En attentant l’application de la nouvelle Réforme de l’éducation de base fondée sur l’Approche par les compétences (Apc) et la mise en œuvre des recommandations des Concertations nationales sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur (CNAES) ainsi que celles des Assises de l’éducation, l’Ecole sénégalaise continue de vivre les heures sombres de sa décadence. Toutes choses que continuent de renseigner des études réalisées par plusieurs spécialistes et laboratoires spécialisés. Face à ces , le pays peine encore à trouver des solutions idoines.
54 ans après l’accession du Sénégal à l’Indépendance, son système éducatif continue de vivre les heures sombres de sa décadence à cause surtout de la baisse constante de sa qualité et de ses performances à tous les niveaux.
Ce que du reste a fini de confirmer l’actuel ministre en charge du secteur, Sérigne Mbaye Thiam, qui déplorait le bas niveau des enseignants dont seuls 9% , disait-il, sont capables de dispenser des cours en français, la langue d’apprentissage à l’Ecole. Dès lors il n’est pas étonnant de constater les mauvaises performances enregistrées en lecture, écriture et calcul des élèves de l’école de base, telles que l’ont révélé toutes les récentes études réalisées sur la question dont la dernière en date est celle du laboratoire Lartes (Jangaando) du Pr Abdou Salam Fall, de l’Université Cheikh Anta Diop, venue confirmer cette tendance grave. Selon cette dernière étude, “81 % des enfants sénégalais âgés entre 6 et 18 ans, présentent de sérieuses lacunes en lecture, calcul et culture générale”.
A l’issue des tests réalisés au cours de cette étude en français, le taux d’échec a été de 81%. Une situation gravissime qui, à quelques encablures de la tenue au Sénégal du Sommet de la francophonie, le pays qui a longtemps été considéré comme le plus francophone ( en termes d’enseignement et d’expression ) dans cet espace linguistique, peut bien être un motif d’inquiétude.
Et pour bon nombre de pédagogues sénégalais, le règlement des difficultés liées à la qualité et à la performance des apprentissages passera nécessairement par l’introduction des langues nationales à l’Ecole. Les tenants de cette thèse estiment qu’il serait trop de demander à un enfant en bas âge de performer dans un système comme le nôtre alors qu’il n’a pas le français comme langue maternelle. Cette thèse peut ne pas être totalement fausse d’autant plus qu’en France, les zones de grande concentration de minorités composées pour la plupart d’immigrés constituent des îlots de difficultés pour le système éducatif.
Probablement d’ailleurs c’est à cause de ces problèmes que dans le dernier classement du Programme International d’Evaluation (PISA), la France se retrouve très loin derrière les pays asiatiques dans le Top 20 des pays aux systèmes éducatifs les plus performants. L’étude qui a donné ce classement a porté sur 510 000 élèves issus de 65 pays, tous âgés de 15 ans. Les élèves en question ont été testés sur des épreuves de mathématiques, lecture et de culture scientifique.
Leçons à tirer
A l’issue de cette évaluation, les pays asiatiques ( qui enseignent dans leurs langues), comme le Singapour, Hong Kong, Taiwan, Corée, Macao, japon, caracolent en tête devant les autres pays du monde. Parmi les plus performants en Europe, on compte la Suisse, les pays Bas, la Belgique ou la Pologne.
La France, ancienne puissance coloniale du Sénégal, et qui sert de modèle de référence à son système éducatif, se retrouve ainsi en 24éme position avec seulement 495 points contre 573 pour Singapour, 561 points pour Hong Kong, 560 pour Taiwan ou 554 points pour la Corée. Une révélation qui avait déclenché un tollé général en France où l’opinion de façon générale, a accusé les régimes qui se sont succédé ces dernières décennies à la tête du pays, de n’avoir pas fait de l’Education et la Formation leur priorité au point d’avoir laissé pourrir le système qui est marqué aujourd’hui par de fortes inégalités et des échecs scolaires massifs d’élèves issus des milieux défavorisés. Car les élèves français, de façon générale, sont classés parmi les moins performants en lecture, en mathématiques et en culture scientifique en Europe, c’est-à-dire largement derrière des pays tels que la Suisse qui est arrivée 8éme dans le classement avec 531 points ou encore la Finlande qui occupe le 11éme rang avec 519points. Une situation jugée plus que grave par les Français de tout bord, lesquels exigent des corrections d’urgence.
Cette réaction énergique des Français aura permis d’apporter d’importantes corrections en vue d’une meilleure prise en charge des enfants en difficulté. Une telle réaction devrait inspirer le Sénégal en mettant un terme à la crise profonde, structurelle et durable, qui mine l’Ecole. Un système où on n’enseigne plus assez en raison de la mésentente entre ces piliers que sont l’Etat, les enseignants et les apprenants. D’où l’appel à la refondation de l’Ecole Sénégalaise par des Assises nationales qui, certainement, ne signifient ni planification, ni règlement des préoccupations syndicales et autres, mais plutôt la définition de nouvelles orientations d’une Ecole articulée à nos valeurs et ambitions propres en tant que nation appelée à compter souverainement sur ses propres forces pour émerger.