Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Fonctionnement de la justice sénégalaise: Le sévère réquisitoire du juge Dème
Publié le mardi 16 avril 2019  |  Enquête Plus
Le
© aDakar.com par DR
Le juge Ibrahima Hamidou Dème
Comment


Après avoir sévèrement taclé le président du Conseil constitutionnel Pape Oumar Sakho qui, selon lui, a manqué le rendez-vous avec l’histoire, l’ex-magistrat Ibrahima Hamidou Dème a passé, hier, au crible, le fonctionnement de la justice sénégalaise. Il a ainsi regretté l’absence totale de conflits entre l’Exécutif et le Judiciaire qui fondent, selon lui, la vitalité d’une démocratie.

Le juge Ibrahima Dème sort de sa réserve. Invité hier de l’émission ‘’Jury du dimanche’’ diffusée sur iRadio, il est largement revenu sur le fonctionnement de la justice sénégalaise. Il a ainsi déploré l’absence de conflits entre l’Exécutif et le Judiciaire qui, selon lui, ne sont pas mauvais en soi. Loin d’être des crises, Ibrahima Hamidou Dème considère que les conflits entre l’Exécutif et le Judiciaire sont nécessaires pour la vitalité d’une démocratie. C’est pourquoi l’ex-magistrat s’est dit étonné qu’il n’y en ait pas eu depuis des années.

Aussi, a-t-il convoqué l’histoire pour rappeler que ‘’dans le passé, les juges Kéba Mbaye, Ousmane Camara et Assane Bassirou Diouf, pour défendre l’honneur de la justice, se sont heurtés au pouvoir Exécutif et au président de la République. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il reproche au président du Conseil constitutionnel d’avoir manqué le rendez-vous de l’histoire pour affirmer davantage le rôle du Judiciaire. ‘’En tant que magistrat, j’ai eu à prendre des serments de beaucoup de personnalités. Celui-ci rappelle à ces dernières les fonctions qu’il doit exercer en toute loyauté. C’était la seule occasion pour une autorité de prendre le dessus sur le président de la République. Les présidents de Conseil constitutionnel ne ratent jamais ce moment, mais c’est un rendez-vous manqué pour Papa Oumar Sakho ’’, se désole M. Dème.

Les chefs de cour invités à plus de solidarité

Par ailleurs, le président du mouvement Ensemble a une fois de plus fait le diagnostic de son ancien secteur d’activité. Son constat est que même si la justice a tous les gages pour être indépendante, elle a dû mal à assumer son rôle constitutionnel. Pour lui, tout est là pour avoir une justice indépendante, mais le problème est qu’il y a l’absence de volonté politique. Néanmoins, il considère que ce n’est pas à l’Exécutif de l’offrir sur un plateau d’argent, mais, souligne-t-il, chaque acteur du jeu politique véritablement conscient et qui veut renforcer l’Etat de droit, doit se rendre comprendre qu’il doit parfois essayer de tout faire pour ne pas entraver les prérogatives d’un autre pouvoir’’.

Outre l’absence de volonté politique, l’ex-magistrat indexe la responsabilité de ses ex-collègues, notamment les chefs des cour, en particulier le premier président de la Cour suprême qui ‘’incarne le pouvoir Judiciaire’’. Dans la foulée, il accuse les chefs d’avoir démissionné et de manquer de solidarité envers leurs collègues. ‘’La première démission, c’est celle des chefs. Lorsqu’on entre dans la magistrature, on essaie d’y trouver des modèles, des grands juges qui ont une haute idée de l’honneur, de la dignité du magistrat et une propre idée de l’orgueil du magistrat. Mais, malheureusement, on n’entend pas les chefs. C’est à eux de défendre les magistrats ’’, estime M. Dème. Pour étayer ses propos, il évoqué l’exemple d’un chef de parquet à Mbour qui avait initié des poursuites contre un responsable ‘’apériste’’ accusé de vol de cartes d’identité. Le parquetier a également enrôlé le dossier Cheikh Béthio Thioune. ‘’On semble lui reprocher d’avoir fait son travail, car il a été relevé. Mais personne ne l’a défendu ’’, a fustigé M. Dème.

Cependant, au-delà de ces autorités judiciaires, l’ex-magistrat demande au nouveau ministre de la Justice, qui doit prendre fonction ce matin, ‘’de gérer le malaise, surtout celui des jeunes qui sont dans une frustration sans commune mesure’’. Parce que, dit-il, ‘’ la justice doit continuer à jouer son rôle de régulateur social. Mais si elle est toujours timide, elle ne pourra pas le faire’’.
Commentaires