Son Eminence, le cardinal Théodore Adrien Sarr, a présidé, le week-end dernier, la veillée pascale et la messe du dimanche de Pâques à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Dakar. Lors de ces célébrations, l’archevêque de Dakar a demandé aux chrétiens de bannir la chose mystique en évitant de faire recours aux forces occultes car elles entretiennent la peur, la suspicion, la méfiance et empêchent certaines personnes de prendre leur destin en main. Le cardinal Sarr a également fustigé le laxisme, le manque de rigueur des Sénégalais, le non-respect du bien commun, avant d’inviter les chrétiens à combattre l’injustice et le mensonge.
La cathédrale Notre Dame des victoires de Dakar a brillé de mille feux avec un joli décor de l’autel ce week-end pascal. Une manière pour l’église mère de Dakar d’accueillir, dans la joie de la victoire, Jésus-Christ crucifié et ressuscité ce dimanche de Pâques. Les fidèles catholiques qui étaient tristes vendredi ont accueilli avec joie la résurrection du fils de Dieu en chantant d’une seule voix « Alléluia le Christ est vraiment ressuscité ». Le cardinal Théodore Adrien Sarr qui a présidé la veillée pascale, faisait partie de ces nombreux fidèles qui ont pris d’assaut la cathédrale du Souvenir africain dès la tombée de la nuit.
Mais les festivités pascales ont commencé aux environs de 22h par le rituel du feu que le cardinal Sarr a allumé dès son entrée à la cathédrale jusqu’à l’autel. Cette lumière est distribuée à tous les fidèles car elle est le symbole du Christ ressuscité. Ce rituel du cierge pascal cède la place à la liturgie qui comporte deux autres rites : celui de la parole avec une série de textes bibliques qui s’achève par la lecture du récit évangélique de la résurrection.
Se libérer de l’esclavage de l’argent
Il est suivi du rite eucharistique, c’est-à-dire la messe qui est, selon la foi chrétienne, le mémorial de la passion et de la résurrection du Christ. Ces rites ont été célébrés avec une grande solennité. Ces différentes cérémonies sont suivies de l’homélie de l’archevêque de Dakar.
Dans son message pascal, le cardinal Théodore Adrien Sarr a invité les chrétiens à se libérer de beaucoup de façons de voir et de faire dont ils sont esclaves. « Pensons à tous ces préjugés ambiants, comme ceux de l’ethnocentrisme, du tribalisme, du racisme, entre autres, qui nous entraînent vers l’indifférence vis-à-vis des autres, dans le mépris des autres ou la haine envers eux », a dit le cardinal Théodore Adrien Sarr. Il a demandé aux fidèles de se libérer de l’esclavage de l’argent avec toutes ses formes de corruption, de l’alcool, de la drogue, de la pornographie, etc.
Combattre le mensonge
Le cardinal Sarr a suggéré aux fidèles de s’approprier la victoire de la résurrection du Christ, de la mettre en application dans leur vie personnelle, celle de leur communauté, mais surtout au Sénégal d’aujourd’hui où le laxisme, le manque de rigueur et le non-respect du bien commun rythment le quotidien des Sénégalais.
Et l’archevêque de poursuivre son homélie en demandant aux fidèles de croire en Dieu « que dire de la foi aux forces occultes qui entretiennent la peur, la suspicion et la méfiance vis-à-vis des autres ». Le prélat qui a souligné que le recours aux pratiques mystiques empêche certaines personnes de prendre leur destin en main. Ces pratiques sont aussi présentes dans les entreprises où les travailleurs ne se font plus confiance.
Pour libérer l’homme de tous ces maux de notre société, Mgr Théodore Adrien Sarr a proposé aux chrétiens de bannir toutes ces pratiques mystiques qui empêchent l’homme d’être libre. « Au lieu croire en Dieu et de prier, certaines personnes préfèrent confier leurs destins aux marabouts et aux féticheurs », affirme le guide religieux, qui, dans la même lancée, a invité les fidèles à combattre l’injustice et le mensonge, deux tares de la société sénégalaise. «En tant que chrétiens, nous devons nous opposer avec la dernière énergie aux menteurs », a soutenu le père évêque. Il a également exhorté les chrétiens à s’ouvrir davantage à Dieu pour l’aimer, mais aussi faire du bien. « Le chrétien, comme Jésus, doit faire du bien partout où il passe », a dit l’archevêque de Dakar.
Au début de son homélie, l’évêque a demandé aux chrétiens témoins de la résurrection du Christ de prier et d’embraser chaque homme, surtout ceux qui vivent dans la peur, l’incertitude, le désarroi, le désespoir, la solitude, la violence ou même la guerre. Mgr Sarr a rappelé que célébrer Pâques, c’est s’adresser à tous les hommes, surtout ceux qui vivent dans les situations difficiles et qui croient traverser des nuits sans fin. Revenant sur le récit pascal, il a informé que trois jours après la mort de Jésus, Marie Madeleine et l’autre Marie s’étaient mis en mouvement vers le tombeau du Christ. Elles ont été surprises par l’annonce que leur ont faite les anges de la résurrection de leur seigneur.
Selon lui, les célébrations de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus viennent rappeler aux hommes que toute vie ouverte à Dieu se déroule de passage en passage, c’est le cheminement qui fait dépasser les situations et transforme la vie ouverte à Dieu en vie nouvelle.
Au cours de cette veillée, le prélat a procédé au baptême de cinq catéchumènes de la cathédrale de Dakar qui se sont préparés pendant trois ans pour recevoir ce sacrement qui fait d’eux des membres de l’Eglise catholique.
Les fidèles catholiques en phase avec le message du cardinal
Dans son homélie de la veillée pascale, le cardinal Théodore Adrien Sarr a dénoncé les pratiques occultes, l’injustice et le mensonge. Les fidèles interrogés après la messe sont en phase avec l’archevêque de Dakar.
Mme Agnès Bâ confirme qu’au Sénégal, la chose mystique est en train de prendre de l’ampleur. « Malheureusement, ces pratiques mystiques ou occultes empêchent certaines personne à croire en eux et à travailler dans leurs entreprises. Pis, le mystique existe même dans nos maisons. C’est désolant. Nous devons tous combattre ce phénomène pour nous libérer et nous développer comme l’a suggéré le cardinal Théodore Adrien Sarr », a indiqué Mme Bâ qui pense aussi qu’un bon chrétien ne doit pas mentir ni prôner l’injustice.
Pour le vieux Simon Corréa, le cardinal a bien fait de soulever cette question surtout à l’endroit des jeunes dont certains n’ont plus la foi en Dieu. « Il y a trop de pratiques mystiques dans notre pays. Les Sénégalais ne croient plus en Dieu. Je crois que les gens doivent avoir foi en Dieu et se contenter de ceux qu’ils ont parce que c’est Dieu qui donne », a-t-il expliqué.
Mme Alissa Keïta qui constate aussi la montée en puissance des phénomènes mystiques, demande aux chrétiens de le combattre. « On ne peut pas comprendre qu’un chrétien qui croit en Jésus-Christ, par peur ou par méfiance vis-à-vis des autres, aille voir les marabouts ou des féticheurs pour se protéger ou faire du mal. Nous devons avoir foi en Dieu et combattre une fois ces pratiques », a-t-elle insisté.
Alors que pour Honoré Georges Ndiaye, après 40 jours de carême, c’est une bonne chose que le cardinal rappelle ces points négatifs de la religion chrétienne. « Je suis en phase avec lui parce que le chrétien doit avoir la foi en Dieu, croire en soi et bannir certaines pratiques qui le font douter», a dit Georges Ndiaye.