Dakar - L’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade est attendu mercredi au Sénégal, qu’il a quitté en 2012 après sa défaite électorale et où il n’est pas revenu depuis 22 mois, a-t-on appris lundi à Dakar auprès de sa formation, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Le retour de M. Wade, au pouvoir de 2000 à 2012, a été annoncé puis reporté
plusieurs fois dans le passé, "mais cette fois, c’est confirmé: il arrivera
mercredi à Dakar en début d’après-midi", a déclaré un responsable du PDS joint
par l’AFP.
Cette perspective "rend beaucoup de monde fébrile", a-t-il ajouté.
Selon la presse locale, le PDS prévoit d’organiser plusieurs manifestations pour accueillir son chef, comme un rassemblement à l’aéroport suivi d’une
marche jusqu’à un site où se tiendrait un meeting.
Abdoulaye Wade, 87 ans, a dirigé le Sénégal douze ans, jusqu’à sa défaite
au second tour de l’élection présidentielle, le 25 mars 2012, face à Macky
Sall, son ex-Premier ministre devenu son adversaire.
Il avait quitté Dakar en juillet 2012 pour s’installer avec son épouse à Versailles, en région parisienne. Depuis lors, il n’est pas revenu au Sénégal
mais il a participé à diverses rencontres en Afrique et dans des pays arabes.
Son retour à Dakar interviendra quelques jours après l’annonce, le 17 avril, de la décision de renvoyer son fils Karim Wade, qui fut également un super ministre de son régime, en procès pour enrichissement illicite.
Karim Wade, en détention depuis un an, doit être jugé par la Cour de
répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale qui
était en sommeil et a été réactivée par Macky Sall après son arrivée au
pouvoir.
Un des avocats de Karim Wade, Me Mohamed Seydou Diagne, a précisé à l’AFP
que le montant en cause était passé durant l’instruction de 800 milliards de
FCFA (1,2 milliard d’euros) à 117 milliards de FCFA (178 millions d’euros), en
estimant que l’accusation contre son client "ne correspond à rien du tout".
Dans un entretien au quotidien français Le Monde paru lundi, l’ex-président Wade a expliqué être resté hors du Sénégal depuis son départ "à la demande des
militants" du PDS.
Il a aussi dénoncé "une chasse aux sorcières" menée par le régime de son
successeur.
"Lutter contre les détournements est important. (...) Mais ce n’est pas une raison pour accuser des innocents. Macky Sall a utilisé l’idée de la traque des biens mal acquis pour combattre Karim, le faire condamner, le priver de ses droits civiques pour qu’il ne se présente pas en 2017" à la prochaine
présidentielle, a déclaré Abdoulaye Wade au journal français.
"Pour servir cette cause, il a ressuscité la CREI, une cour créée en 1981, qui n’avait pas été activée depuis 30 ans et qui avait disparu de l’architecture judiciaire du Sénégal. Il a pratiqué une chasse aux sorcières contre mes collaborateurs et moi", a-t-il affirmé.
"S’il a mis mon fils Karim en prison, c’est parce qu’il voyait en lui le seul rival capable de l’affronter", a-t-il soutenu.
Abdoulaye Wade a par ailleurs estimé que son retour "est hautement politique" tout en réfutant vouloir briguer un poste.
"J’ai dépassé l’âge d’avoir une ambition politique. Briguer un poste au Sénégal, c’est fini. Ce qui ne veut pas dire que je sors de la politique. Je dirige le parti le plus important du pays", a-t-il dit.
cs/jlb