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Présidentielle 2019 : Les médias à l’heure du bilan
Publié le samedi 30 mars 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Début du dépouillement dans les bureaux de vote
Dakar, le 24 février 2019 - Les dépouillements des urnes ont démarré dans les différents bureaux de vote du Sénégal.
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Les acteurs des médias se sont retrouvés, hier, à l’Ecole de journalisme et de communication, pour faire le bilan de la présidentielle de février dernier, en termes de traitement de l’information. Et ce autour du thème ‘’Média et présidentielle : Quelles leçons à tirer’’. Plusieurs failles ont été identifiées non sans la contribution des uns et des autres pour une meilleure couverture à l’avenir.



Les médias sénégalais ont fait l’objet de nombreuses critiques, quant au traitement de l’information, avant, pendant et après la campagne présidentielle. Si, auparavant, les tendances annoncées par les journalistes, au soir du scrutin, étaient acceptées par l’opinion publique, lors de la présidentielle de 2019, la réalité était tout autre. Un fait marquant qui, selon le sociologue des médias Elimane Bathily, est dû au fait que ‘’le public est sceptique vis-à-vis des médias, parce qu’il voit des patrons de presse politiciens, profondément impliqués dans la politique, roulant soit pour le président sortant, soit pour l’opposition’’.

‘’Les citoyens font donc le lien entre les informations que relaie un journaliste et l’appartenance politique du propriétaire du média en question’’. Ces considérations, à ses yeux, ont fortement ébranlé la confiance des citoyens.

A ce sujet, d’aucuns pensent que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) au lieu de se limiter à des communiqués, devait rappeler à l’ordre tous ceux qui s’éloignaient de l’équilibre dans le traitement de l’information. Pour d’autres, le procès fait à la presse durant cette période cruciale émane d’une autre réalité. Ils estiment que la communication a pris le dessus sur le journalisme, surtout que, dans leurs rangs, certains géraient également la visibilité d’un candidat.

Demba Seydi, Coordonnateur Afrique de l’Ouest de l’Ong Publiez ce que vous pavez, pour sa part, déplore l’absence de bilan du côté des entreprises de presse. ‘’Les médias auraient dû évaluer la campagne, en termes de budget aussi, quant au nombre de journalistes déployés. Cela permettrait de connaitre le coût de la couverture d’une campagne électorale et les erreurs à ne pas commettre lors des prochaines élections’’. De l’avis de la modératrice du jour, Evelyne Mandiouba, coordonnatrice des programmes de D-media, des entreprises de presse ont clairement affiché leur positionnement politique, tout au long de la campagne électorale.

Manque de moyens des entreprises de presse

Si les avis étaient tranchés, journalistes et citoyens lambda se sont accordés sur l’essoufflement financier des entreprises de presse. Qui doit prendre en charge le journaliste sillonnant le pays, lors de la campagne électorale ? Une interrogation qui remet en cause l’objectivité et la neutralité du journaliste, s’il est entièrement pris en charge par le candidat dont il couvre la campagne. Pour le journaliste Oumar Bayo Ba, reporter à ‘’EnQuête’’, ‘’un reporter qui est pris en charge par un candidat ne peut pas faire objectivement son travail. Il se posera toujours un conflit d’intérêt’’. Il préconise un dispositif visant à impliquer différents correspondants dans la couverture de la campagne. De ce fait, l’information n’est plus à la charge d’un seul journaliste qui doit faire le tour du pays, mais à l’ensemble des correspondants déployés dans les différentes régions.

En somme, les médias ont été invités à réviser leur organisation ou encore à revoir leurs priorités. ‘’Un media doit travailler en fonction de ses moyens. Tous ne peuvent couvrir de la même manière que ‘le Soleil’ ou la Rts qui, eux, disposent de moyens financiers. Il faut qu’on se dise la vérité à un moment donné’’. Un avis d’Amadou Tidiane Sy, Directeur d’Ejicom.

Il apparait ainsi que l’aspect financier a conduit à la diffusion d’informations orientées au profit des hommes politiques qui mettaient la main à la poche.

Par ailleurs, les journalistes pensent que le citoyen lambda juge l’homme de média en fonction de ses propres attentes et non par rapport aux règles qui sous-tendent son métier. Ainsi, l’information différente de ses croyances est dite fausse ou manipulée. En clair, une éducation aux médias s’impose en vue d’une séparation entre le fait et l’opinion.

L’impact des réseaux sociaux

Durant tout le processus électoral, les ‘’fake news’’ ont inondé la toile. Selon Mame Ngor Ngom, Directeur adjoint d’Africa Check, ‘’la course à l’information, la précipitation ont créé beaucoup de dégâts. Le journaliste doit informer juste et vrai, et pour le faire, il doit vérifier l’information. De toute façon, les réseaux sociaux ne pourront jamais remplacer la presse traditionnelle composée de journalistes formés’’.

Pour les prochaines élections, les journalistes sont appelés à se battre pour leur indépendance, afin d’affronter les autres pouvoirs sans courber l’échine. Il leur est demandé de tirer les leçons de cette récente élection pour ne pas commettre les mêmes erreurs à l’avenir.

Toutefois, il faut tempérer les critiques, en faisant remarquer que, dans un pays comme le Sénégal, une certaine jeunesse démocratique fait que les médias sont considérés comme devant être à équidistance de tout. Alors que dans les démocraties avancées, comme en France, il y a une presse de gauche, une autre de droite. Et les gens s’en accommodent très bien. C’est valable pour les Usa où il y a une presse républicaine et une autre démocrate. Donc, la presse sénégalaise continue de grandir et va apprendre de ses erreurs pour atteindre les standards internationaux en matière de traitement de l’information.

EMMANUELLA MARAME FAYE
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