Le 14 avril, l’Église catholique célèbre le 6e dimanche du Carême encore appelé « Dimanche des Rameaux » qui marque le début de la Semaine sainte.
Pour l’occasion, le diocèse de Dakar a choisi, pour la deuxième année, d’utiliser des foulards à la place des rameaux. Le but est de « lutter contre le péril écologique ».
« Que personne donc ne s’autorise, par respect pour la nature dont Dieu nous a gratifiés, à aller couper des rameaux ! », peut-on lire dans un communiqué datant du 25 février, signé par le père Pierre Sandi Diouf, vicaire épiscopal chargé de la liturgie dans le diocèse de Dakar, adressé à tous les prêtres, religieux, religieuses et laïcs du diocèse.
Ce communiqué rend effective la suggestion faite, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse du diocèse Dakar, le 18 mars 2018, par l’archevêque, Mgr Benjamin Ndiaye, qui avait souhaité que « les rameaux soient dorénavant remplacés par des foulards, pour acclamer le Christ, comme les foules de Jérusalem, à l’occasion du Dimanche des rameaux et de la Passion ».
Il avait ensuite argumenté cette suggestion : « Pour entrer dans la Semaine sainte, nous n’avons pas besoin de contribuer à la disparition des palmiers, ni d’aggraver la désertification inquiétante de notre environnement ».
« Changement de mentalité » et « élévation spirituelle »
Dans son communiqué, le père Pierre Sandi Diouf a appelé à un changement de mentalité et à une élévation spirituelle qui privilégie la foi aux symboles.
« Étendons-nous humblement donc devant le Christ, nous-mêmes plutôt que les tuniques ou les rameaux inanimés et les branches vertes qui réjouissent le regard seulement pour un instant et sont destinés à perdre, avec la sève, leur verdure, a-t-il insisté, citant « un évêque de Crête ». Étendons-nous nous-mêmes revêtus de sa grâce, ou mieux, de lui-même tout entier… et prosternons-nous à ses pieds comme des tuniques étendues… pour pouvoir offrir au vainqueur de la mort, non plus de simples rameaux de palmes, mais des trophées de victoire. Agitant les rameaux spirituels de l’âme, nous aussi, avec les enfants, acclamons saintement chaque jour : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël. »
Dans ce pays sahélien menacé par la désertification, Mgr Ndiaye souhaite faire de l’Église un bouclier de protection de la flore en instaurant notamment des campagnes de reboisement. Pour ce faire, le diocèse de Dakar invite chaque catholique à planter un arbre par année. « Nous sommes plus portés à couper des arbres qu’à les planter ! Que c’est regrettable » a déploré le père Diouf, dans son communiqué du 25 février. Il invite dorénavant à une « conversion écologique » qui prendrait appui sur les paroisses et les écoles catholiques.
La question des cendres
Cette mesure se heurte toutefois à de nombreux questionnements de laïcs et prêtres sur le déroulement de la liturgie des rameaux mais également sur l’imposition des cendres en début de Carême. « Cette décision de l’archevêque de Dakar est intéressante, c’est clair. Mais, du coup, quelles cendres seront utilisées pour le début de Carême ? », s’interroge ainsi Lydie Sène une catholique sénégalaise qui estime, en outre que, l’expression « dimanche des rameaux » n’est pas anodine et que tout le sens de la célébration risque d’être changé avec l’usage des foulards.
Mais le vicaire épiscopal du diocèse de Dakar chargé de la liturgie a déjà une réponse : « Les cendres sont symboliques, estime-t-il. On peut utiliser d’autres cendres que celles qui proviendraient de rameaux ».
Pour sa part, Gilbert Mendy un autre laïc sénégalais suggère plus de concertation en la matière. « Il faudrait sans doute en discuter avec les liturgistes d’ici ou d’ailleurs et peut-être même que la question soit posée au Vatican avant la mise en application ».