Les Reds n'ont pas tangué face à un Porto trop limité. Pourtant, après deux coups de pagaie signés Keïta et Firmino, les hommes de Klopp se sont mis en mode pilotage automatique, ne cherchant pas à couler définitivement le radeau portugais.
Il paraît qu'il faut remonter à cheval le plus rapidement possible après une chute. Mais personne n'a théorisé sur la nécessité de replonger dans un bain où l'on s'est déjà noyé. C'est en tout cas la question à laquelle a tenté de répondre Porto, après avoir bu la tasse l'an dernier au stade des huitièmes de finale contre le même adversaire (0-5, 0-0). Verdict : les hommes de Sérgio Conceição (privé de ses flotteurs Pepe et Herrera) ont bien pris la marée rouge, mais gardent cette fois la tête encore hors de l'eau avant d'aborder le match retour. Plus expérimentés et sûrs de leur force, les Reds ont maîtrisé leur sujet avant de gérer leur avance, les doigts de pied en éventail. Sur le papier, ce qui était le quart le plus déséquilibré le sera d'autant plus lors des retrouvailles la semaine prochaine au Portugal. Mais contrairement à l'année dernière, il ne sera pas dénué d'intérêt.
L'hydrocutião de Porto
Pour Porto, qui n'a jamais gagné en six confrontations contre Liverpool, l'idée de base était de jouer chaque coup à fond, et ce, dès le coup d'envoi. Voir Moussa Marega, impressionnant de puissance et de volonté, mais moins de justesse, se jeter dans le grand bain avec une volée sur son premier ballon n'est donc pas surprenant. Les Portugais imposent cinq bonnes minutes de pressing intensif, que sauront refroidir sans trop de difficulté les hommes de la Mersey, notamment grâce à un jeu long de qualité. Et la sentence ne tardera pas à tomber. Dépannant au poste de latéral gauche (en raison de la suspension d'Andy Robertson), James Milner envoie Sadio Mané sur le côté gauche. Celui-ci trouve Firmino en relais, qui remet délicatement à Naby Keïta en retrait. Auteur vendredi dernier de son premier but avec Liverpool, le Guinéen est en confiance et tente sa chance : sa frappe contrée par Óliver Torres trouve les filets d'Iker Casillas (1-0, 5e). Un coup de bambou qui met fin aux ambitions offensives de Porto, obligé de redescendre pour éviter la noyade. Pourtant la deuxième vague ne saurait tarder.
Mohamed Salah, profitant d'une passe en retrait improbable d'Ótavio, rate son duel face au portier espagnol (21e), mais Roberto Firmino ne se fera pas prier pour pousser dans le but vide l'offrande de Trent Alexander-Arnold, magnifiquement lancé par Henderson. Une page de plus pour le bouquin de Klopp et une partie qui ne demande plus qu'à être dévorée comme un polar couru d'avance au bord d'une piscine. Pool barbote, Éder Militão prend l'eau et Porto ne réplique plus que par éclaboussures désespérées. Marega, seule bouée de secours des Dragões, manque son face-à-face contre Alisson (29e) et écrase sa volée sur un corner (31e). Bobby Firmino aurait pu définitivement dégonfler tout ça, mais sa reprise sur le centre de Henderson termine dans les gradins.
Swimming Pool
Problème, Porto revient des vestiaires en claquettes et se fait arroser par un Henderson impérial, qui trouve Sadio Mané. La reprise du Sénégalais est parfaite, mais il est signalé hors jeu (48e). Les répliques sur corner ne sont qu'une invitation à se faire prendre en contre, même si Salah manque de pugnacité (52e). Le seul souci à résoudre pour Liverpool est alors de contourner un bloc bas, avec six joueurs alignés devant la surface. Trent Alexander-Arnold, Henderson et Salah rendent chèvre Moussa Marega, arrière gauche contraint. L'Égyptien pousse pour plier l'affaire, mais ses tentatives du gauche sont contrées par deux fois par ses partenaires. C'est dire la densité imposée par les Reds dans la surface de Porto.
Mais si Lovren joue des coudes dangereusement (sa main sur un corner et visionnée par l'assistance vidéo aurait pu être sanctionnée dans un excès de zèle, 67e) et que Marega n'arrive pas à forcer la décision, Liverpool est impressionnant de sérénité. Les Anglais contrôlent, cherchent sans trop insister à exploiter les (désormais) rares failles du maillage portugais, au risque de piquer un petit roupillon. Le généreux Moussa Marega continue de se débattre, mais sa frappe du pied gauche se dérobe (78e), quand Felipe cherche à gratter un penalty (83e). Rien d'autre à se mettre sous la dent, si ce n'est les accélérations de Divock Origi, pour un Liverpool qui regarde de manière sadique Porto tenter de rester à la surface. Une désinvolture qu'il ne faudra pas payer au retour.