre débat...
Assumer notre leadership
Pourtant le Sénégal a aujourd'hui des ''médailles'' à exhiber, après près de 15 ans d'expérimentations réussies d'alternances au niveau central du pouvoir comme au niveau décentralisé (mairie de Dakar).
Il va bien falloir, avec le niveau d'évolution de notre démocratie, travailler à rendre nos atours plus policés. Bref, il faut assumer notre statut de leader dans ce domaine. L'assumation signifie bannir la violence verbale du champ politique et encourager les échanges qui font bouger la machine, surtout celle économique.
Ne faut-il pas encourager et même provoquer, par une politique volontariste, une autre façon de faire, autre que celle...musculaire. Le lexique ''Yen a marre'' qui fait encore des émules, n'avait de sens que parce que Me Abdoulaye Wade voulait confisquer le pouvoir au profit de sa famille.
Lorsque le système de libertés que garantit la démocratie est menacé dans ses fondamentaux, chacun a le droit de défendre son espace vital, y compris par la force physique. Mais lorsque rien de spécial ne se passe, et qu'un gouvernement déroule son programme en attendant les élections, rien ne doit justifier les ''aboiements'' inutiles.
Le cardinal Théodore Adrien Sarr en parle avec raison dans son discours de Pâques. Puisse-t-il être entendu et compris ! Allelua !