Affirmant que la Société de transformation d’alcool pur (Stap) qu’il dirige est 100 % d’accord avec les inquiétudes relevées par le président de la République, David Attal soutient tout de même qu’il n’est pas de leur ressort de contrôler la vente finale de leurs produits finis commercialisés sur l’ensemble du territoire national. Il demande que l’âge de consommation de l’alcool soit relevé à 21 ans.
Implantée à Thiès depuis 15 ans, la Stap s’active dans la production de l’alcool. Il y a 10 ans, cette entreprise fabriquait des ‘’Jakarta’’, avant que l’État ne décide d’interdire leur production et commercialisation à travers le pays. Aujourd’hui, elle ne produit aucune boisson alcoolisée de moins de 50 cl. Car le ministère du Commerce avait sorti l’arrêté ministériel n°18757 en date du 18 septembre 2015, ‘’portant interdiction de la fabrication, de l’importation et de la vente des formats de boissons alcoolisées d’un volume titrimétrique de plus de 18° et de contenance inférieure à 50 cl, quel que soit le type d’emballage utilisé’’.
En dépit de cet arrêté ministériel et les sanctions prévues par la loi, l’alcool continue d’être vendu au détail dans des bars et autres dépôts de boissons alcoolisées à Thiès. Cependant, le directeur général de la Stap, qui dit être contre la fabrication des dosettes en sachet, demande à l’État de mettre tout en œuvre pour trouver des solutions adéquates à la vente au détail, synonyme d’accès facile de la jeunesse à l’alcool. ‘’L’État avait autorisé une société indienne établie à Rufisque à produire les sachets. Pendant ce temps, nous on ne produisait pas. Cette entreprise a commencé à fabriquer ces sachets et à vendre partout. Après, une autre société est installée à Dakar et a commencé aussi à produire. Quand on a su que cette vente prenait de l’ampleur, on s’est également lancé, après avoir reçu l’aval du ministère du Commerce. Mais on se rendait compte que ce format n’était pas adapté et bon pour la jeunesse. Mais ça fait 10 ans que les sachets de liqueur ne sont pas produits au Sénégal’’, confie David Attal à ‘’EnQuête’’.
Il précise que c’est la concurrence qui avait poussé la Stap à se lancer dans la fabrication de dosettes en sachet communément appelées ‘’Jakarta’’, qui se vendaient entre 300 et 400 F Cfa. Abordant la question proprement dite de l’accès facile de l’alcool aux jeunes, David Attal souligne qu’il est plus important à Dakar qu’à Thiès. ‘’A Dakar, l’alcool est beaucoup plus accessible aux jeunes. Il faut aussi noter que les pays limitrophes produisent des sachets. On ne peut pas contrôler la vente finale de l’alcool. Ce n’est pas notre rôle. Cela fait 10 jours que la polémique fait rage dans les réseaux sociaux et personne n’a brandi un seul sachet venant du Sénégal. Mais il y a d’autres phénomènes qui existent, parce qu’éliminant les sachets, ils vendent au détail. On ne peut pas le contrôler’’, se défend toujours le directeur général de la Stap.
Pour parvenir à une solution efficace à même d’épargner les jeunes, M. Attal pense qu’il vaut mieux structurer et réglementer la vente d’alcool au Sénégal. Normalement, ajoute-t-il, le client qui se présente à un vendeur pour l’achat de l’alcool doit se munir de sa pièce d’identité nationale. ‘’Le meilleur moyen de contrôler la vente au détail, c’est de parvenir à un partenariat entre l’État et les sociétés structurées. Il faut également relever l’âge de consommation d’alcool à 21 ans (il est actuellement à 18 ans). Si la personne n’a pas 21 ans, elle ne doit pas prendre de l’alcool. Il faut protéger la jeunesse. Je suis tout à fait d’accord avec le président Macky Sall. Le meilleur moyen de protéger la jeunesse, c’est de contrôler les ventes au détail. Il faut aussi surveiller les enfants, dès le bas âge et leur faire part des dangers de l’alcool’’, préconise David Attal.
Dga Stap : ‘’On a aucun intérêt à mettre en péril la société’’
Tout comme le directeur général David Attal, qui soutient que lui et ses collaborateurs ne peuvent, en aucun cas, être tenus pour responsables de la vente de l’alcool au détail, son directeur général adjoint souligne que leur travail s’arrête à la fabrication autorisée en juin 2017 par la Division de la consommation et de la sécurité des consommateurs, sous le n°267/2016/Fra. Mais pas au contrôle de leur produit, une fois mis en vente sur le terrain. ‘’Nous ne sommes aucunement responsables de cette vente d’alcool au détail. Ce qu’on peut faire, c’est créer des produits à partir de 50 cl, suivant les interdictions de l’arrêté ministériel de 2015. Donc, cette vente au détail de sachets ne peut aucunement venir de notre société. Nous ne vendons qu’à des structures, que ça soit des supermarchés, des grandes surfaces et alimentations. On ne peut pas contrôler cette vente au détail’’, clarifie Salim Mazkour.
Ainsi, le Dga de ladite société indique que ce qui se passe en dehors de leur cadre de travail ne saurait leur être imputé. ‘’On n’a aucun intérêt à risquer la vie de toutes ces personnes qui comptent sur nous. On n’a aucun intérêt à mettre en péril la société’’, dit-il, invitant aussi l’État à sévir pour arrêter la vente au détail.