Les syndicalistes du secteur du tourisme et de l’hôtellerie, le patronat et les professionnels ont, au cours du week-end, organisé un forum à Mbour sur les difficultés qui entravent le tourisme. Selon eux, aux fermetures d’entreprises s’ajoutent une chute du chiffre d’affaires du tourisme de moins de 300 milliards de francs et des pertes d’emplois. Au-delà des constats, ce n’est ni plus ni moins la tête de l’actuel ministre qu’ils réclament au profit d’un professionnel du secteur.
Mamadou Diouf, le secrétaire général du syndicat de l’hôtellerie et de la restauration affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal(Cnes) juge la situation du secteur touristique « très difficile ». Le constat serait marqué par des pertes d’emplois massives. Le plan d’actions retenu à la suite de rencontres organisées recommande des concertations avec le patronat et les travailleurs sous le nom de « l’Appel de Mbour ». Il sera suivi d’autres appels, d’autres foyers touristiques. La démarche consiste, selon Mamadou Diouf, à rendre le secteur plus performant et à sauvegarder des emplois dans les entreprises. Les corps de métiers du secteur sont conviés pour mener la réflexion à partir des commissions mises en place pour des solutions. Elles vont répondre à des attentes dont la première est la nomination d’un professionnel du tourisme à la tête du ministère.
Moustapha Kane, secrétaire permanent du Syndicat patronal du secteur de l’hôtellerie au Sénégal(Spihs) se félicite de la rencontre de Mbour initiée par le secrétaire du syndicat de l’hôtellerie et de la restauration. L’invitation du patronat du tourisme à une rencontre est, selon lui, un « signe de patriotisme » et de recherches de solutions aux maux du secteur, en gros voir les orientations à prendre pour sauver le tourisme. A l’en croire, la décadence du tourisme remonte à l’année dernière et se perpétue. Les nombreuses rencontres organisées à Dakar suite aux mesures prises relatives au visa d’entrée du tourisme en témoignent. La disposition manque, selon lui, de « lucidité politique » par rapport à l’entrée des touristes au Sénégal. « La mesure a provoqué une baisse drastique des arrivées de touristes », soutient M. Kane.
Avenir incertain
Depuis les directives du président de la République, le 29 novembre dernier à Saly-Portudal sur l’avenir du secteur, M. Diouf se désole de ne pas voir une réponse à ces préoccupations au niveau du tourisme. La mise en œuvre des directives « reste lettre morte », estime-t-il. Beaucoup de zones touristiques du pays sont marquées par des situations difficiles sans lendemain. C’est le cas de Saly-Portudal, de la Casamance et de beaucoup d’autres foyers. Sur 100 000 emplois et 300 milliards de recettes, la chute du chiffre d’affaires dans le tourisme est « vertigineuse », selon lui.
Boubacar Sabaly, directeur d’hôtel et patron du syndicat d’initiatives de la région de Thiès, souligne le mal du tourisme depuis un certain nombre d’années. Il nourri des craintes de voir le secteur « s’écrouler » à côté des projets institutionnels. Selon lui, la contrainte du visa est venue « achever » le secteur. Les plages ont disparu et vicient le balnéaire. La cherté de la destination est venue tout compromettre, selon lui. La faiblesse de l’image du Sénégal à l’échelle internationale ne facilite pas les choses, non plus.
Ces facteurs ne permettent pas d’évoluer au niveau international, selon Boubacar Sabaly qui déclare que les pertes projetées pour les trois années à venir « vont atteindre 35% ». « Cela se confirme », affirme-t-il.
Il a cependant invité à une opérationnalisation de l’Agence nationale de promotion touristique et des mécanismes d’évaluation, pour faire face aux problèmes de planification qui assaillent le monde du tourisme et de l’hôtellerie.