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Dr Maurice Soudieck Dione sur la main tendue du Ps à Khalifa Sall et cie: “Les chances pour des retrouvailles autour de Tanor sont très minces“
Publié le mardi 19 mars 2019  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
La Fondation Konrad Adenauer dresse le bilan des législatives
Dakar, le 17 août 2017 - La Fondation Konrad Adenauer a organisé une table ronde pour tirer le bilan des dernières élections législatives tenues le 30 juillet. Des acteurs politiques, de la société civile et des membres de l`administration électorale y ont pris part. Photo: Maurice Soudieck Dionne, enseignant-chercheur à l`UGB
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Alors que l’appel du bureau politique du Parti socialiste lancé le samedi 16 mars dernier à l’endroit de tous les dissidents de l’ancien parti unique du Sénégal suscite plusieurs commentaires d’observateurs de la scène politique dont certains ont déjà acté des retrouvailles prochaines de la famille socialiste, Maurice Soudieck Dione semble prêcher le contraire. Interpellé sur la question hier, lundi 18 mars par Sud quotidien, l’enseignant chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis liste ainsi une à une les raisons qui, selon lui, ne militent pas pour ces retrouvailles autour de Tanor.

Quelle lecture faites-vous de l’appel lancé par le bureau politique du Parti socialiste, samedi dernier, à l’endroit du groupe des dissidents qu’il avait pourtant exclus du parti ?

Avec la réélection du Président Sall, c’est comme une victoire symbolique et politique de Tanor qui semble avoir eu raison sur beaucoup de ceux-là qui l’ont durement critiqué, et qui ont théorisé pendant des années le divorce avec Benno Bokk Yaakaar, pour ensuite revenir siéger dans la coalition, comme si de rien n’était, parfois à un mois de la présidentielle du 24 février dernier ! Tanor est aussi et toujours dans cette opération de communication politique qui consiste à soigner son image par rapport aux critiques qu’il a souvent essuyées eu égard à son style de management du parti. Il semble vouloir toujours privilégier la concertation pour ne pas donner l’impression de gérer la formation politique de manière solitaire. En effet, il lui a été souvent reproché d’être à l’origine des nombreux départs de responsables d’envergure du Parti socialiste, notamment de Djibo Leyti Kâ et Moustapha Niasse, expliquant pour une bonne part la défaite de 2000. La main tendue de Tanor relève également d’une volonté d’affirmation d’une posture de transcendance, et de montrer qu’il est soucieux de récupérer et de sécuriser le capital humain et politique du Parti socialiste, en vue non seulement des échéances électorales à venir dans un futur proche, mais aussi en vue des recompositions inéluctables de la scène politique sénégalaise.

À votre avis, y a-t-il des chances de voir ces dissidents revenir au bercail ?

D’abord, il faut préciser qu’une bonne partie des dissidents socialistes notamment ceux qui ont été avec Khalifa Ababacar Sall dans Taxawu Dakar ont déjà rejoint Benno Bokk Yaakaar, la coalition au pouvoir. Pour Khalifa Sall et ceux qui sont restés avec lui, les chances pour que les retrouvailles autour de Tanor se fassent sont très minces pour plusieurs raisons. Les contradictions entre Tanor et Khalifa ont atteint un point de non retour avec des épisodes tragiques marqués par le saccage de la maison du Parti, l’emprisonnement des présumés coupables de ces agissements et ensuite l’emprisonnement de Khalifa Sall dans le cadre de l’affaire politico-judiciaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. À cela s’ajoute que les instances du parti sont contrôlées par Ousmane Tanor Dieng et ceux qui lui sont restés fidèles. Il faut dire que les attaques et luttes persistantes et constantes contre Tanor Dieng depuis le congrès dit sans débat de 1996 sont à l’origine d’un effet pernicieux : celui de cliver constamment le parti entre pro et anti Tanor, entraînant l’éviction permanente de tous ceux qui lui sont opposés. Cette logique implacable a été imposée à Khalifa Sall et à ses partisans.

Il faut ajouter à cela que le Ps ne se limite pas à Dakar, même si Dakar est un bastion politique et électoral de premier plan, et a été jusqu’à un passé récent le fief de Khalifa Sall.

Au surplus, il y a une dimension personnalitaire, à savoir que dans le fond, Ousmane Tanor Dieng ne cède pas, au-delà des opérations de marketing politique. Ensuite, il y a les élections locales qui se pointent avec tous les enjeux politiques, cruciaux, qui caractérisent la bataille de la capitale, de telle sorte qu’il est improbable qu’on renforce Khalifa Sall après l’avoir si férocement combattu, à partir du moment où il s’est démarqué du cadre de Benno Bokk Yaakaar. Après cet acharnement à la fois politique et judiciaire que Khalifa Sall a subi, je ne vois pas ce qu’il gagnerait à revenir se ranger tranquillement et accepter ce qu’il avait refusé : le compagnonnage avec Benno Bokk Yaakaar ; et alors même qu’il a été entre temps humilié, jeté en prison et maintenu en détention malgré son immunité parlementaire, destitué de son poste de maire et évincé de la compétition à l’élection présidentielle du 24 février 2019 !

Cet appel de pied du Ps serait donc, selon vous, voué à l’échec ?

On ne peut pas rejeter le compagnonnage avec Benno Bokk Yaakaar, tout en acceptant de rejoindre le Parti socialiste qui est dans cette coalition, et qui entend y rester. C’est une question de cohérence. Je ne pense pas que cet appel du Ps en direction des dissidents, notamment ceux qui sont restés avec Khalifa Sall, aura les résultats escomptés. La dynamique politique ne semble pas militer en faveur d’une telle évolution. Il y a eu beaucoup de lignes rouges qui ont été franchies dans l’affaire Khalifa Sall, et aujourd’hui les enjeux des joutes électorales locales à venir, la percée de Benno Bokk Yaakaar à Dakar, la déstabilisation de Taxawu Dakar : l’écrasante majorité des maires élus sous cette bannière ont rejoint la coalition au pouvoir, la percée de Benno Bokk Yaakaar à Dakar lors de la dernière présidentielle, les convoitises politiques autour de la mairie de Dakar ; tout cela ne me semble pas aller en faveur d’un rapprochement entre la direction du PS et Khalifa Sall et ses partisans.
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