Quatre conteneurs de bois de grande qualité en provenance de Casamance ont été saisis au port de Banjul (capitale de la Gambie), le 16 avril dernier. En février 2019, les services des Eaux et Forêts sénégalais avaient mis la main sur 1.000 troncs en Basse Casamance.
AddThis Sharing Buttons
Share to LinkedInShare to TwitterShare to FacebookShare to Email
Le massacre de 13 jeunes Sénégalais dans la forêt de Boffa Bayotte, dans la région de Ziguinchor en 2018 avait poussé le président Macky Sall à interdire toute coupe de bois en Casamance.
Mais la suspension des autorisations, remises aux exploitants forestiers n’a, semble-t-il, pas calmé les ardeurs des braconniers qui opèrent dans le sud du Pays.
En effet, les volumes de bois coupé qui passent par la frontière sénégalo-gambienne et qui atterrissent au port de Banjul pour être acheminés en Chine, ont augmenté.
Une saisie-record de quatre conteneurs remplis de bois de qualité en provenance du Sénégal, a été effectué, le mardi 16 avril dernier au port de Banjul. L’information est donnée par le journal SourceA.
La chute du dictateur gambien, Yahya Jammeh, qui était à la tête de ce trafic, faisait pourtant croire que le pillage du bois de la Casamance allait cesser. Mais plus de deux ans après le départ en exil de l’ancien président gambien, la déforestation continue toujours.
Les défenseurs de l’environnement avaient bien accueilli la décision du président Macky Sall d’interdire l’exploitation sauvage de la forêt de Ziguinchor.
Mais les menuisiers et propriétaires de scieries soutenaient que le durcissement des sanctions réservés aux braconniers n’était pas la solution parce qu’il allait favoriser le trafic illicite de bois vers le pays d’Adama Barrow, actuel président de la Gambie.
1000 troncs d’arbres saisis en février 2019
Un retour sur les saisies de bois opérées depuis le début de l’année en cours semble donner raison aux acteurs de la filière du bois.
En effet, rien qu’en février 2019, les services des Eaux et Forêts ont saisi plus de 1.000 trocs d’arbres dans la commune d’Oulampane, plaque tournante de ce trafic. 5 trafiquants, dont le cerveau, Mamadou Thiam, ont été appréhendés par l’armée et les services des Eaux et Forêts qui effectuent leurs patrouilles ensemble.
L’arrestation de ces commanditaires a aussi permis de trouver 11 dépôts de bois, dont 6 dans la forêt et 5 dans le village de Djiro.
Ces patrouilles ont aussi permis de mettre la main sur 44 charrettes remplies de centaines de planches de bois.
Cette détermination de l’armée et des services des Eaux et forêts sénégalais en faction dans le Fogny n’a pas permis d’endiguer le trafic de bois à cause du silence complice des autorités douanières et policières gambiennes.
La saisie des 4 conteneurs d’essence de qualité au port de Banjul donne ainsi raisons aux acteurs sénégalais de la filière du bois.
Mis au parfum de ce trafic par le gardien de l’entrepôt situé à Liman Street, les militaires gambiens ont surveillé les camions qui entraient vides, et ressortaient chargés.
C’est au moment où le bois était mis dans des conteneurs par les trafiquants que les forces gambiennes ont effectué une descente pour opérer une saisie et arrêter les trafiquants, pris la main dans le sac.
Une bonne partie du matériel (puissantes tronçonneuses, scies, groupes électrogènes et cartes) qui servait à ce braconnage a également été saisie par l’armée gambienne.
Une mafia dirigée par le MFDC, et qui aiguise les appétits
Le président Macky Sall avait ordonné la cession aux menuisiers et propriétaires de scieries de Ziguinchor les 900 troncs de bois saisis par les services des Eaux et Forêts. L’objectif visé était de relancer le secteur qui était en arrêt depuis quelques mois.
Ce trafic du bois entre la Gambie et le Sénégal est attribué au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
Mais étant donné l’importance des sommes d’argents en jeu, des délinquants à cheval font la navette entre le Sénégal et la Gambie pour en profiter.
D’anciens militaires proches du président déchu de la Gambie et même de hommes politiques veulent eux aussi avoir leur part du gâteau.
L’exemple du maire d’Oulampane, Lansana Sané, qui a été traduit en justice au tribunal de Bignona, pour trafic illégal de bois, est là pour le confirmer. Il avait été dénoncé par son collègue, Yancouba Sagna, maire de Sindian.
«Mon collègue de Oulampane s’est manifesté depuis avant-hier dans mon périmètre communal par des actions de coupe de bois. Et c’est lui-même en personne qui est venu opérer avec les véhicules, des tronçonneuses et tout un arsenal», avait déclaré Yancouba Sagna, aux enquêteurs de la Gendarmerie.
Selon de responsable du service des Eaux et Forêts, «le bois est devenu un poison dans cette partie du Sénégal. Il ne faut pas jeter l’opprobre sur qui que ce soit. Presque tout le monde essaie de tirer profit de cette situation de "ni paix ni guerre"».