Le Sénégal est bordé à l’ouest par les côtes atlantiques, le Mali à l’est et la Guinée et la Guinée-Bissau au sud. N’oublions pas la Gambie qui est enclavée dans le Sénégal. Le Sénégal a toujours été un pays à la fois de départ et de destination. Un immigrant est une personne de nationalité étrangère qui réside au Sénégal depuis plus de six mois. Selon les dernières études, l’immigration au Sénégal est dominée par les pays limitrophes, comme la Guinée avec 43 % d’immigrés, le Mali avec 10 %, la Gambie avec 7 % et la Guinée-Bissau avec 6 %. Ces quatre pays représentent plus de 65 % de la population étrangère établie au Sénégal. Savons-nous vraiment qui sont sur notre sol ? Sommes-nous à l’abri d’une attaque terroriste ?
Frontières poreuses
Le Sénégal est un pays avec une grande affluence de flux migratoires réguliers et aussi irréguliers. Malgré cela, nous ne disposons pas de politique migratoire formelle, le fléau est géré par divers ministères et acteurs de développement. Ce manque de coordination et de politique formelle représente un grand danger pour le Sénégal. Le Sénégal n’est pas en mesure de surveiller de manière adéquate l’étendue de ses frontières terrestres. Le système de fichier n’est pas bon, ce qui fait que le Sénégal n’arrive pas à suivre des personnes dangereuses qui sont sur son territoire.
C’est ainsi qu'Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba Diakité qui avait pris part au massacre d’opposants en Guinée, s’est réfugié au Sénégal durant ses sept ans de cavale sous une fausse identité. Il était visé par un mandat d'arrêt international. Les mouvements transfrontaliers et le manque de moyens posent un sérieux problème au Sénégal. Comment est-il rentré au Sénégal sans que les services compétents ne soient au courant ? Comment y est-il resté toutes ses années sans qu’on ne s’en rende compte ?
Des Mauritaniens qui sont membres d’Al-Qaida et qui avaient perpétraient des meurtres sur des touristes français, à Aleg, en Mauritanie, ont réussi à traverser le Sénégal jusqu’à se rendre en Guinée-Bissau. Comment ont-ils traversé le Sénégal du Nord au Sud en traversant quatre frontières ? N’auraient-ils pas pu commettre d’attentats au Sénégal ? Bref, ils avaient été arrêtés en Guinée-Bissau avec l’aide des autorités françaises. Le Sénégal n’est pas en mesure d’identifier et de combattre les menaces terroristes et requiert une formation supplémentaire.
Pour démontrer qu’ils font des efforts dans ce sens, nous avons assisté aux jugements des citoyens sénégalais pour apologie du terrorisme de la part de l’Etat. Ils étaient accusés de vouloir établir une cellule terroriste au Sénégal. Le principal suspect, Alioune Ndao dit Imam Ndao, que l’Etat voulait emprisonner pour 30 ans, n’a finalement été infligé que d’une peine d’un mois avec sursis pour possession illégale d’armes à feu. Quinze des accusés ont été acquittés par manque de preuves, tandis que les treize autres accusés ont eu des peines plus courtes que celles recommandées par les procureurs. Procès de dissuasion ?
Ce partenariat transsaharien
Le partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme a vu le jour en 2005, il s’agissait des États-Unis et de neuf pays africains que sont le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, la Mauritanie, le Mali, le Sénégal, le Niger, le Tchad et le Nigeria. Les États-Unis, par le biais de l’USAID, le département de la défense et les agences du gouvernement fédéral américain soutiennent le partenariat avec les ressources et les compétences nécessaires. Le but de ce partenariat pluriannuel est de former et de doter les pays des ressources nécessaires pour combattre les organisations terroristes, et perturber les efforts déployés dans le recrutement et la formation de nouveaux adhérents.
Tous les pays de l’Afrique de l’Ouest sont incapables de combattre le terrorisme en raison du manque de ressources, et surtout de ressources financières. Certains pays ne disposent pas des équipements de détection et de surveillance pour pouvoir respecter les conventions antiterroristes. Il y a aussi un problème de ressources humaines, avec la plupart du personnel manquant de formation dans le domaine du terrorisme. Il faut des coopérations avec des pays vivant avec ce problème pour nous exposer à ce fléau pour pouvoir mieux le combattre.
Avec un budget de 200 milliards 576 millions, le problème est loin d’être réglé. Il faut dépenser beaucoup plus pour s’assurer de la sécurité de notre pays. Nous devons disposer d’un système adéquat pour pouvoir faciliter le partage rapide d’information entre les différentes agences. Nos services de police, de gendarmerie et de douane sont sous-équipés et surtout mal équipés, ce qui ne peut pas prévenir le trafic transfrontalier illicite.
Le Sénégal est un pays stratégiquement bien placé et sa stabilité est notre raison principale de survie. Malgré la stabilité du pays, il faut noter que le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres, donc il est très important qu’on préserve cette stabilité à tout prix. Si le Sénégal subissait une attaque terroriste, cela changerait à jamais l’image du Sénégal, pays de la Téranga. L’état doit mettre les moyens qu’il faut et reformer l’immigration pour savoir qui se trouve sur notre sol et qui y rentre.
« Le terrorisme nuit à tous les pays - petits et grands, riches et pauvres » Ban Ki-Moon