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Les maladies bucco-dentaires: Une santé négligée
Publié le jeudi 21 mars 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Première édition du Salon dentaire international en Afrique
Dakar, le 17 Octobre 2015 - La première édition du Salon dentaire international en Afrique s`est ouverte à Dakar. Le thème de cette manifestation est "Odontologie et Innovation : quels investissements pour l’Afrique". 80 industriels venant de 15 pays du monde sont venus exposer des produits et matériels dentaires au cours de cette manifestation.
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Non inscrite dans l’agenda de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), la santé bucco-dentaire est très souvent négligée. A l’occasion de la journée mondiale qui lui est dédiée, ‘’EnQuête’’ revient sur les dangers des maladies dentaires et l’inaccessibilité aux soins par la population.

Très fréquentes, les maladies dentaires ne sont souvent pas traitées par les populations. A l‘occasion de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, ‘’EnQuête’’ fait un focus sur cette maladie qui, selon le président de l’Association nationale des chirurgiens-dentistes sénégalais (Ancds), Docteur Noël Akondé, fait souffrir 90 % de la population mondiale. Elle commence par les caries jusqu’au cancer de la bouche, en passant par les maladies parodontales. ‘’Soixante à 90 % des enfants d’âge scolaire, dans le monde, et 100 % des adultes ont des caries. Quinze à 20 % des adultes d’âge moyen (35-44 ans) ont des parodontopathies sévères pouvant entraîner une perte dentaire. L’incidence du cancer de la bouche se situe entre 1 et 10 cas pour 100 000 habitants, dans la plupart des pays. Seulement 60 % de la population bénéficie d’un accès aux soins bucco-dentaires’’, renseigne le Dr Akondé.

Selon lui, la population doit s’approprier la santé bucco-dentaire, car elle partage les mêmes facteurs de risque que les maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires, maladies rénales et certaines formes de cancer). L’Ancds encourage le gouvernement à introduire la santé bucco-dentaire dans le Programme national de lutte contre les maladies non-transmissibles. ‘’Depuis un certain temps, la Fédération dentaire internationale (Fdi) a l’habitude de fêter cette journée. Mais, dans le calendrier de l’Oms, il n’existe pas encore une journée dédiée à la santé bucco-dentaire’’, déplore-t-il.

De ce fait, souligne la vice-présidente de ladite association, docteur Awa Gaye, la meilleure chose est de faire en sorte que la population sache que la santé bucco-dentaire impacte sur la santé en général. ‘’Dans beaucoup de pays industrialisés, on ne voit plus certains types de carie chez les enfants. Si on attaque le problème chez les enfants dès le bas-âge, cela permettra d’arriver à une bonne santé bucco-dentaire. Il faut aussi y associer les personnes âgées, les femmes enceintes et les handicapés’’, explique-t-elle.

Absence de données

Au Sénégal, le taux de prévalence des maladies dentaires est méconnu. Il n’y a pas de données et la santé bucco-dentaire est souvent délaissée. ‘’Une grande enquête doit être faite dans le pays pour avoir les chiffres officiels’’, estime le Dr Gaye. Par ailleurs, l’inaccessibilité aux soins et le coût du traitement sont des difficultés auxquelles sont confrontées les populations. Le docteur Noël Akondé signale le nombre insuffisant de chirurgiens-dentistes. ‘’Nous ne sommes pas assez nombreux. Nous sommes environ 500 chirurgiens pour une population de plus de 13 millions d’habitants. On est encore loin des chiffres de l’Oms qui préconise un chirurgien pour 10 000 habitants’’, explique-t-il.

Concernant le coût des soins, dit-il, il y a une nomenclature de tarifs proposés par le Syndicat des chirurgiens-dentistes, adoptée par le Conseil de l’Ordre des médecins et validée par le ministère de la Santé. ‘’Ils sont basés sur les matériaux utilisés. Et ces matériaux ne sont pas tous considérés comme des médicaments. Donc, certains sont taxés, ce qui fait que les produits sont chers. Nous lançons un appel à nos autorités, pour que ces matériaux soient considérés comme des médicaments’’, ajoute-t-il.

67 % des Sénégalais n’ont pas accès aux soins

Selon le chef du Département d’odontologie à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie-Stomatologie de l’Ucad, 67 % des Sénégalais n’ont pas accès aux soins. Alors que, renseigne le professeur Henri Michel Benoist, les maladies bucco-dentaires constituent un véritable problème de santé publique. Elles peuvent tuer ou laisser des séquelles dangereuses. Selon quelques données d’études, la prévalence de la carie avoisine les 100 %, tandis que celle des maladies parodontales est à 80 %. ‘’Les prévalences sont très élevées et il y a une très grosse difficulté liée à l’accessibilité aux soins. Les moyens ne sont pas très forts dans les ménages pour prendre en charge la santé bucco-dentaire. Il y a un problème d’accessibilité géographique et il n’y a pas encore assez de structures de soins où il y a un chirurgien-dentiste’’, fait-il savoir.

Pour résoudre ce problème, il plaide pour la construction de centres de santé avec un chirurgien-dentiste, l’augmentation du nombre de dentistes formés. Car, dit-il, le ratio dentiste au Sénégal est de 1 pour 100 000 habitants, alors que l’Organisation mondiale de la santé préconise 1 pour 10 000 habitants. ‘’C’est pour dire que le nombre de dentistes doit être multiplié par 10. C’est-à-dire qu’il faut former, recruter les dentistes et les mettre à la disposition des communautés’’, souligne le Pr. Benoist. Qui préconise de développer le système de prise en charge. Parce que, à l’en croire, les centres de santé avec un chirurgien-dentiste sont souvent dans les communautés urbaines. Et le fort taux de dentistes est concentré dans les villes.

‘’Il n’y a pas de dentistes dans les postes de santé. Ce sont des techniciens supérieurs, des agents de santé communautaire qui sont assignés là-bas. Il faut renforcer le volet santé bucco-dentaire aux frais des relais de santé communautaire. Ce qui n’est pas le cas pour permettre plus d’accès aux populations’’.

DR IBRAHIMA GUEYE, CHIRURGIEN-DENTISTE, SUR LA CARIE DENTAIRE

‘’Le sucre est le point de départ principal des caries’’

La carie dentaire est une maladie infectieuse de la dent qui touche beaucoup plus les enfants. Elle se traduit par une destruction progressive de l’émail de la dent et se développe toujours de l’extérieur vers l’intérieur de la dent. Pour se prémunir, docteur Ibrahima Guèye conseille d’éviter la consommation de sucre et de bien se brosser les dents.

Quelle sont les principaux facteurs qui contribuent à la formation d’une carie ?

On a les facteurs hytologistes qui sont principalement deux. Il y a les facteurs endogènes où il y a les bactéries, le régime alimentaire, le système salivaire, le système immunitaire. Pour les facteurs exogènes, ce sont les facteurs génétiques que sont le tabac, l’alcool, le stress. En dehors de ces facteurs, il y a ceux socio-économiques. Le facteur principal de la carie, c’est la plaque dentaire au niveau de la bouche. On a une triade définit par l’Oms, c'est-à-dire l’alimentation, le terrain et la plaque dentaire. Tous ces trois facteurs réunis occasionnent la carie.

Est-ce que la consommation de sucre est facteur de carie dentaire ?

Oui. Le sucre est le point de départ principal des caries. Parce que les bactéries se trouvant au niveau de la bouche qui favorisent la carie se nourrissent de sucre. Elles peuvent se multiplier et ces sucres attaquent les dents et favorisent la carie. C’est pourquoi il faut éviter de consommer trop de sucre et le grignotage entre les repas. Parce que, quand on grignote entre les repas, on n’a pas le temps de se brosser les dents, et quand on ne se brosse pas les dents, les acides qui se trouvent au niveau des sucres vont attaquer les dents et cela va occasionner les caries. La salive joue aussi un rôle important au niveau de la bouche que certaines personnes ne savent pas. Elle joue un rôle de protection au niveau des dents, parce qu’elle contient des bactéries et des pigments au niveau des dents. Donc, quand on grignote en longueur de journée, cette salive n’a pas le temps de faire son travail correctement. Si le travail n’est pas bien fait, les acides vont attaquer les dents et donner la carie.

Quelle est la tranche d’âge la plus touchée ?

Au niveau de la dent, il y a la couronne et la racine qu’on ne voit pas. La carie se manifeste par une décoloration de l’émail. Il y a différents stades de la carie. La carie de l’émail, qui est le point de départ de la carie, se manifeste par une coloration noirâtre ou jaunâtre au niveau de l’email. Si le traitement n’est pas fait sur le champ, elle évolue, dépasse l’émail et attaque la dentine. Les enfants sont les plus touchés, surtout ceux qui ont entre 2 et 6 ans. Parce que, souvent, il y a un problème au niveau des parents pour prendre en charge l’hygiène bucco-dentaire des enfants. On a des caries au niveau des dents de lait. Après cette tranche d’âge, il y a ceux qui ont entre 6 et 18 ans, ensuite les adultes. Mais ces derniers s’occupent mieux de leur hygiène dentaire.

Quels sont les facteurs de risque de la carie ?

La carie, si elle n’est pas traitée, évolue. Cette évolution arrive au niveau de l’émail, il n’y a pas de douleur. Si elle atteint la dentine, on peut avoir des dentines. Son évolution continue jusqu’à attaquer la pulpe qui est la pièce nourricière de la dent. Elle se trouve au milieu de la dent.

Après, ce sont des douleurs de rage de dent qui conduisent à la desmonopie (une infection généralisée de la dent). Si la dent arrive à ce stade, c’est l’extraction. Il faut, dès le début, traiter la carie et aller régulièrement tous les six mois chez le dentiste pour voir s’il n’y a pas de carie. Au début de la carie, on peut stopper le processus, il suffit de faire un nettoyage pour stopper. La carie peut causer indirectement la mort. Elle peut occasionner une infection qui peut se transformer en septicémie. C’est très rare. C’est pourquoi on recommande aux diabétiques et aux insuffisants rénaux de tout faire pour avoir une hygiène bucco-dentaire impeccable. Parce que si on a des problèmes dentaires, ça peut se répercuter sur ces maladies qui peuvent causer la mort. Mais ce sont des cas rares.

Comment doit-on prévenir les caries ?

Il faut consommer moins de sucre. Mais surtout un brossage régulier des dents, trois fois par jour : le matin après le petit-déjeuner, et non avant le petit-déjeuner comme le font les gens au Sénégal, après le repas et surtout avant de se coucher, parce durant cette période, la salive est au repos. Elle ne joue plus son rôle, donc s’il y a des sucres en bouche, ils attaquent les dents. Pour le brossage, il est recommandé des pâtes dentifrices fluoriques, parce que le fluor protège les dents. Le brossage des dents doit se faire de manière verticale et non horizontale comme le font certaines personnes.

On a une brosse à dents où les cils sont verticaux, donc si on se brosse de manière verticale, les cils passent entre les dents et nettoient entre les espaces inter-dentaires. Pour les dents du haut, on fait du haut vers le bas et pour celles du bas on fait de bas en haut. Il n’y a que là où on mâche où l’on brosse de manière horizontale. Mais pour tout le reste, ce sont des mouvements verticaux de la gencive vers la dent. Il faut prendre au minimum cinq minutes pour le faire. La langue fait partie du brossage, parce qu’elle est en contact permanent avec les aliments. Il faut aussi faire un détartrage tous les six mois, faire des applications possibles de fluor chez les enfants. Il faut changer de brosse à dents tous les trois mois.
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