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Résultats du scrutin présidentiel du 24 février: Barth évente un vaste tripatouillage de l’état civil
Publié le mardi 2 avril 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Le maire de Mermoz Sacré-Cœur rencontre la presse
Dakar, le 17 janvier 2018 - Barthélémy Dias a convoqué la presse pour aborder la crise qui secoue le Parti socialiste avec l`exclusion de plus de 70 responsables. Le maire de Mermoz Sacré-Cœur a aussi évoqué l`affaire Khalifa Sall.
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A travers un audit du fichier électoral rendu public, samedi dernier, au détour d’une conférence de presse tenue à Dakar, le maire de Mermoz-Sacré-Cœur, Barthélemy Dias, évente un vaste hold-up électoral perpétré, selon lui, par le régime de Macky Sall qui a tout simplement tripatouillé l’état civil pour gonfler le fichier électoral.

Barthélemy Dias n’en a pas encore fini avec le scrutin présidentiel du dimanche 24 février 2019. Alors que le président Macky Sall, qui a été déclaré vainqueur avec 58,26 % de cette élection, s’apprête à prêter serment demain mardi 2 avril, le maire de Mermoz-Sacré-Cœur met à nu un tripatouillage institutionnel fait sur le fichier électoral par le régime en place. ‘’Ceux qui doivent aller prêter serment le mardi, qu’ils sachent qu’ils doivent le faire en toute honte, parce qu’il n’y a pas à être fier d’être un voleur notoire. Nous avons à la tête du pays des voleurs et des tricheurs qui veulent nous faire croire qu’ils ont gagné l’élection présidentielle au premier tour’’, charge-t-il d’emblée.

A en croire le lieutenant de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, ce que le président Macky Sall et son régime ont fait avec l’état civil leur a permis de mettre dans le fichier électoral plus de 1 million 100 mille personnes. Cela, selon Barthélemy Dias, a été fait avec la complicité de plusieurs services et autorités administratives et judiciaires du pays. C’est pourquoi il a décidé d’ester en justice. ‘’En tant qu’officier d’état civil de la commune de Mermoz-Sacré-Cœur, je porterai plainte contre le ministre de l’Intérieur, le directeur de la Daf et contre le directeur de la Dge’’, annonce-t-il. Tout en soulignant que ce qui s’est passé le 24 février 2017 n’a jamais existé depuis que le Sénégal est indépendant. ‘’Nous avons assisté à des transferts d’électeurs et des bourrages d’urnes, ce n’est pas méchant. Mais quand on s’amuse à toucher l’état civil, ça devient du grand banditisme d’Etat et cela n’est pas acceptable’’, déclame-t-il devant un parterre de militants et de sympathisants.

A travers un sondage et des tests de cohérence portant sur le contenu des registres des centres et numéros d’identification nationale du fichier, Barthélemy Dias décèle ainsi des irrégularités de sept ordres liées à des cartes établies sur la base de pièces d’état civil inexistantes, des numéros de carte d'identité antérieurs à la création du centre d’état civil, des numéros d’acte d’état civil dépassant le numéro de clôture du registre. Des codes inexistants dans le répertoire de codification, l’inscription massive d’électeurs par audience foraine, l’attribution de doublons sur le fichier électoral en mode bis repetita et des électeurs dont le lieu de naissance est Sénégal.

Pour le cas du centre principal de la ville de Dakar (code 751), il soutient que des dizaines de milliers de cas suspects ont été décelés, car leurs lieux de naissance sont différents de Dakar et ne sont pas dans des cas de transcription, conformément à l’article 44 du Code de la famille. Par exemple, une comparaison des numéros N.I.N affectés à ces électeurs et le fichier de l’état civil a permis de déceler le tripatouillage du fichier électoral. Rappelant que la loi n°72-25 du 19 avril 1972 portant création des communautés rurales et la loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des collectivités locales affectent, respectivement, aux présidents des communautés rurales et aux maires des communes d’arrondissement la compétence d’officier d’état civil et que ces deux lois seront abrogées par la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités locales qui les transformera en commune en juin 2014, Barth soutient qu’à partir de 1996, des centres secondaires d’état civil ont été créés et placés sous l’autorité des maires de commune d’arrondissement. Une déclaration ne pouvant être faite dans ces structures avant 1996, même pour les cas d’autorisation de déclaration tardive de naissance.

‘’A titre d’exemple, à Keur Massar, nous avons décelé plus de milliers de numéros de cartes d’électeur antérieurs à 1996’’, charge Bartelémy Dias, selon qui la consultation du fichier de l’état civil du centre principal d’état civil de Dakar a permis de déceler les manipulations du fichier électoral. Car, des codes inexistants dans le répertoire de codification ont été découverts. Ainsi, l’audit du fichier a permis de déceler plus de 106 codes d’état civil inexistants dans le document du ministère. ‘’Il a été découvert l’existence d’un centre fictif à Dakar portant la codification alphanumérique 753 centre de l’avenue Emile Badiane (tantôt ministère des Affaires étrangères) qui n’est rattaché à aucune collectivité territoriale’’, déclare-t-il.

Dans la même veine, Barthélemy Dias soutient que des audiences foraines ont été organisées dans le Fouta, sans aucune forme de communication. Elles ont permis de gonfler l’électorat de certains départements. Il cite ainsi le cas de la commune de Boke Dialoube, dans le département de Podor qui a 381 inscriptions par audience foraine en 2013, 533 en 2014, 929 en 2015, 204 en 2016 et 874 en 2017. Soit un total de 2 921 cas en cinq ans, ce qui, selon lui, est impossible. ‘’Le tribunal départemental de Podor ne peut pas traiter 2 921 cas dans une des 22 communes du département de Podor en cinq ans’’, fulmine-t-il. Non sans dénoncer l’attribution de doublons sur le fichier électoral en mode bis repetita.

Selon lui, la Daf s’est donné la prérogative de créer des doublons dans le fichier électoral par rapport à l’état civil, en ajoutant le chiffre 2 à la fin du numéro de N.I.N, si deux personnes détiennent le même acte d’état civil. Ces électeurs à 14 chiffres de N.I.N sont au nombre de 155 248 dans le fichier électoral. ‘’Le président Macky Sall a toujours refusé de livrer le fichier à l’opposition. Il en a même multiplié les anomalies dans toutes les circonscriptions électorales. Ces anomalies lui ont permis d’insérer dans le fichier près d’un million d’électeurs fictifs, car n’ayant pas d’acte d’état civil valable’’, peste le lieutenant de Khalifa Ababacar Sall. Qui demeure convaincu que ces actions ont fini de décrédibiliser même notre carte nationale d’identité dite biométrique, malgré un investissement faramineux de 52 milliards de francs Cfa. Certains pays de la Cedeao ne reconnaissent pas cette pièce d’identité nationale.

Recommandations

Au vu de tous ces constats, manquements et tripatouillages, Barthélemy Dias soutient que la cérémonie de prestation de serment à laquelle nous assisterons demain mardi ne reposera sur aucune légitimité électorale et surtout sur aucune crédibilité républicaine.

Toutefois, il n’a pas manqué de formuler des recommandations aux autorités étatiques. A ce titre, il propose et recommande, à travers une démarche inclusive, participative, consensuelle et républicaine, la création d’une Ceni à la place d’une Cena ; la nomination d’une personnalité neutre, crédible et sérieuse à la tête du ministère de l’Intérieur ; l’implication dans le tout le processus (en amont, pendant et en aval), de la société civile, de représentants de familles religieuses et de l’Union des magistrats sénégalais. Mais aussi la refonte totale et la mise en ligne permanente du fichier électoral et la révision de la loi en vigueur sur le parrainage, avant la tenue des élections locales.

A l’opposition sénégalaise, il invite à avoir une attitude de lutte, d’unité et de conquête du pouvoir par tous les moyens légaux et républicains. Car, avertit-il, ‘’si ce qui est dans le fichier n’est pas changé, personne ne gagnera plus d’élection dans ce pays. Ces personnes qui ont voté pour Macky Sall n’existent pas physiquement. Elles sont virtuelles. Ce sont des personnes à qui on a créé une carte d’électeur avec une photo et on les a mises dans un fichier qu’on refusait de donner aux candidats de l’opposition’’, déclare-t-il.
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