Le producteur de cinéma sénégalais Oumar Sall a jeté un regard critique sur les séries sénégalaises. Invité de l'émission "Jury du dimanche" d'I-Radio, il révèle que ces téléfilms "doivent encore travailler sur la qualité des images". Il précise : "Il faut copier le dynamisme de l'étranger. Il ne faut pas attendre l'État, mais l'investisseur. C'est le fort du cinéma nigérian. Il faut travailler le corps d'un téléspectateur par la puissance des images matérielles que nous envoyons, par ce que l'on appelle 'la ressemblance' ou par 'l'invention'."
Sall ajoute : "Il ne s'agit pas seulement d'envoyer des images matérielles caractérisées, il s'agit également de comprendre que beaucoup de Sénégalais n'ont pas les moyens. Il faut être modeste dans ce que nous faisons."
"L'avenir du cinéma sénégalais est derrière nous"
Jetant un regard critique sur le cinéma sénégalais de façon générale, le producteur se montre sans concession : "Dans les années 1970, le cinéma sénégalais était là, bien présent. On avait presque 70 salles de cinéma. Il y avait aussi une participation de l'État dans le financement du cinéma. Il y avait donc une base d'une industrie cinématographique. C'est pour dire que l'avenir du cinéma sénégalais est derrière nous."
Oumar Sall considère que "cette disparition des salles est aussi accentuée par le plan d'ajustement structurel où la culture a été reléguée au second plan". Il regrette : "Aujourd'hui, on nous parle de sous-secteur. C'est ce qui fait que ce cinéma est au point mort."
Sall est le producteur d'"Atlantique", le film de la Sénégalaise Mati Diop sélectionné pour l'édition 2019 du festival de Cannes. Avec une expérience de 46 ans dans le milieu du cinéma, il a connu des succès avec "Félicité" (Grand prix du jury Berlinale de 2017 et l'Étalon d’or la même année) et "Tey" d’Alain Gomis (Étalon d’or de Yennenga 2013). Il est aussi co-producteur exécutif des films "Quai d’Orsay" de Bertrand Tavernier, "Cessez-le-feu" d'Emmanuel Courcol et Fidélio" de Lucie Borleteau, nommé aux Oscars en 2015.