Les populations de Bargny ne comptent pas être amenées à une mort lente et certaine, avec la centrale à charbon. Hier encore, lors d’une conférence de presse, elles ont franchi un nouveau palier, en rejetant le plan d’action et les recommandations proposées par les institutions financières (Bad, Boad, Fmo) ayant participé au financement de la centrale. Elles vont porter plainte contre l’Etat.
Après une plainte déposée en 2016 par le Réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature (Rapen) et les communautés impactées, la Banque africaine de développement (Bad), la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et le Fmo (Financierings Maatschnappijvooro Ntwikkelingslanden), une banque néerlandaise, avaient tenté de corriger, voire juguler les malaises environnementaux, économiques et sociaux causés par l’ouvrage. Malheureusement, signale Fadel Wade, le coordonnateur du Rapen, ‘’lors de la collecte des propositions, nous n’avions pas été associés et ces banques ont continué à décaisser de l’argent pour la finition et la marche de la centrale’’.
Pis, révèle l’environnementaliste, ‘’ces banques se sont basées essentiellement sur de fausses informations du maire de Bargny et de la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces) qui excluent la communauté et les requérants du processus d’élaboration et de consultation’’. D’ailleurs, poursuit-il, ‘’les tests effectués sur les lieux révèlent que les habitants de la zone sont sous la menace d’une mort lente que procurent l’oxyde de carbone, le mercure, le plomb et la poussière cancérigène. Des fléaux notés dans l’exploitation du charbon par la centrale’’. C’est ce qui explique, à l’en croire, la présence de nouvelles pathologies chez les nourrissons et chez les enfants dans les maisons avoisinantes.
Les femmes des sites de transformation des produits halieutiques ne sont pas épargnées. En effet, dit-il, ‘’elles vivent un extrême stress permanent à cause de leurs produits qui courent les risques de contamination par les éléments toxiques et résidus provenant des eaux de déversement de la centrale. Même l’accès au cours d’eau de Khouloup est de plus en plus menacé’’.
C’est ce que, explique Fadel Wade, les banques ont tenté de rectifier. Car, précise-t-il, ‘’les banques n’ont pas le droit de financer des projets qui, sur les plans social, environnemental et économique, ont des impacts très négatifs. Nous avons su prouver que les financements de ces banques ont des répercutions très désagréables sur les communautés. Les eaux usées déversées sur les sites des femmes transformatrices contiennent des métaux lourds et des produits polluants’’.
Les Bargnois ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils comptent, selon le coordonnateur du Réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature (Rapen), passer à la vitesse supérieure en portant plainte contre l’Etat du Sénégal. ‘’Maintenant, nous sommes en train de voir avec nos conseillers juridiques pour déposer bientôt une autre plainte, cette fois-ci contre l’Etat du Sénégal, parce que nous avons assez de preuves concernant les dégâts de la centrale’’.
En attendant, face à ce qu’elles appellent des agressions, les communautés impactées par la centrale à charbon de Bargny réclament l’arbitrage du président de la République qui est, selon elles, le ‘’garant de la souveraineté nationale, de la survie et de la santé’’.